Quand on regarde les Nigerian movies de Nollywood, surtout son espèce yoruba movies, on constate que la voiture y apparaît comme un élément de focalisation sociologique quasi existentielle, signe extérieur et intérieur d’existence. Ce fait qui passe sans solution de continuité du statut de la réalité à celui de la fiction, montre combien l’éthique sociale d’une communauté humaine peut hypothéquer son avenir. Parce qu’on ne voit pas quel effort et quel mérite cette affichage de la voiture comme signe existentiel de richesse peut justifier. Les Chinois qui émergent en ce moment, ont, plus que quiconque, montré que toute satisfaction de nos désirs se mérite. Eux qui sont d’abord, en matière de locomotion, passés par les étapes qui requièrent des efforts de soi sur soi, en mettant à l’honneur le vélo pendant des décennies comme moyen de déplacement de masse. Le vélo figure l’autonomie, le fait de compter sur soi-même pour avancer, en tant que personne, peuple et nation. Au lieu de quoi, la plus grande nation noire du monde, à la faveur d’un pétrole dont les réserves ne sont certes guère inépuisables, a choisi le raccourci sans lendemain d’une existence qui sacrifie peu à la pédagogie de l’effort en lâchant la bride à une vie sans effort centrée sur le rêve de la voiture. Mais l’illusion ne durera pas une éternité. Un jour, avant les dernières gouttes de pétrole, il va falloir se réveiller du rêve et plonger dans le cauchemar…
Amida Bashô
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Leur motivation, mais aussi les risques politiques et personnels inhérents à toute vélléité de dérogation à la loi néocoloniale, qui ne laisse qu'une tragique alternative aux dirigeants africains intègres : l'adhésion zélée ou la mort sûre (politique et/ou biologique.) Thomas Sankara que vous citez, ou Pascal Lissouba du Congo, ne sont-ils pas des exemples célèbres de cette alternative crapuleuse qu'un pays comme la France laisse aux Africains ?
Rédigé par : AB | 27 juin 2010 à 14:07
"Mettre l'Afrique à vélo", voilà effectivement un leitmotiv qui pourrait contribuer à résoudre maints problèmes fondamentaux, du mental à l'économique en passant par le sanitaire. Sankara l'avait si bien compris, le pauvre grand-frère de nos jeunes années...Comment donner droit de cité à cette idée simple de salubrité publique sans passer pour un hérétique dans une Afrique dont les dirigeants ne fantasment que sur les écuries de carrosses rutilantes dernier cri et les milliards à amasser à qui mieux-mieux dans les banques occidentales...? "Mettre l'Afrique à vélo" Cela peut être un projet fédérateur d'une société civile. Il ne faudrait sans doute pas compter sur des partis politiques pour porter une telle idée, leur motivation vers le pouvoir étant sans équivoque.
Rédigé par : Thomas Coffi | 26 juin 2010 à 23:42