La miraculeuse montée en grade politique de Koupaki qui s'est fait parachuter à la tête d'un micro parti est tout sauf éthique. Elle n’est déjà pas éthique en ce qu'on ne sait pas le parcours interne de Koupaki dans ce parti pour mériter d'en prendre la tête. Mais aussi elle n'est pas éthique au regard des affirmations de Koupaki qui promet monts et merveilles comme s'il était un homme public inconnu ou que ses promesses ne devaient pas être déduites de son œuvre passée ; ou que dans ses actions passées, on ne devrait considérer que celles qui ont permis de construire le mythe du gestionnaire technocrate sérieux sur lequel il veut capitaliser. Or, outre que ce tour de passe-passe a été programmé de longue date comme tactique de division médiatique du travail de manipulation politque, les soi-disant qualités de Koupaki sur lesquelles il est fondé méritent d'être relativisées. Au pays des aveugles, les borgnes sont rois, dit-on. Koupaki a mis un soin à se démarquer de la bouffonnerie politicienne ordinaire, mais les qualités qu'il prétend afficher viennent moins de lui que du bordel ambiant. Dans ce cas, vouloir s'y appuyer pour pavoiser et croire qu'elles suffisent pour prendre les postures d'un meneur de nation est par trop présomptueux. Ce manque de vergogne trahit un défaut d'humilité, preuve s'il en est de la subtilité de l'opération, son intention délibérée de mener le peuple en bateau.
Il s'agit là d'une fuite de responsabilité. Le gouvernement de Yayi est décrié pour ses erreurs, ses excès, sa dangerosité. Il croule depuis plusieurs mois sous une avalanche de scandales ; l'unité nationale et la cohésion sociale sont mises à rude épreuve ; et voilà que le numéro 2 du gouvernement, celui qui – si les choses avaient été roses sur toute la ligne – en auraient endossé lui-même sa responsabilité, sort tranquillement des rangs comme s'il venait de nulle part et se met à nous entonner un air soporifique pour nous emberlificoter sur ses ambitions et projets futurs, sans nous faire le bilan de son action passée, sans prendre la responsabilité de l'échec social et économique, de la Bérézina de l'aventure idéologico-politique à laquelle il a fait corps depuis 2006 !
L'attitude de Koupaki est immorale et dangereuse à plus d'un titre. En effet l'une des leçons qu'on était en droit de tirer de l'aventure de Yayi Boni et des inquiétudes qu'elle inspire, c'est le danger de la génération spontanée en politique. Koupaki, jusque-là a pris un soin méticuleux à camper le plus apolitique des acteurs du gouvernement du changement. Et voilà qu'il fait un saut miraculeux dans l'arène politique demandant aux Béninois de l'y accepter alors que cette demande est contraire à la leçon que nous étions en droit de tirer après l'aventure de Yayi Boni, à savoir : ne jamais laisser les rênes du pays à un homme ou une femme novice en politique.
Mais le danger le plus insoutenable est d'origine éthique. Par l'entremise de Koupaki on est en train de naturaliser avec panache et arrogance le mépris du fameux devoir de rendaison de compte, le devoir de bilan. Ce mépris caractérise toute la posture éthique de Yayi Boni. Dès sa prise de pouvoir, et tout au long de sa législature, Yayi Boni a laissé croire à l'idée que le bilan n'est pas décisif dans la réélection du président. De ce fait, si le bilan est bon on peut le brandir ; mais dans le cas contraire par toutes sortes de subterfuges et d'arbitraires on relativise ou on dénie sa valeur logique dans la réélection du président. C'est ce principe immoral qui rend raison de la comédie au sommet par laquelle sans crier gare, Koupaki croit pouvoir s'avancer au-devant du peuple dans son habit de gloire et de lumière et lui parler de l'avenir, sans aucun compte à rendre sur son engagement intime aux côtés de Yayi Boni depuis 2006 !
Cette attitude violente est méprisante pour le peuple, pour la raison, pour l'intelligence et pour le progrès de la rationalité éthique. Elle dénote d’un arbitraire antiéthique et d’une volonté retorse de parier sur l'amnésie du peuple sinon sa bêtise, son incapacité à réfléchir, à penser, sa maturité et son autonomie
Un homme qui a du peuple une telle perception mérite-il la considération du peuple ?
