Écriture et Langues Maternelles
Car savoir lire et écrire, c’est savoir lire et écrire d’abord et naturellement dans sa langue maternelle. La langue maternelle, c’est celle dans laquelle l’embryon/fœtus a baigné, la langue dans laquelle il a entendu maman parler et rire, chanter et pleurer, crier et se taire, prier et travailler. La langue maternelle, c’est celle dans laquelle la maman a bercé sur ses genoux l’enfant. La langue maternelle, c’est le milieu naturel de l’enfant. Quoi de plus naturel donc que d’offrir à l’enfant, dans sa langue maternelle, dans son milieu naturel, la condition essentielle de tout développement et de tout épanouissement humains qu’est le savoir lire et écrire, qu’est l’arme miraculeuse de l’écriture ! Toute autre démarche est conte-nature, illogique et contre-productive. Il est possible, comme on le voit chez nous, de sommer l’enfant, à l’âge de trois ou quatre ans, d’aller se développer et s’épanouir sur un autre terrain que le sien, un terrain sans la moindre résonance avec celui de son enfance, avec celui de son cordon ombilical, avec celui de ses racines. Le résultat, on le voit : d’excellents répétiteurs parfois et même des perroquets accomplis, mais jamais des créateurs. Car un parfait répétiteurs ne vaut pas un mauvais créateur. Et l’on ne crée que lorsque l’on a reçu le savoir lire et écrire dans la langue maternelle, sur le terrain naturel. Dans le ‘‘Cahier d’un retour au pays natal’’, Aimé Césaire somme le peuple dominé de ‘‘produire de son intimité close la succulence des fruits’’. Belle sommation, mais vaine sommation tant que le peuple dominé se laissera remettre l’arme miraculeuse de l’écriture en langue étrangère, et comme en pays non natal. Il fera, au mieux, du savant psittacisme….
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