Digressions sociologiques, Echo à la Leçon d’histoire du Colonel Lucien Glèlè Visant à Mettre un Bémol aux Accusations Tendancieuses de Régionalisme Brandies Contre l’Un.
Mon Cher Pancrace,
J’ai lu ta dernière lettre, avec un ineffable émerveillement. J’y ai retrouvé en effet intactes la pertinence de tes idées, et la rigueur intellectuelle et morale qui te caractérisent. Toutes choses qui me reposent du réalisme affligeant des commentaires sur la chose politique que je lis de-ci de-là, et qui, à l’idée qu’ils fussent proches du vrai, me donnent souvent le tournis et l’impression d’être un enfant de cœur, perdu dans la jungle politique. Ta réaction sur les derniers développements de l’actualité ne m’étonne pas ; je crois que nous sommes sur la même longueur d’onde. Notamment sur le thème du régionalisme qui défraie actuellement la chronique. Tu as considéré comme très rafraichissants les rappels historiques de la note du Colonel Lucien Glèlè dont la presse s’est fait récemment l’écho. Le but visé par la note du Colonel, comme l’indique le titre, est de mettre fin à l’ineptie des accusations tendancieuses savamment orchestrées contre l’Un par ceux qui jusqu’ici ont bu jusqu’à la lie le vin trouble du régionalisme. En effet, rien de mieux que les lueurs de l’histoire pour confondre dans leurs basses œuvres tous ceux qui abusent de l’ignorance collective sur le passé. À propos de ces accusations, tu me demandes si, de la part du camp Yayi, ce n’est pas une manière d’attaquer pour cacher ses propres vices en matière de régionalisme. Et tu t’inquiètes à juste titre de la désinvolture avec laquelle les gens qui, ces dernières années, ont donné dans le régionalisme le plus abject, utilisent aujourd’hui ce thème pour discréditer les efforts de ceux dont le seul tort est de vouloir s’unir. Et tu me dis : “Peut-on faire confiance à des gens qui font preuve d’une telle mauvaise foi ? Doit-on jouer avec un sujet aussi grave ?” Enfin, dans un tout autre registre, tu me demandes : “ Doit-on confondre le régionalisme avec la surdétermination de la distinction Nord/Sud ?” En clair tu poses, je crois, la question de ce qu’est une région au Bénin, et s’il n’y a que le Nord et le Sud qui en sont.
Comme toujours, mon Cher Pancrace, tes questions, solidement charpentées, sont pertinentes et méritent qu’on s’y attarde. Je pense que pour mieux comprendre la leçon d’histoire du Colonel, un regard sociologique serait indiqué. Ta question sur la surdétermination du régionalisme par la distinction Nord/Sud nous y invite. Et j’aimerais commencer par y répondre. C’est vrai les accusations de régionalisme commencent ou prennent sens souvent avec la distinction Nord/Sud avec laquelle elles tendent à se confondre. Ce qui fait croire qu’il y aurait deux régions : une région monolithique qu’on appellerait Nord, et une autre tout aussi monolithique qu’on appellerait Sud ! Est ainsi interrogée la définition du mot région. Et quand on s’y penche, on se rend compte que cette définition n’est pas unique mais multiple : il y a une définition administrative, historique, sentimentale, exotique, ethnique, linguistique, symbolique, etc. D’un point de vue historique, nous héritons la notion de région de la France. La région est, en France, une collectivité territoriale dotée d'un conseil régional élu avec à sa tête un président disposant du pouvoir exécutif, sous le contrôle a posteriori du préfet de région. La préfecture est située, d'une manière générale, au chef-lieu de la région. Actuellement, pour une superficie totale de 675 417 km² et une population de 65 447 374 habitants la France compte 26 régions dont 22 en métropole. Au début, les régions en France furent des groupements économiques puis ensuite, ce furent des « régions touristiques » dont les limites étaient librement décidées selon une logique géographique, ethnographique, historique et touristique. Enfin sous leur configuration actuelle, mues par des logiques à la fois identitaires, historiques et économiques, les régions ont pris la forme de regroupement supra-départementaux conçus comme des “circonscriptions d'action régionale.”
