Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…
Lâcheté d'Etat
Pourquoi nous révèle-t-on la raison sous-jacente présumée – une affaire de mœurs – pour laquelle Dangnivo aurait consulté un bokonon qui l’aurait tué ? Est-ce que c'est l'affaire de moeurs qui est la cause de son assassinat par le bokonon ou bien le bokonon l’aurait quand même tué même s'il l’avait consulté pour une autre raison qu'une affaire de mœurs ? Est-ce que c'est la femme qu'il aurait enceintée qui aurait commandité le meurtre ? Si cette éventualité fort douteuse n'est pas la cause de l'assassinat de Dangnivo pourquoi la monte-t-on en épingle ? Et à quoi ce montage en épingle sert-il d'écran ? Si le gouvernement n'a rien à voir dans cette affaire, pourquoi monte-t-il en épingle une cause lointaine de l’assassinat qui n’a aucune nécessité ?… Cactus…
Par ailleurs certains propos du procureur de la république chargé du dossier laissent perplexe quand on y réfléchit de près. Dans une lettre aux parents de la victime le procureur de la république écrit : « j'ai aujourd'hui le profond regret de vous annoncer la découverte du corps de notre concitoyen lâchement inhumé dans la localité de Womey par ses assassins présumés dont l'un est déjà aux mains des enquêteurs… »
Ce passage contient un lapsus subliminal qu'il convient d'éclairer. Le procureur dit : « le corps de notre concitoyen lâchement inhumé ». Dans la rhétorique de dénonciation et de condamnation, l'habitude a consacré l'adverbe « lâchement » mais cet adverbe s'attache plutôt à l'action de l'assassinat. Comment peut-on qualifier le fait qu’un criminel crapuleux enterre le corps de sa victime de lâche ? Après qu'il l’eut tué que voulait-on qu'il fît ? Qu'il le laissât en plan pour faciliter la tâche de la police ? En dehors des terroristes qui revendiquent leurs actes, l'histoire de la criminologie montre que les assassins ont tendance à cacher le corps de leurs victimes. Et du reste, en droit, tant que le corps n'est pas trouvé la mort d'un disparu ne peut être établie, en dehors de l’existence d’un faisceau d’indices probants.
Dès lors, difficile de voir ce qu'il y a de particulièrement lâche dans le fait que, après l'avoir tué, l'assassin présumé de Dangnivo l'eût enterré. Pourquoi le procureur dit-il que le corps de notre concitoyen a été lâchement inhumé ? En fait l'idée de lâcheté plane bien dans cette affaire. Oui, un relent de lâcheté règne autour du corps de Dangnivo et la qualification douteuse du procureur est un lapsus révélateur de cette lâcheté. Loin que ce soit l'inhumation qui soit lâche et si c'était l'exhumation qui l’était ? Alors les mots du procureur s’éclaireraient d’un jour nouveau. Et si l'inhumateur et l'exhumateur étaient du même côté ? Alors la lâcheté dont le procureur fait état deviendrait une lâcheté d'Etat.
Éloi Goutchili
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Cher ami, Je comprends sinon votre colère du moins votre déception. Votre intransigeance est certainement à la hauteur de vos exigences. Mais pour ma part je me refuse à ne voir que le diable alors que c'est tout le système qui est endiablé. Souvenez vous que dans une discussion à trois en Avril-Mai 2006 au tout début du quinquennat alors que nous encouragions le nouveau régime à maintenir le bon cap je m'inquiétais des marges de manoeuvre que les tendances lourdes qui plombent notre progrès pouvaient laisser au nouvel élu pour réformer un tant soi peu le système...Nous nous apercevons à présent que le système est plus coriace que la volonté d'un seul homme parachuté sans préparation dans une arène qu'il avoue lui-même ne pas bien connaître...C'est Le système qui fait l'acteur. Introduisez un saint dans un système pervers. Il y a fort à parier qu'il n'en sortira pas immaculé.
Voilà pourquoi je me refuse à ne crier qu'au diable dans un système démoniaque...
Rédigé par : Thomas Coffi | 09 octobre 2010 à 15:51
Avocat du pouvoir, oui on peut le dire sans vouloir vous offusquer ni courir le risque de l'erreur. Il faut féliciter des gens comme vous qui n'ont jamais adressé un seul mot de critique au pouvoir. Et Dieu sait si les raisons de critiquer le pouvoir actuel ne manquent pas. Des gens comme vous qui, même dans un océan de faits étayant la forfaiture du pouvoir et la dangerosité de ses actes, parviennent toujours, à force de ruses, d'imagination, d'opiniâtreté et de rationalisation, à déceler l'île rare et le filon de sa défense. Extra-lucidité, capacité de se mettre au-dessus de la mêlée grégaire des enragés, refus assumé de ne point hurler avec les loups, ou aveuglement idéologique délibéré ? Si le lieu commun de la posture intellectuelle est de tirer systématiquement et à tout instant sur le pouvoir, comment peut-on qualifier l'attitude inverse, de celui qui ne peut même pas mettre à son actif un seul mot de critique à l'endroit d'un pouvoir qui de par ses errances et outrances, a le don indiscuté d'en susciter à foison ?
Rédigé par : B.A | 07 octobre 2010 à 15:22
C'est une interprétation possible que vous donnez. Mais cette interprétation part de l'à priori que je soulevais dans mon commentaire précédent, celui du gouvernement commanditaire. Un point de vue plus neutre verrait les propos du magistrat comme rendant compte de l'acte d'exhumation en ménageant la présomption d'innocence des présumés assassins, n'ayant la certitude que d'une chose, l'inhumation constatée d'un corps. Du reste ce lapsus pourrait être simplement une correction de style après coup pour éviter la répétition de "assassin..." dans une même phrase...
« j'ai aujourd'hui le profond regret de vous annoncer la découverte du corps de notre concitoyen lâchement "ASSASSINE" dans la localité de Womey par ses "ASSASSINS" présumés dont l'un est déjà aux mains des enquêteurs… »
Voilà un point de vue que vous ne manquerez pas de taxer, je vous le concède, comme celui de l'avocat du..."
Rédigé par : Thomas Coffi | 07 octobre 2010 à 12:00