Mon Idéo Va, Court, Vole, et Tombe sur… :
Au nom de l’Équité
Décidément le Bénin est un pays singulier. Un pays où l'on cultive la contradiction avec frénésie, le paradoxe avec désinvolture. Yayi Boni a été élu et a prétendu vouloir apporter le changement. Il est vrai cet apport est sujet à caution voire lettre morte. Et, s'il y a changement c'est plutôt en mal qu'en bien. Pas le moment d'épiloguer sur cet échec, de faire le catalogue des erreurs du régime, des inquiétudes qu’il inspire pour le proche avenir. Mais là où il y a paradoxe c'est que tout le monde tape sur le pauvre Yayi Boni et à coups d'autant plus redoublés que l'on s'approche des élections. Tout le monde tape sur lui et on oublie que Yayi est le fruit de la volonté de certaines personnes ; on oublie que Yayi est le fils politique de certains qui, naguère, passaient pour des faiseurs de roi, des génies politiques qui savent à la place du peuple ce qu'il faut pour lui. Mais aujourd'hui, personne ne rappelle la responsabilité de ces intrigants faiseurs de roi ; personne ne tape sur eux. Au contraire, on met un soin particulier à épargner leur responsabilité. Tout se passe comme si, si c'était à refaire, ces Messieurs récidiveront sans états d’âme. Tout le monde semble avoir oublié leurs œuvres et pourtant ils sont bien connus et ont pignon sur rue.
Il y a d'abord les Soglo qui ont adoubé Yayi à ses tout débuts ; puis au détour de 2006, par une combinatione politique savamment calculée, lui ont fait un pont d'or au premier tour, y compris au détriment de leur propre formation ; avant, de conserve avec le groupe dit « Wologuèdè, » de le porter au pinacle au second tour.
Il y a l'infatigable Albert Tévoédjirè, génie indispensable autoproclamé, et manitou putatif du microcosme politique qui, après avoir contribué à ruiner le pays en « ramenant » soit-disant Monsieur Kérékou, a cru devoir renouveler sa prouesse avec un indicible aplomb en contribuant à donner au Bénin, ce qu’on était censé considérer comme la perle rare : le Banquier-Président Yayi Boni !
Enfin last but not least, il y a l'ex-président, docteur en je-ne-sais-quoi, dont tout le monde fait complaisamment les éloges de l'intelligence politique et qui a aussi apposé l'éclat de sa subtile notoriété sur l'acte de naissance de la nouvelle recrue.
Signalons au passage que, contrairement à l'air désintéressé que tout ce beau monde arborait, chacun avait son intérêt à choisir ce novice pour diriger le Bénin, mais par-dessus tout, tous partageaient une raison négative de le choisir puisque, même sans le dire tout haut, à des degrés divers, ces Messieurs étaient ligués contre un autre à qui il fallait coûte que coûte barrer la route. Avec le temps heureusement, la sagesse leur a décillé les yeux et ce dans l'intérêt supérieur de la nation ; toutes choses dont on ne peut que se féliciter. Est-ce pourtant une raison suffisante pour oublier les responsabilités des uns et des autres dans l’apparition de Yayi Boni ?
L'un des paradoxes de cet oubli sélectif, le fait d'accabler le fruit en laissant indemne l'arbre, transparaît dans les arguments utilisés ces derniers temps pour crucifier le pauvre Yayi Boni, érigé en bouc émissaire unique. Par exemple, dans l'affaire dite ICC services, l'argument clé qui fait crier à la responsabilité de Yayi Boni et qui du reste ne manque pas de justesse, est qu'il aurait entretenu un commerce avec les fauteurs du scandale et que dans les bureaux de ceux-ci les victimes par milliers avaient été rassurées en trouvant la photo du Président aux côtés de leurs futurs escrocs. Autrement dit le fait d'avoir au moins servi de caution aux escrocs, même éventuellement à son corps défendant, entraîne et établit la responsabilité de M. Yayi Boni dans l’Affaire ICC Services. Et cette responsabilité justifie que l'on tape sur lui. Soit, rien à y redire !
Or là où le bât blesse, c’est que, ce que les Soglo, Tévoédjrè, Zinsou et consorts ont fait, leur responsabilité dans la venue au pouvoir de Yayi Boni est bien plus considérable que ce que Yayi Boni aurait fait aux Tégbénou et autres Aplogan dans l’affaire ICC Services. Dans ce cas pourquoi ceux qui tapent sur Yayi Boni en raison de sa responsabilité supposée dans l’affaire ICC Services pour les raisons évoquées plus haut, ne font pas preuve de cohérence logique et d’équité en tapant aussi sur ceux qui ont amené Yayi Boni au pouvoir ? Pourquoi tape-t-on sur l'un sans taper sur l'autre ? Pourquoi tape-t-on à longueur de temps sur la seule et même personne dans ces deux cas ? Il y a là un deux-poids-deux-mesures, un paradoxe ou à tout le moins une contradiction, qu’il faudrait résoudre ne serait-ce qu’au nom de l’équité
Éloi Goutchili
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