Or si nous gardons de la région en France l’idée d’un regroupement supra-départemental, par comparaison, force est d’admettre que nous avons plus que deux régions au Bénin. Surtout dans la mesure où s’y mêlent des considérations d’ordre historique, géographique, symbolique et culturelle ; et sachant qu’au chapitre de l’histoire, il faut retenir le fait non négligeable que l’unification territoriale de la nation a été réalisée de l’extérieur par une puissance étrangère sous tout rapport, dans des conditions et à des fins d’exploitation coloniales. En 1958, le Dahomey comptait 6 provinces issues du découpage colonial français : l'Atacora, l'Atlantique, le Borgou, le Mono, l'Ouémé et le Zou. Dans la configuration légale de 1999, le Bénin est subdivisé en douze départements. Six nouveaux départements ont alors été créés : l'Alibori, les Collines, le Couffo, la Donga, le Littoral et le Plateau. En nous basant sur cette deuxième subdivision territoriale on peut considérer les anciennes provinces comme les creusets historiques, géographiques et culturels des régions. Sans entrer dans les détails, mon cher Pancrace, et sans préjuger des effets pervers de la prolifération des départements à laquelle se livre sans vergogne le pouvoir actuel pour des raisons manifestement populistes, on peut dire que nous avons au moins 6 grandes régions dans notre pays. Par comparaison avec la France, rapporté au nombre d’habitants, le Bénin aurait 3 régions, et 4 si on se rapportait à l’étendue du territoire. Dans un cas comme dans l’autre le nombre de régions serait supérieur à 2! Dès lors, pourquoi un parti, l’UN qui, à ses débuts – sachant que les négociations politiques se poursuivent – démarre avec des leaders et des partis issus de 4 grandes régions parmi les plus peuplées du pays doit-il être taxé de régionaliste ? Comme tu le vois, complétant la dénonciation du Colonel Glèlè fondée sur des rappels historiques, cette brève analyse met en lumière la mauvaise foi des FCBE et UMPP ; ceux-ci, incapables de s’unir, préfèrent jeter l’opprobre du régionalisme sur leurs adversaires politiques, qui donnent urbi et orbi une belle leçon d’unité, dont les Béninois ont tout lieu d’être fiers. En effet, il s’agit d’une révolution morale et politique dont l’écho et les effets dépassent déjà les frontières de notre pays.
Mon cher Pancrace, les gens qui se hâtent de taxer l’Un de régionalisme opposent et apposent une définition arbitraire et passablement suborneuse. Comme l’a analysé le colonel Glèle dans son examen historique de l’interaction régionale dans la politique, ceux qui sont les plus régionalistes ne sont pas ceux que l’on croit. À moins d’être de mauvaise foi, il ne sied pas de baptiser de régionaliste tout regroupement politique qui n’est pas de notre bord. Le régionalisme était déjà la pratique de ceux qui en politique sont à court d’idées, et utilisent les sentiments ethniques. Pourquoi en rajouter en lançant de telles accusations à l’emporte pièce ? C’est ajouter un manque d’idée métaphysique à un manque d’idée physique. En effet, comme le montre le Colonel Glèlè, dans l’histoire politique du Bénin, l’interaction politique entre le Nord et le Sud a été effective à des moments clés de son histoire, et ce à plusieurs reprises. Mais quand on examine les effets concrets de ces interactions, on se rend compte qu’elles interviennent souvent négativement ; des dirigeants ou partis dits du sud s’allient avec et portent au pouvoir un dirigeant dit du Nord. Formellement et démocratiquement, c’est leur droit. Mais le problème c’est qu’on doit à la vérité de ne pas rester à la surface des choses et de dire que ce type de choix n’a jamais été positif et cache plus d’obscurité qu’il ne génère de la lueur pour l’unité nationale. Puisque le régionalisme, le tribalisme, en l’absence de la culture des idées politiques, restent malgré tout l’âme de la politique sous nos tropiques. Dès lors, c’est faute de vouloir s’unir avec celui qui, du point de vue de l’âme de la politique chez nous, est le prochain géographique, historique, culturelle et linguistique que l’on préfère s’allier avec le lointain au nom de l’idée noble de la bonne volonté nationaliste. Je déteste mon frère, et n’entends pas m’entendre avec lui et je préfère mon cousin, et ce faisant je me fais fort de faire valoir que je suis dans la ligne familiale, et que personne ne peut y trouver à redire. Mais prenons une autre image pour faire comprendre la situation. À supposer, mon cher Pancrace, que dans une assemblée on voulût choisir une seule langue nationale comme langue officielle du Bénin, et que pour cela, le choix dût se faire par suffrage de représentants régionaux. Si on part du critère que c’est la langue parlée par le plus grand nombre de gens qui ferait l’affaire, en toute logique ce serait le Fon. Mais par haine de soi ou par jalousie au lieu que les locuteurs de langues voisines ou adjacentes comme le Adja, le Goun, le Mina, le Aïzo ou le Yoruba soutiennent le Fon pour qu’elle soit majoritairement choisie en raison de la majorité qu’elle représente, ils préféreront s’allier mettons aux locuteurs du Dendi ou du Ditamari en formant une majorité hétéroclite, négative, purement stratégique élisant le Ditamari ou le Dendi comme langue officielle du Bénin. Certaines personnes peuvent voir dans ce type de stratégie l’expression éloquente de l’unité nationale, mais on voit que cette éloquence abstraite au sens hégélien du terme n’est pas parlante. Du reste, peu importe que dans cet exemple purement hypothétique, ce soit le Aïzo ou le Kotokoli qui soit choisi comme langue nationale officielle. Ce qui mérite examen critique c’est ce type d’alliance stratégique, ses raisons, sa portée à long terme et sa logique négative. Négative ici n’est pas un jugement de valeur, mais signifie qu’on n’a pas vraiment choisi B mais qu’on a d’abord refusé de laisser passer A. Malgré les apparences, ce type de choix n’aide pas l’unité nationale. Nous avons