Monsieur Yayi Boni n’a rien dit ou presque des tueries inhumaines et barbares de Djidagba ; il ne les a pas clairement dénoncées encore moins condamnées. Est-ce bien raisonnable de la part de celui qui est censé être cumulativement le Premier Magistrat, le Garant de l’unité, de la sécurité et de l’ordre, le Protecteur des libertés et des Droits fondamentaux et pour finir le Père de la Nation ? C’est vrai que l’homme n’a pas pour habitude de déjuger ou de condamner ceux des siens qui se retrouvent dans l’illégalité ou du côté de la violation des lois : – Fagnon, les 24 Communes, les Députés FCBE corrompus, l’Avion-comète, et autres CENSAD sont là pour le prouver. Et la question qui vient à l’esprit est-celle-ci : A partir de combien de morts, Yayi Boni daignerait enfin dégeler un peu son cœur, et se montrer moins Froid vis à vis de la souffrance de ses concitoyens meurtris ? A partir de combien de morts le Vent Froid et Inhumain qui souffle de l'Obscure Vallée du Changement s’arrêterait-il de souffler sur nos cœurs ? Doit-on attendre jusqu’à 2011 ?
Copyright, Blaise APLOGAN, 2009,© Bienvenu sur Babilown
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Martyrs malgré elles
La tragédie de Djidagba a fait ses martyrs. Les responsables et militants des partis membres de l’Union fait la Nation qui sont venus soutenir l’événement l’ont constaté. Des démocrates béninois épris de paix et de liberté ainsi que les structures impliquées dans la sauvegarde des droits de l’homme ont eu la chair de poule devant les images poignantes de cette boucherie humaine. Que faire en effet devant les témoignages de cette paysanne, vendeuse de fruits qui a vu sa grossesse gémellaire de six mois transpercée d’une balle alors qu’elle s’est juste rendue à une rencontre ordinaire régulièrement autorisée ? Elle a certes survécu, mais les deux vies qu’elle portait en son sein ont été anéanties à jamais. L’histoire retient en tout cas que ces gendarmes qui ont ouvert le feu à Djidagba n’ont eu d’acte de bravoure que de s’en prendre à l’arme de guerre à des fœtus. Selon ses témoignages, Dame Albertine Bognon a été fusillée de dos alors qu’elle tentait de fuir. Elle était bien entendu sans défense. Où se trouve alors la sécurité de l’innocente ? A l’étape actuelle des choses, il sera bien difficile de prouver que la boucherie humaine du 29 décembre 2008 à Djidagba n’a pas été préméditée et commanditée, surtout que des personnes informées du projet de tuerie n’ont rien fait pour l’empêcher.
Affissou Anonrin
Journal LA PRESSE DU JOUR 10/12/09
Zoom sur les cinq personnes assassinées et les deux rescapées
Albertine Bognon, vendeuse de fruits
Attirée par l’attroupement, elle décide d’exposer son plateau d’oranges sur les lieux où se tenait l’Assemblée générale des coopérateurs du Car/Logou Djidagba. Seulement, pouvait-elle s’imaginer que les balles rageuses des forces de l’ordre allaient transpercer sa grossesse de six mois ? Transportée d’urgence à l’hôpital, elle eut le bonheur de survivre. Mais les deux jumelles qu’elle portait dans son sein ne vont pas survivre. Elles seront les martyres anonymes de cette boucherie humaine de Logou Djidagba. Seul le fait d’amener les auteurs et commanditaires de cette répression bestiale d’une réunion pourtant autorisée à répondre de leurs actes, pourra la soulager aujourd’hui.
Ahouandjinou Zantèkpo, coopérateur
Il est un miraculé. Marié et père d’un enfant, il a survécu à la répression sanglante de Djidagba. Stoppé dans sa fuite par une balle qui lui transperce l’épaule droite, il a miraculeusement survécu à ses blessures. Mais son bras gardera des séquelles qu’il traînera toute sa vie comme pour rappeler, tous les jours que Dieu lui accordera, à sa communauté, cette réunion réprimée dans le sang à l’ère du changement.
Jacob Ahissou, coopérateur
Il est né en 1981. Marié et père de deux enfants, il a été froidement abattu par les gendarmes, alors qu’il tentait de fuir.
Lucien Zingbé, coopérateur
Dans le sauve-qui-peut, il n’a pas pu échapper à la mort que lui ont infligée ceux dont il servait pourtant la cause quelques minutes plus tôt. Craignant les représailles des populations, il a cherché à avoir la protection des forces de l’ordre. Mais n’ayant pas arboré ce fameux tee-shirt, il a été abattu par les éléments du Gign qui l’avaient confondu à ceux contre qui la répression étaient orientée.
Armand Tongni Dèdogbé, coopérateur
Il a laissé derrière lui deux femmes et six enfants qui attendent de comprendre pourquoi il est mort. Tout comme les autres, son corps est encore à la morgue sans la moindre autopsie.
Norbert Tongni, coopérateur
Il a succombé au centre de santé des suites de ses blessures par balles. Révoltés, ses proches ramènent son corps sur les lieux de la tragédie. Sa femme et ses quatre enfants réclament justice.
Simon Nanonfi Ahissou, coopérateur
Ses grandes enjambées ne l’ont pas propulsé loin pour ne pas être rattrapé par la mort que lui donnent lâchement les forces de l’ordre en mission spéciale commandée à Djidagba le 29 décembre 2008. Abattu de derrière, il tourne définitivement dos à la vie, à ses treize enfants et à ses deux femmes qui réclament que justice soit rendue.
Rédigé par : B. A. | 26 janvier 2010 à 19:04