Mon Idéo, Va, Court, Vole et Tombe sur…:
Le Ver de la Génération Spontanée
Dans les classes des écoles, collèges et Lycées – et ceux qui sont enseignants en savent quelque chose – si un élève commet une faute et que le professeur le relève, l’élève proteste furieusement et pointe du doigt chacun des autres élèves au motif qu’eux aussi naguère ou jadis, et parfois hic et nunc ont commis ou commettent telles ou telles fautes qui méritent, à défaut de punition, que le professeur s’en préoccupât. Sous entendu, qu’il s’en préoccupât d’abord avant de se pencher sur son cas. Et puisqu’ils sont une trentaine dans la classe – du moins dans les pays dont les gouvernements sont soucieux de rendre l’effectif des classes en harmonie avec les exigences de base de la pédagogie – tous plus fautifs les uns que les autres, voici la classe transformée en un véritable prétoire et le professeur en juge pour enfant. Du coup, la faute relevée par le professeur et dont la sanction méritée aurait servi de leçon aussi bien au fautif qu’à tous ses camarades est contestée dans sa validité. La pédagogie de sanction est substituée au grand déballage, à la désignation de boucs-émissaires, au dilatoire, à la mise en jeu de questions préalables que connaissent bien les hommes politiques.
Tel est à peu près le procédé qu’utilise Yayi Boni dans l’affaire ICC Services, comme s’il avait quelque chose à se reprocher. Or s’il a quelque chose à se reprocher, il est plus digne de sa fonction de démissionner sans, comme le font certains morts, tirer le pied des vivants. En effet, depuis que le scandale agite l’opinion et que ses échos, passant les murailles de la censure dictatoriale, va même au-delà de nos frontières et salit l’image de notre pays, comme dans un effet de domino, il suscite le déterrement subtil d’une nuée d’affaires toutes plus sordides les unes que les autres. Et, au nom d’une lutte contre la corruption dont la sincérité est sujette à caution, le pouvoir décide d’envoyer vers la Haute Cour toutes sortes d’acteurs politiques impliquées dans des malversations jusque-là dormantes. Soit comme holocauste dans son propre camp pour sauver l’honneur soit dans le but déclaré de jeter l’opprobre sur ses ennemis politiques. Et le Président qui accuse ou désigne ses adversaires ou bouc-émissaires dont le bruit des affaires, en s’amplifiant dans les média, permettent de relativiser ou d’assourdir les clameurs suscitées par son propre forfait qui est d’actualité.
Par ce comportement puéril Yayi Boni étale son adolescence non seulement politique mais aussi psychologique. Mais l’ado ne peut avoir bon dos tout le temps. Il arrive un jour où on ne peut plus lui faire de cadeau. Et c’est le cas dans l’affaire ICCS. Car au-delà du ping-pong de malversations croisées, il y a dans cette affaire, une équation de taille : le remboursement effectif des épargnants grugés qui se comptent par dizaines de milliers dans toutes les couches de la société ! Pour cela, il faudra un peu plus de maturité, et mettre fin au petit jeu de la cour de récréation politicienne qui fait tant de mal à notre pays, pendant que le peuple se meurt dans la misère. Ce petit jeu, dont le rejet, soit dit en passant était l’une des raisons pour lesquelles le peuple avait cru bon faire appel à celui qu’il croyait un homme intègre parce que nouveau. Mais mal lui en a pris : le ver de la génération spontanée et de l’adolescence était dans le fruit
Éloi Goutchili
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