hérité de cette nation qu’on appelle le Bénin, et quoique nous pensions de sa conception c’est à nous de nous en approprier pour en faire ce qu’elle doit être. En cela, nos nations sont toujours des choses en devenir, qui dépendent de notre intelligence, de notre volonté de notre tolérance, de notre fraternité et de notre humanité. Mais comme toute chose, pour que cette unité se réalise globalement, il faut qu’elle se réalise partiellement. Ceux qui sont incapables de s’unir avec leurs frères du même village mais qui parlent de fraternité à l’échelle provinciale, nationale, continentale ou universelle se moquent du monde. La vérité c’est que le sud hérite d’une histoire de division qui est la conséquence de la puissance du Royaume d’Abomey et des effets de cette puissance dans son environnement politique immédiat. On a vu que le Roi Toffa de Porto-Novo a préféré s’allier avec les Français plutôt que de suivre les conseils de roi Glèlè qui fut son mentor politique. La conséquence de ce type de choix qui méprise le prochain au profit du lointain – quelles qu’en soient les légitimes raisons – c’est qu’il a abouti à la mainmise totale de l’étranger non seulement sur le frère ennemi mais aussi sur les deux parties incapables de s’entendre. C’est l’histoire du troisième larron, dont l’histoire politique de l’humanité est emplie.
Donc les choix de rejet négatif d’une partie du même qui se sont manifestés souvent avec cruauté à travers des intrigues et des luttes fratricides dans le sud sont le contraire même de ce qu’on peut tenir pour une démarche d’unité nationale aussi démocratiques qu’ils puissent être pour certains. Parce qu’au fond, ces choix ne sont pas sains, et contiennent en germe la haine de soi, le règlement de compte et les divisons. Car comment peut-on aller vers l’autre si l’on n’est pas en mesure de s’aimer soi-même ?
Et puis, il faut voir concrètement les choses au niveau des usages de ce type d’alliance stratégique. En fait, c’est le sudiste qui va vers le Nord, et non pas l’inverse. Pourquoi ? Parce que comme le pays dans son histoire, sa structure matérielle et ses infrastructures mais aussi dans sa démographie se trouve concentré au sud – n’oublions pas que ce pays s’est appelé longtemps Dahomey, du nom du plus puissant de ses royaumes, comme si tous les autres étaient négligeables ou ses vassaux – le discours mais aussi le comportement nationalement correct veut que le sudiste passe la main au Nordiste, s’efface volontiers devant lui, par une sorte de bienséance ou de galanterie nationale du majoritaire devant le minoritaire, de celui qui serait le “vrai national” pour consolider la posture de celui qui le serait comme on disait jadis en Afrique du Sud, le “citoyen honoraire”. Et pour prendre une analogie académique, tout se passant comme si les Sudistes seraient des Docteurs d’Etat et les Nordistes des Docteurs honoris causa ! Et cette valorisation de la galanterie nationale du Sudiste souvent et parce qu’elle est intellectualisée et se brandit comme un mieux disant rationnel, ne va pas sans un mélange ambigu de culpabilité et de fierté.
Comme le souligne le Colonel Glèle dans son examen historique, on voit dans l’histoire politique du Bénin le cas de figure où des militaires originaires du sud font un coup d’Etat et confient le pouvoir à un Nordiste. En l’occurrence, ce choix a au moins une double fonction. D’une part, il vise à donner une onction sinon une légitimité nationale à leur entreprise, mais d’autre part il a pour but d’utiliser le Nordiste comme arbitre des rivalités de personnes entre sudistes plus nombreux et incapables de s’entendre entre eux. Mais au-delà de la fonction de caution nationale, ce choix à un usage politique implicite, surtout dans le contexte démocratique. Dans ce cas en effet, comme le Sudiste endosse la partie de celui qui est potentiellement majoritaire, le Nordiste assume le pôle du minoritaire et considère son élection comme un parachutage ou une faveur inespérée. Dès lors entre lui et ses comparses faiseurs de roi du Sud s’établit un commerce plus fructueux et plus gratifiant que ceux-ci ne peuvent rêver de la part de leurs voisins régionaux du sud. Ce rapport ambigu tient à la fois de la mystification culturelle et du chantage. Les faiseurs de rois du sud n’hésitent pas parfois à endosser le costume de marionnettiste. Ayant travaillé à l’élection d’un Président du Nord qui se sait lui-même minoritaire suivant la culture régionaliste qui continue d’animer la vie politique, ils se sentent fondés à réclamer la juste rétribution politique et matérielle de leurs efforts. Le Président nordiste se sachant politiquement en équilibre instable ne résiste pas aux doléances de ses suppôts du sud, qu’il s’efforce de son mieux de satisfaire. Ce commerce politique fondé sur la mystification interculturelle, et dans laquelle entre aussi des préjugés et des regards croisés historiquement structurés, l’homme politique du Sud n’a aucune chance de l’avoir avec son congénère du Sud. Car entre le Sudiste et le Sudiste aucune mystification n’est possible. Le Sudiste ne se sent pas redevable de son élection à un autre sudiste particulier. Et, issu d’une région démographiquement majoritaire, il était fondé à ne pas se sentir politiquement en équilibre instable. Sauf lorsque la haine de soi s’en mêle. Dans un contexte historique porté à la division et à la haine fratricide latente, on comprend pourquoi la haine de soi du Sudiste a pris le pas sur l’unité logique du sud. Or cette unité est nécessaire si on veut que le Bénin soit à terme uni. Contrairement à ce que dit le Colonel, les interactions politiques qui ont paru démentir la logique oppositionnelle entre le Nord et le sud, n’étaient pas du tout des preuves de contre-exemples du régionalisme. C’étaient seulement des fuites en avant stratégiques devant la nécessité pour le Sud de dépasser ses haines et ses divisions ataviques et de s’unir avec lui-même, comme le bon sens l’y invite.
