Stan Toho, était de passage à Paris dans le cadre de son prochain album. Malgré un agenda très chargé, le roi du Tchink-system, a trouvé le temps de nous recevoir, entre deux rendez-vous studio, et nous a accordé une interview.
Stan TOHON, merci d'accepter de répondre à quelques questions pour Babilown, ... D'abord comment allez-vous ? Vos perspectives et projets à court et à moyen termes ?
Je vais très bien et vous remercie pour cette attention particulière. Je suis en studio en ce moment, dans le but d'enregistrer mon dernier Album, dont le titre est 50 ans de misère. Il traite des Indépendances des pays Africains, anciennement appelées les "Colonies". Ces pays traînent leur cortège de Chômeurs, de règles drastiques imposées par le FMI et du dictat de La Banque Mondiale. Cela étant dit, mes projets sont multiples. Pendant cinq années, je n 'ai mis sur le marché musicale que des "singles". Ils seront enfin gravés sur un Album auquel j'apporte le plus grand soin.
A moyen terme, j'ai lancé un projet qui me tient beaucoup à coeur. Il s'agit de la création à Hêvié, d'un Complexe Touristique qui s'étendra sur deux Hectares. Le terrain est acheté. La clôture en béton est déjà faite. dans deux mois les choses sérieuses vont commencer. La construction de 10 bungalows débutera en Août 2010. Cinq d'entre eux seront équipés de Climatiseur et les cinq autres de ventilateurs.
J'y installerai un Centre Artistique, un Atelier de Répétition, un Studio d'enregistrement et un banc de montage de clips-vidéos et un atelier dédié aux Peintres.
Je continuerai résolument à défendre les Droits des Artistes. Leur Protection restera ma Préoccupation Majeure. Nous avons décidé de prendre le taureau par les cornes et de créer la "CBACEM" qui est la Chambre Béninoise des Auteurs, Comédiens et éditeurs de Musique, dont Monsieur Bonaventure DONOU est le Président.
Etes-vous toujours le Roi du Tchink-system ? Ce royaume a-t-il des princes héritiers ? Comment voyez-vous l'évolution de votre musique depuis ses débuts dans les années 80 ? Oui, toujours. Le Trône du Roi est bien occupé. Il y a naturellement de nombreux prétendants au titre de Prince Héritier. La liste est longue: Riss cool "dit le Fils du Roi", Guédou Charlie, Dégus YuYu, Fifi Rafiatou du Togo, ViVi l'Internationale, etc ... pour ne citer que ceux là. ils sont tous très talentueux. C'est rassurant.
Depuis les années 80, je me suis efforcé de la moderniser, en veillant à ne pas dérouter mon fidèle public. ce qui a permis à de nombreux nouveaux fans de sauter dans le train du "TCHINK System". Je suis assez heureux de cette évolution certaine dans la fidélité à mes racines.
Dans une interview accordée à l'Evénement Précis, vous avez dit qu'entre vous et S. Danialou il n’y a même plus le bonjour, ceci à cause du Ministre Galiou Soglo. Sans revenir sur ces appréciations qu'en est-il de vos relations aujourd'hui ? Avez-vous fumé le calumet de la paix ? Avec mon frère artiste SAGBOHAN Danialou, nous entretenons des relations de collègues, exerçant le même difficile métier. Nous n'avons pas fumé le calumet de la Paix. il restera, quoi qu'il arrive, Mon Frère d'Armes.
A votre avis quel doit être le rôle d'un artiste dans la société eu égard à la prise de conscience politique ?
L'Artiste doit s'imprégner de la Chose Publique. Il se doit de jouer le rôle de médiateur entre les (citoyens) masses populaires majoritairement analphabètes et les gouvernants qui ne les considèrent que lorsqu'ils ont besoin de solliciter leurs voix. En effet, les Hommes Politiques ne reculent devant aucun mensonge, aucune bassesse, pour les tromper. Nous devons les aider à démêler le faux du vrai. Il leur faut acquérir progressivement la maturité citoyenne et faire preuve de discernement. C'est la raison pouir laquelle je me suis autoproclamé "La Voix des Sans-Voix", celle de ceux qui ne sont considérés que lors des élections, comme "des machines à voter", par les pouvoirs se succèdent depuis 50 années maintenant...
Aujourd'hui, en Afrique, Toutes disciplines confondues, l'Artiste devrait s'assigner la mission d'œuvrer pour la consolidation d'une vraie démocratie. La plupart de celle érigée en Afrique ne sont que des leurres, des coquilles vides. Le chemin à parcourir pour y parvenir est encore très long. Je reste néanmoins très optimiste.
Nous aussi à Babilown nous restons optimistes, à commencer par le succès de votre prochain album, 50 ans de Misère, qui résume tout. Encore une fois, merci de votre disponibilité
Propos recueillis par Éric Capo-Chichi, pour Babilown
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