Pourquoi en langue yoruba, fait-on souvent les vœux, les souhaits ou les prières à la forme négative ? .Pourquoi dit-on : « Ko ni badjè foun è » au lieu de « O da foun è » ?
En fon, langue culturellement étalonnée sur le yoruba, on adopte parfois la même démarche. Comme lorsqu’on dit : « Vi na dja zon an » ; « Azo nan gblé a ». Toutefois, à y regarder de près, on se rend compte que la négativité exprimée dans la langue fon est une négativité descriptive et spécifiante ; elle ne semble pas structurelle. Tandis qu’en langue yoruba le vœu « konibadjè foun è » est structurel et renvoie à une généralité non spécifiée. Il n’a pas son équivalent en fon.
C’est dire que cette différence linguistique est à la fois culturelle, philosophique et éthique. A-t-elle quelque chose à voir avec la force du lien social chez les Yoruba, leur dynamisme géographique et économique ? A contrario, les Fons qui dans la structure formelle de leurs vœux ne se centrent pas sur l’appréhension du mal sont-ils moins entreprenants et moins positifs envers leurs semblables ? La moindre préférence des vœux à structure formelle négative, ou la préférence accordée à la structure simplement descriptive rendent-elles raison du tchédjinnnanbisme des Fons et autres proto-Adja ? Justifient-elles le fait que, par comparaison aux Yoruba, le lien social est moins fort chez les Fons qui, à certains égards, sont moins collectifs, moins unis et moins entreprenants que les Yoruba ? Il faudrait toute l’acuité analytique d’un Max Weber pour aller au fond de ces questions assurément passionnantes.
Professeur Cossi Bio Ossè
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