Mais il n’y a pas que deux régions au Bénin. C’est dire que le régionalisme ne commence pas avec la distinction Nord/Sud. Il est aussi dans les haines ataviques entre les Fons et les Ouéménous ; dans le repli sur soi des Yoruba de l’Ouémé Plateau, qui bien que vivant dans le même espace géographique et historique que les Gouns, ont élaboré une éthique de l’évitement basée sur des distinctions économiques et religieuses pour les côtoyer plus que de se mélanger à eux ; il est aussi dans la haine atavique et les ressentiments des Mahis à l’égard des Fon du Zou, et le mépris de ceux-ci à l’égard de ceux-là. Distinctions et oppositions qui furent finement trafiquées et manipulées par Kérékou pour conforter son pouvoir et qu’un Yayi Boni a exaspérées sans nuance et sans ménagement.
Dans ces conditions, il est préférable pour le Sud de s’unir entre soi plutôt que de se lancer dans des alliances stratégiques circonstancielles et sans lendemain avec tel ou tel Présidentiable ou Président du Nord. Car l’union du sud est la condition sine qua non de la non-discrimination entre le Nord et le Sud ; et celle-ci est la condition de l’unité nationale dont, soit dit en passant, les artisans les plus acharnés et les plus sérieux, comme les fossoyeurs les plus subtils et les plus malins, ne sont pas ceux que l’on croit. L’unité nationale doit être bâtie avec le cœur et la raison. Elle requiert tout à la fois intelligence, amour de soi et amour du prochain, cohérence et responsabilité.
Dans son rappel historique des interactions politiques entre le Sud et le Nord, le Colonel Glèle a évoqué plus d’un exemple d’alliances fécondes. Celles-ci consistaient exclusivement en l’élection ou le choix d’un Président du Nord avec la collaboration des leaders politiques du Sud. Et jamais dans le sens inverse. Dans ses inférences scandées souvent sous forme d’interrogations rhétoriques, ces alliances seraient la preuve que le sud n’est pas régionaliste ou a payé son tribut à la croyance aux valeurs nationales. Mieux, le sud aurait fait la preuve de ses dispositions anti-régionalistes. L’existence de cette disposition découlerait des preuves historiquement effectives, qui ont d’ailleurs façonné le faciès politique du Bénin actuel. Toutefois, ce critère empirique de la bonne volonté nationaliste du Sud qui semble aller de soi pose question. D’abord son silence sur sa validité dans le sens inverse. C’est-à-dire ce qu’il en est des dispositions anti-régionalistes et de la bonne volonté nationaliste du Nordiste. Le cas échéant devrait-on la définir à partir de preuves effectives d’élections récurrentes d’un Président originaire du Sud avec le soutien d’hommes et ou de partis politiques du Nord ? Il va de soi que la réponse à la question est négative ; dès lors doit- en déduire que la disposition anti-régionaliste et la bonne volonté nationaliste du Nordiste sont inexistantes ?
