Comment Humaniser nos Cambrioleurs
Dans les actes de cambriolage de plus en plus fréquents, on voit s'exercer un haut niveau de violence meurtrière. Les cambrioleurs sont armés jusqu'aux dents avec des armes de guerre. Et leur méthode consiste à terroriser, tirer dans tous les sens – c'est-à-dire aussi sur les innocents ou les victimes directes qui leur résistent ou hésitent à exécuter leur volonté. Le modus operandi est le même au Bénin qu'au Nigéria ; et ceux qui du Nigéria viennent opérer chez nous montrent bien de qui les cambrioleurs béninois du cru tirent leur sanglantes habitudes et leurs modèles. Dans les films de Nollywood qui ne font que traduire la réalité, transparaît l'élément de la violence de ceux qu'on appelle «armed robbers ». L'une des inquiétudes mises en scène est celle de la sécurité des gens et des biens chez eux. Nombre de scènes consacrées à la violence des «armed robbers » les montrent agissant dans le cercle intime des maisons et des familles. Et le scénario est toujours le même. Armés jusqu'aux dents, une demi-douzaine de malfrats s'introduisent chez les particuliers ; certains de ceux-ci sont très riches, d'autres moins ; et d'autres encore n'ont que l'argent transitoire qu'ils ont sur eux et dont un indic a vendu la mèche. Dans tous les cas, les voleurs se montrent intraitables, menacent leurs victimes, les molestent, les maltraitent, les font se coucher à même le sol, exigent sous la menace des armes qu’ils leur donnent tout leur argent et biens de valeurs. Pour un oui ou pour un non, ils n’hésitent pas à faire actes de cruauté gratuite, tirer sur un gamin qui traîne à obéir ou qui ose parler ; humilient le père de famille et violent à tour de rôle la mère et ses filles le cas échéant.
Dans ces scènes de violence, transparaît avant tout le bas niveau d'éducation des malfrats, leur misère éducationnelle et intellectuelle. La certitude naïve que le pouvoir est au bout du fusil, la griserie de la domination par les armes. Leur stupide domination sur les autres et leur mépris de la raison ne sont pas sans rappeler la même stupidité brute avec laquelle sous nos tropiques des militaires n'hésitent pas à saisir le pouvoir dans des coups d'État plus ou moins sanglants.
Saute aux yeux une intention de revanche sociologique des pauvres hères frustrés qui, victime de fait de la cynique et injuste répartition des biens, saisissent dès que possible l'occasion de mettre en scène leur haine et leur frustration. Mais ce qui frappe le plus c'est le bas niveau d'éducation que traduit le peu de respect que ses assaillants éprouvent pour la vie humaine, pour l'intégrité physique et morale de leurs semblables. Ce qui prouve bien le rôle de l'éducation dans la sécurité publique. L'éducation ne sert pas seulement à former des hommes et des femmes compétents de demain. Elle sert aussi à inculquer des normes morales et détermine le comportement de l'homme envers son semblable. En Europe, l'expérience montre que les cambrioleurs fussent-ils armés, évitent de s'introduire dans des maisons tant qu’ils y suspectent une présence humaine. Ils évitent le face-à-face avec leurs victimes. Et lorsque cela arrive, ils en restent aux menaces et intimidations et recourent rarement à la violence ou à l'humiliation symbolique comme le font systématiquement les « armed robbers » ou les voleurs de chez nous. C'est pour cette raison que les voleurs en Europe préfèrent opérer pendant la période des vacances. Le reste du temps, ils s'attaquent directement aux banques, aux instituts de dépôt ou de convoyage d'argent, aux bijouteries et joailleries, aux supermarchés etc. plutôt que de rechercher la confrontation avec leurs victimes. Une étude sur les prisons françaises montre d'ailleurs que 75 % des prisonniers ont fait des études secondaires ou supérieures ; les autres 25 % étant dans leur grande majorité d'origine non européenne. Ce chiffre donne à réfléchir. En grande partie, les cruautés gratuites, les violences aveugles auxquelles se livrent les « armed robbers » au Nigeria ou les nouveaux cambrioleurs béninois trahissent avant tout leur misère éducationnelle, et le mauvais exemple de la brutalité du monde politique. Pour lutter contre la recrudescence de la violence des cambrioleurs, il faut consolider et défendre la culture démocratique à tout prix. Mais l'éducation a aussi un rôle à jouer. Plus les citoyens sont éduqués plus ils ont la chance de ne pas tomber dans les sentiers du crime ; et lorsque par malheur ils y tombent, l'éducation qu'ils ont reçue leur sert de garde-fou dans leur comportement et dans le regard qu'ils jettent sur leurs victimes.
Binason Avèkes
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