Aminou Balogoun
Copyright, Blaise APLOGAN, 2010,© Bienvenu sur Babilown
Toute reprise de cet article sur un autre site doit en mentionner et l’origine et l’auteur sous peine d’infraction
Ce n'est pas seulement sur ce blog-ci que l'on peut remarquer l'indigence du Béninois à échanger, donner et recevoir de l’opinion, donner la preuve de son appartenance à une communauté élargie au niveau national. Le Béninois valorise les rapports égoïstes et nécessaires ; les choses qui assurent son confort individuel ou de groupe restreint. De toutes les sociétés nationales de l'Afrique et de l'Afrique de l'Ouest, le Béninois est celui là qui s'honore de ne pas échanger ; ne pas échanger au sens large est pour lui une valeur. L'autre raison est que le Béninois est "finaliste". Il n'agit que pour une fin, un but donné ; dans ce cas à quoi bon émettre une idée, échanger un point de vue si ce n'est pas pour en tirer un bénéfice immédiat et concret ? Autre raison, le Béninois préfère avoir son Blog plutôt que ( du moins dans son esprit) contribuer à mettre celui de l’autre en scène en y contribuant par ses échanges et sa participation. Le Béninois veut posséder sa radio. C'est un paradoxe comique, dans la théorie, chaque Béninois serait fier d'avoir sa radio ; mais qui l'écoutera puisque chacun sera occupé à écouter ou produire sa radio ? Cette logique d'atomisation, cet individualisme fait partie de ce qu'on appelle tchédjinanbi. C'est quelque chose qui a fait, qui fait et qui fera un grand mal au Bénin. On en voit la traduction au niveau des gens qui s'intéressent à la politique ; ceux qui s'intéressent à la politique le font pour pouvoir s'enrichir ; si ce n'était pas le cas, ils ne le feraient pas, car en vérité, rares sont ceux qui ont cet esprit du lien social et national, qui fait qu'une société bouge, crée, innove avance, etc. Même chose aussi pour l'aspect thématique. Pourquoi sur les forums même les gens qui disent qu'ils aiment leur pays ne parlent que de politique, de Yayi de Fassassi, de Houngbédji, de Soglo à longueur de temps ? Pourquoi ne discutent-ils pas des idées pour une meilleure agriculture ? Comment faire pour que le commerce s'accroisse ? Comment assurer la sécurité dans le pays ? Comment faire pour utiliser nos langues nationales, etc... En somme les vrais sujets politiques au sens noble et concret du terme ; au lieu de passer son temps à insulter les uns et encenser les autres... Il y a aussi le fait que les gens ne sont pas à l'aise avec l'écrit. Ils pourront bavarder, grogner, téléphoner, etc, mais si vous leur dites « écrivez-nous ce que vous pensez » alors c'est une autre paire de manches ; il y a à ce niveau un problème de base. Les gens n'écrivent que pour faire une rédaction, une dissertation ; ils en sont toujours au modèle scolaire. Enfin, et ceci n'est pas une boutade, pour échanger des idées, il faut bien en avoir...
Quoi qu'il en soit, il faut donner l'exemple, c'est ce que vous faites, c'est ce que nous faisons, et tout espoir n'est pas perdu...Mais la question est fondamentale, et je vous remercie de l'avoir posée...
[http://blaisap.typepad.fr/mon_weblog/2010/05/pourquoi-la-plupart-des-sites-internet-des-journaux-bninois-vitent-le-dbat-comme-la-peste.html ]
Rédigé par : B.A | 16 octobre 2010 à 18:26
Le béninois cache t-il ses idées, son opinion, n'aime t-il pas les partager à l'ère de la communication facilitée ? C'est la question que je me pose parfois, de temps en temps, souvent, lorsque je vois le peu d'empressement qu'il y a de la part de nos compatriotes à exprimer leur position sur les points de vue intéressants que vous exprimez sur votre blog, d'accord avec ou pas, ça c'est une autre question...
Rédigé par : Thomas Coffi | 16 octobre 2010 à 13:09
Parfaitement d'accord avec vous que Koukpaki est solidaire en responsabilité du bilan du quinquennat à plus d'un titre. Bon ou mauvais bilan ça c'est une autre question. Cette manie du déni de responsabilité foisonne sur le terrain de l'absence d'une société civile qui sait garder assez d'indépendance par rapport à la classe politique pour l'obliger à rendre compte et éclairer le peuple sur la voie de la sanction si nécessaire. Une autre preuve de cette dérision de la mémoire du peuple par la classe politique tout genre confondu nous est donnée par la récente sortie de Madame Celestine Zanou qui directrice de cabinet ou conseillère de Kérékou en son temps nous traite d'amnésiques par un encensement de mauvais aloi à l'égard de son ancien chef, notre ancien chef, comme si ses 3 décennies, 3 décennies! d'office à la fonction suprême ne sont pas responsables de la jeunesse sans avenir, de l'inondation de Cotonou sans caniveaux, de l'agriculture moribonde, de nos hôpitaux qui ne sont cela que de nom et que sais-je encore...
Rédigé par : Thomas Coffi | 16 octobre 2010 à 12:40