Evidemment, on aboutit à une absurdité. Ce qui montre que si en soi le rappel de preuves historiques effectives peut être éclairant, c’est la signification qui leur est conférée qui en l’occurrence pêche par excès de myopie. La vérité est que les leaders politiques, les militaires ou les groupes d’influence qui au Sud, à un moment donné ou à un autre de l’histoire politique mouvementée de notre pays, ont eu à contribuer à élire ou choisir un Président de la République du Nord, ne l’ont jamais fait par bonne volonté nationaliste, mais par rejet passionné d’un concurrent du Sud. Ce geste négatif n’a d’ailleurs rien à voir avec le régionalisme ou son contraire. Car le vrai régionalisme est un esprit, une attitude éthique et parfois une idéologie continue et dérivable en tout point de l’espace géographique et démographique d’une nation. Il a des dérivées philosophique, culturelle et politique. Electoralement parlant, il consiste à préférer son frère, son père ou sa mère, indépendamment de leurs idées à son cousin ou sa cousine, puis son village, sa commune, son département et ainsi de suite dans l’ordre croissant jusqu’à l’échelle de la nation. En soi, cette logique n’est pas forcément malsaine. Tant qu’on n’aura pas fait avancer sous nos tristes tropiques l’instruction, l’alphabétisme, la culture du débat et le règne de la réflexion à l’échelle populaire ; tant que l’analphabétisme serait encore le fait de la majorité, tant que le niveau d’instruction de la grande partie de ceux qui sont instruits ne sera pas suffisamment élevé, tant que les hommes politiques n’élèveront pas le débat politique au niveau des idées et des valeurs mais s’en remettront paresseusement à des logiques tribales, la culture régionaliste qui est à la base de nos mœurs politiques a encore de beaux jour devant elle.
De ce point de vue, il sied de distinguer deux sortes de régionalisme : 1 Le Régionalisme de vision, 2. Le Régionalisme de division
Le régionalisme de vision, au sens de vision de l’existence, est celui qui de fait réunit, meut et émeut les gens qui partagent la même vision symbolique, linguistique et culturelle, les mêmes valeurs, scellées dans le lit géographique du même fleuve historique, qui n’a pas toujours été tranquille. Pour parler des hommes politiques, au Bénin, concrètement cela revient à considérer qu’un Amoussou, Houngbédji, Soglo, Sèhoueto, Yahouedehou, etc. tout ce beau monde représente une partie de la population du Bénin qui a le même faciès symbolique, historique, culturel et géographique et qu’on vote pour eux ou adhère à leur personne pour des raisons qui ne sont pas toutes rationnelles ni nationalement correctes. Et il en est de même des personnalités comme Issa Salifou, Bako Arifari, Sacca Fikara, Tchabi Tokou Dari, ou un Wallis Zoumarou, par rapport à une autre partie de la population du Bénin
Le régionalisme de division, c'est lorsque un homme politique local vend les charmes de sa région et met son poids politique à la disposition d’un leader à ambition nationale non issu de la région en échange de faveurs, de promesses et promotions politiques. Souvent, ce régionalisme à péage vise à court-circuiter le concurrent national autochtone. Le leader national ainsi en position de force crée alors une sorte de bourse politique des régions. Ceci permet de circonvenir l'ensemble des régions par un système huilé de baronnie grâce auquel on suborne les populations à qui l'on fait miroiter des promesses et des avantages spécifiques. Le régionalisme de division met à l’honneur la culture du fils du terroir, et codifie l’organisation régionaliste implicite des gouvernements, Sociétés d’état et institutions de la République. Un tel système regarde la nation comme une somme politique des régions.
Comme, tu le vois, mon cher Pancrace, l’un et l’autre de ces régionalismes ressortissent à notre histoire collective. Ils traduisent l’état d’avancement de notre société, aussi bien économiquement que moralement et intellectuellement. Cette distinction n’est pas sans rappeler, celle effectuée par Emile Durkheim dans son œuvre intitulée « De la Division du travail social. » Dans cette œuvre en effet le sociologue français identifiait deux types de solidarités : la solidarité mécanique et la solidarité organique. La solidarité mécanique résulte de la proximité. Les individus vivent ensemble dans des communautés. Le poids du groupe est très important (famille, travail). Ils partagent des valeurs communes très fortes: la conscience collective est élevée et aucun écart à la norme n'est toléré car, en remettant en cause la conscience collective, c'est la cohésion sociale dans son ensemble qui peut être mise en question. Le régionalisme de vision est fondé sur les mêmes données et réalités. Il a un côté romantique, romantisme des valeurs et du terroir partagé. Mais il peut aussi basculer vers un essentialisme exalté qui conduit à l’exclusion des autres, l’intolérance et au séparatisme.
La solidarité organique quant à elle est fondée sur la différenciation et sur l'interdépendance. Elle partage les mêmes éléments que le régionalisme de division. Et, de ce point de vue le mot division qui le définit n’est pas négatif, si la division est conçue comme organique du tout national. Moindre mal dans l’approche politique de nos sociétés, le régionalisme de division peut être une approche politique de la décentralisation ; à condition d’être manié avec neutralité et esprit de responsabilité. Toutefois, malgré ces précautions, il s’agit d’une option éthique et politique qui entretient localement la division et génère des dérives. Une option qui conduit souvent à une gestion patrimoniale de l’état et de ses biens. Car c’est un système qui vit de la séparation des groupes tribaux identifiés, et les tient sous perfusion, dans un état inerte, rivées les uns contre les autres. C'est comme une polygamie politique inspirée par un mariage de raison. Le dirigeant d'une région minoritaire privilégie cette vision de la politique et, suivant en cela l'adage de diviser pour régner, n'a de survie et de durée politique qu'en divisant le pays. Manœuvre qui peut se faire plus ou moins subtilement, avec ruse et discrétion comme dans le cas de Kérékou, ou bien ouvertement et sans complexe, sur fond d’un romantisme de la revanche historique, comme chez Yayi Boni..
