Au Bénin du Changement, on est toujours prompt à saisir la moindre ouverture sur le monde, la moindre occasion de visite d’un hôte pour se tresser des lauriers de gloriole, ou insinuer l’importance par ricochet de l’œuvre du régime et de sa raison d’être. Présentées à cor et à cri comme exceptionnelles, ces occasions sont censées être la reconnaissance de l’exception béninoise sinon du génie de ceux qui ont en charge sa destinée.
En effet la visite du Secrétaire général au Bénin s’inscrit dans le cadre d’une tournée de dix pays d'Afrique. Avant son arrivée chez nous, le Secrétaire général s’est rendu au Malawi, en Ouganda, en Afrique du Sud, au Burundi, au Cameroun, et au Nigéria. Après le Bénin, il se rendra successivement en Sierra Leone, au Gabon et en République démocratique du Congo (RDC)
A Lilongwe, capitale du Malawi, Ban Ki-moon s'est adressé au Parlement et a rencontré le Président Bingu wa Mutarika, dont le pays occupe actuellement la présidence tournante de l'Union africaine (UA). Le Secrétaire général y a visité aussi un « Village du Millénaire », dans le nord du pays.
Ensuite, le Secrétaire général de l'ONU s’est rendu à Kampala, en Ouganda, pour l'ouverture de la Conférence de révision du traité signé en 1998 à Rome et instaurant la Cour pénale internationale (CPI). A partir du 31 mai, des représentants des 111 Etats parties, de pays observateurs, de l'ONU et de la société civile se sont retrouvés dans la capitale ougandaise pour réaffirmer l'importance de la justice internationale.
Le Secrétaire général a achevé cette première tournée en France, à Nice, où il a été invité au Sommet France-Afrique organisé les 31 mai et 1er juin. Il y a rencontré de nombreux chefs d'Etats africains et a participé à un atelier sur les changements climatiques et le développement.
Ban Ki-moon est retourné sur le continent africain le 11 juin, pour la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, « un hommage fabuleux à la vaillance et au potentiel de l'Afrique », selon lui. Il y a rencontré aussi les dirigeants sud-africains avec lesquels il a fait le point sur l'état d'avancement des OMD,( Objectifs du millénaire) avant la Sommet du Millénaire organisé au siège des Nations Unies en septembre.
Le Secrétaire général s'est envolé ensuite pour un tournée africaine qui a commencé au Burundi et s’est poursuivie dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest où l'ONU a de multiples activités : Cameroun, Nigéria, Bénin et Sierra Leone.
Enfin, Ban Ki-moon terminera ses déplacements en Afrique, avec des visites fin juin, au Gabon puis en en République démocratique du Congo (RDC), où la Mission des Nations Unies (MONUC) est « à un moment crucial de son travail »
Comme on le voit, rien d’exceptionnel dans cette visite du secrétaire général de l’ONU à notre pays. Et cette banalité s’observe non seulement dans la diversité des pays visités mais dans les formalités d’accueil des pays hôtes et les activités au programme de ces déplacements. La seule différence réside dans le fait qu’au Bénin, la volonté du gouvernement de monopoliser cette visite à son seul avantage médiatico-politique a fini par faire échouer certains points prévus à l’ordre du jour, et non des moindres, comme la visite de Monsieur Ban Ki-moon au parlement. Une exception béninoise dont on ne peut se réjouir.
Par ailleurs, la signification qu’on peut tirer des visites d’un personnage comme le secrétaire général de l’ONU en termes de pronostic politique est sujette à caution. On se souvient qu’après le génocide du Rwanda l’une des choses qu’on a le plus reprochées à l'Onu et à ses responsables à différents niveaux était de n’avoir pas suffisamment anticipé ce qui allait se passer. Donc lorsque le secrétaire de l’Onu visite un pays comme le Bénin qui pourrait, en l’espace d’une petite année, se retrouver à feu et à sang en raison d’élections mal organisées ou émaillées de fraudes massives de la part d’un pouvoir qui ne veut pas tirer sa révérence en dépit de la médiocrité de son palmarès et du rejet du peuple, du fait que le Président est mauvais mais s’accroche, cela n’est pas forcément bon signe. Si bien qu’en fin de compte, il y a autant de raisons de se réjouir d’une telle visite que de s’en inquiéter de façon anticipée. Autant de raisons d’en être fier que de ne pas pavoiser
Binason Avèkes
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