Ainsi, Kérékou, un militaire du Nord minoritaire, pour l'emporter va développer le mythe du Président rassembleur en encourageant une alchimie régionaliste faite de pondération, d'affaiblissement et de division de ses adversaires redoutables en réveillant la plaie des vieilles discordes, en "suridentifiant" des minorités pour les séparer de groupes ou de régions dont historiquement et culturellement elles font partie. Toffa était-il en mauvais terme avec Glèlè et Béhanzin ? Eh bien, chiche, sur ce même mode, on ressuscitera et entretiendra subtilement une discorde entre les Fons représentés par un Soglo avec quelques ténors putatifs des Ouéménou – Tévoèdjrè, Houngbédji et consorts– A-t-on peur de la force réversible des gens de l'ex-Province de l'Ouémé ? Eh bien, on s'efforcera de rappeler aux Yoruba qu'ils sont une race à part, et au besoin ont droit à un traitement à part, et à un département distinct; on montera en épingle des ressortissants de ces coins. Et peu importe l’historique commensalité entre Goun et Yoruba, qui traverse les frontières du temps et de l'espace. Les Mahis et autres proto-Nago de la partie supérieure du Zou ont-ils eu maille à partir avec le royaume du Danhomey par le passé ? Eh bien, on leur rappellera qu'au nom des souffrances du passé, il faut qu'ils se souviennent de ce qu'il y avait de sombre dans leurs rapports avec les Fons au détriment de tout ce qui par ailleurs les unit. Alors que les plaies des discordes du passé se cicatrisaient dans une commensalité géographique et culturelle retrouvée, on les rouvre pour suridentifier le Mahi-nago du Zou nord à distinguer des Fons. On met en place une logique de nordification de tout ce qui n'est pas Fons/Adja en ressuscitant de vieilles rivalités découlant de l'histoire. On valorise des faits historiquement marginaux au détriment d'autres historiquement unifiants quoique complexes. Voilà l'alchimie de l'unité nationale sous Kérékou, entièrement bâtie sur le régionalisme de division. Car homme politique d'extraction minoritaire dans un contexte où la mentalité politique est portée au régionalisme, il n'a d'autre chance de salut que dans la division de toutes les régions ou ethnies dont la taille démographique et électorale dépasse celles qui lui sont naturellement acquises. L’exemple de Kérékou dont l’efficacité dans le mal régionaliste va de pair avec la discrétion et la subtilité fait l’objet d’un consensus frauduleux régi par le nationalement correct. Puisqu’aussi bien par ses thuriféraires les plus zélés que par des gens de bonne foi, Kérékou apparaît comme un artisan de l’unité nationale, alors qu’il a été le maître d’œuvre du régionalisme de division qui troque une paix nationale précaire et de façade contre sa pérennité politique et ce au prix de la résurrection des divisions intra-régionales.
Ce régionalisme de la division est devenu le b.a.-ba de la domination politique, une manière de manipuler les sentiments régionalistes cachée sous les dehors de la démocratie. Une technique bien intériorisée par le Président Yayi Boni. Celui-ci venu au pouvoir avec le discours du changement s’est mis en tête d’effacer de la surface de l’existence politique tous les grands ténors de la vie politique nationale qui pourraient lui discuter l’estime du peuple. Pour cela il impose une perception très manichéenne de l’espace politique : la vieille classe politique et celle qu’il s’efforce alors de mettre sur pied. Mais la césure n’est pas probante. Il s’agit surtout d’écarter les ténors et de recycler massivement dans son cheval de Troie tous les fils de terroir dont il a besoin pour son régionalisme de division sans nuance et sans complexe. Cette politique aboutit à une logique fractale de morcellement politique du territoire sur la base tribale et infratribale. L’exemple le plus navrant est donné par le nouveau découpage des départements qui de 12 porte le nombre de ceux-ci de à 29 ! Il en est de même de la création frénétique de partis politiques. Ainsi ne compte-on pas le nombre de divisions du même petit bled provoquées sur la base tribale et infratribale pour satisfaire l’insatiable appétit et le désir d’ubiquité politique de Yayi Boni. Ainsi que sont nés des partis de Savalou Est, de Godomey, de l’Atlantique Nord, et de bien d’autres régions depuis 2006. Et cette logique fractale, grosse de conflits fratricides, jouit de l’approbation tacite ou proclamée du Chef de l’état. C’est en effet sous l’ère Yayi qu’on a entendu un ministre interdire véhémentement toute manifestation dans « sa ville » à des adversaires politiques. Sans que cet outrage antirépublicain n’émeuve le Président. De même dans certaines zones du pays, des Béninois qui osent se mettre sur des listes électorales autres que celles du pouvoir en place sont taxés de traîtres et d’apatrides. Des thuriféraires du régime déclarent avec aplomb que les villes qui ne voteront pas pour la liste du chef de l’Etat ne connaîtront pas le développement. À ce tableau clinique d’exaspération du mal régionaliste, il faut ajouter l’incontournable rituel que constituent les marches de soutien organisées pour remercier le président d’avoir nommé tel fils du terroir Ministre ou Directeur de Société.
Comme tu le vois mon cher Pancrace, Yayi Boni a poussé plus loin que Kérékou les limites du régionalisme de division. Son romantisme de la revanche historique marque de part en part ses décisions et crève les yeux surtout au niveau des nominations. Sais-tu par exemple que sur une liste de 30 directeurs généraux de sociétés d’État nommés par Yayi Boni, 6 sont originaires de la seule commune de Savè et une douzaine sont des Nago, Tchabè ou Idaatcha ! Le comble, c’est que moins d’une dizaine de ces directeurs sont originaire de ce qu’il consent à appeler sud, qui pourtant compte plus de 60% des cadres et 65% des populations. Telle est la réalité du régionalisme de division, un régionalisme hétéronome, par opposition au régionalisme de vision qui est un régionalisme autonome. Et tant qu’à faire, cher ami, il vaut mieux choisir un régionalisme autonome qui s’exprime ouvertement et participe à la consolidation intra-régionale plutôt qu’un régionalisme hétéronome para-régional déguisé sous les dehors trompeurs de la bonne volonté nationaliste.
Donc, – et pour en revenir aux points d’histoire évoqués par le Colonel Glélé – lorsqu’en 1960 Hubert Maga fut élu président, l’alliance avec Ahomadégbé qui permit cette élection n’était pas mue par une éthique contraire au régionalisme. Au regard de la distinction Nord/Sud, selon les plans préétablis du colonisateur, il ne fallait pas qu’émergeât une unité du Sud, car le Nord, qui ne menait déjà pas large sur le plan socioéconomique, serait tout simplement marginalisé. D’où l’irréductibilité inespérée des conflits de personnes, leur réactivation et l’instrumentalisation des haines héritées du passé. Pour Ahomadégbé plutôt périr que voir Apithy devenir Président d’un pays qui s’appelait tout de même Dahomey ; et en aidant Maga, à devenir Président, il aurait, pense-t-il, les coudées plus franches et plus de gratifications que s’il collaborait avec Apithy. C’est la seule raison de cette alliance, purement stratégique. Il n’y avait là rien qui de loin ou de près ressemblât au contraire du régionalisme. Mais pour Ahomadégbé qui l’inaugura l’espérance escomptée était un ballon de baudruche de rêves et de fantasmes que la réalité se chargera bien vite de dégonfler. Alors dans un jeu de balancier le stratège revient vers le point de départ naturel où il aurait dû appliquer ses forces. La nouvelle simagrée a donné naissance à Wologuède, une chaîne d’illusions qui ne tardera pas à rompre sous la tension des ambitions de personnes..
Il en a été des élections démocratiques comme des conclaves militaires de désignation du Président après les coups d’Etat. Des officiers du sud, incapables de s’entendre entre eux, et à la recherche d’un mieux disant national, préféraient se départager en laissant les commandes à un Nordiste que l’on espère tenir en laisse et ce non sans risque et péril comme l'ont appris à leurs dépens les Capitaines Michel Aïkpé et autres Janvier Assogba. La chose a connu son moment fort sous et avec Kérékou, avant et après le Renouveau Démocratique lorsque le sudiste a continument contribué à asseoir le pouvoir d’un Président du Nord. Et ce n’était pas par je ne sais quel “jeu démocratique” dont l’esprit était nié par le régionalisme de division, le clientélisme, la corruption, l’analphabétisme des masses et la portion congrue qui est faite à la rationalité légale dans les pratiques sociales et institutionnelles. Mais la seule motivation de ces alliances stratégiques était d’empêcher le parti majoritaire du Sud de l’emporter
L’histoire politique de notre jeune nation, le Bénin, est assez riche d’enseignement. La problématique de la paix politique et sociale s’est posée très tôt dès l’indépendance. Ceci en raison de la pauvreté sociale et matérielle de notre pays, de la diversité ethnique et religieuse, et de la morphologie ethnique. Le Bénin est un corridor entre l’Océan et le Niger. Dans ce corridor structuré dans le sens sud/nord, se superposent des strates ethniques qui vont en se différenciant. Mais malgré les différences deux grands ensembles peuvent être retenus. Le Nord et el Sud. Par rapport aux religions du livre imposées par les conquérants de toutes obédiences, le nord est plus islamisé que le sud et le sud est plus christianisé que le Nord. Mais dans tous les cas le christianisme a été la religion du colonisateur et reste celle du néo-colonisateur. L’histoire a montré qu’aucun président du Bénin n’a été de confession musulmane. Le modèle du président chrétien originaire du Nord, dans un pays dont la majorité de la population se trouve au sud, a été porté sur les fonds baptismaux grâce à la main invisible mais Ô combien paternaliste du colonisateur lui-même. Ce modèle est devenu une référence. Pour l’asseoir, il a fallu en créer les conditions. La politique a été confrontée à l’analphabétisme et la faible instruction des masses. La langue officielle reste celle du colonisateur, que ne parlent pas la grande masse des citoyens. Elle est aussi la langue de l’instruction et de l’écriture. Dans ce contexte d’aliénation insidieusement assumée, la culture lettrée est un luxe qui n’est pas à la portée des masses. Et avec elle la culture des idées. Aussi l’expression de la préférence politique fait l’objet d’une approche identitaire simpliste qui fait le lit du régionalisme, pain béni des hommes politiques. Ainsi dire que le sud est majoritaire c’est déjà faire du régionalisme, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, puisque le sud n’est pas un parti, et on ne voit pas par rapport à quelle idée politique il serait majoritaire. Et d’une certaine manière le régionalisme est l’ombre portée de notre pauvreté économique, intellectuelle et de notre aliénation symbolique. L’homme politique qui a eu à diriger le Pays pendant longtemps – Kérékou pour ne pas le nommer – a dû exploiter ce filon fatal. Il passe volontiers pour un artisan de l’unité nationale. Kérékou n’avait pas exercé de préférence régionale particulière, mais son souci était de garder le pouvoir et pour cela il a appliqué avec subtilité la vieille technique romaine de diviser pour régner. Dans le meilleur des cas l’alchimie régionaliste qui a fait sa fortune avait des effets secondaires qui ont défiguré la représentation collective des rapports interethniques, régionaux et intra-régionaux ; dans la mesure où, comme je l’ai dit plus haut, il avait eu le souci d’isoler de la majorité ethnique des Fons, son cauchemar électoral et politique, tous ceux qui à un titre historique ou à un autre avait quelque raisons de se démarquer d’eux. Cela a été réalisé au prix de réouvertures de plaies historiques plus ou moins imaginaires. Cette blessure a surtout frappé le sud. Et ce faisant elle n’a fait que nuire à l’unité nationale ; car les gens du sud étant la majorité ethnique du pays, unir le pays c’est commencer par unir son centre de gravité démographique et ethnique. C’est ainsi que celui qui est apparu comme l’artisan de l’unité nationale, dans le fond, a développé un art qui a crée plus de problème qu’il n’en a résolu.
Donc au nom de l’unité nationale, le comportement rationnel qui doit primer c’est de refermer définitivement les plaies qui ont été ouvertes pour des raisons de domination politique, d’arrêter ces petits jeux d’opposition tribale qui ont fait beaucoup du mal aux hommes et aux femmes du sud, et par conséquent au Bénin tout entier. Pour cela comment le faire autrement qu’en réunissant tout ce qui proche historiquement, culturellement et géographiquement a été manipulé, touillé, jeté dans une farandole diabolique de rejet, de luttes fratricides, de division, de règlement de compte, d’aliénation et de haine de soi ? Cette démarche est rationnelle ; et le fait qu’elle soit initiée telle qu’elle doit l’être me donne un réel motif de fierté d’être Béninois, dans la mesure où il montre qu’après la longue nuit de l’inconscience, l’intelligence des Béninois est en mesure de reprendre ses droits. La plupart de ceux qui entreprennent cette noble tâche aujourd’hui sont ceux que les thuriféraires du régime actuels appellent « la vieille classe politique » Cela ne donne-t-il pas raison à Amadou Hampaté Ba lorsqu’il dit : "un vieillard qui meurt c’est tout une bibliothèque qui brûle." ? Et comme ils sont plusieurs vieillards, qui vivent, Dieu merci, et s’attèlent à panser les plaies de nos erreurs et errements du passé, tu vois bien mon cher Pancrace que l’initiative entreprise, loin de relever de la bêtise ethnique ou du régionalisme comme le disent les mauvaises langues, est plutôt un acte d’intelligence, premier jalon et condition nécessaire mais pas suffisante de l’unité nationale
Comme tu le vois, mon cher Pancrace, la question du régionalisme est un vaste sujet ! Parti pour réagir à la clairvoyante intervention du colonel Glèle, voilà que je t’inflige une longue digression sur ce sujet. Car le régionalisme est à la mesure de notre situation socioéconomique. Et ne peut changer qu’avec elle. C’est pourquoi, en dépit de mes longueurs, je n’ai pas le sentiment d’avoir touché le cœur du sujet. Mais à l’instar du temps que je te prends à cette lecture, je suis persuadé que tu me pardonneras mes imperfections. C’est tout le prix de notre amitié
A bientôt
Binason Avèkes
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