Un Dieu, un but, une destinée !
Marcus Garvey arrive aux États-Unis en 1916 où il rencontre tous les mouvements visant à émanciper les Afro-américains.
L’année suivante, en 1917, il fonde l’Association universelle pour l’amélioration de la condition noire (United Negro Improvement Association, UNIA, toujours en activité). La devise de cette association était Un Dieu ! Un But ! Une Destinée! (One God! One aim! One destiny!). Il devient un des premiers meneurs importants de la cause noire.
L’intérêt de Garvey pour Haïti se comprend à la lumière de la philosophie de son action, le garveyisme.
Le garveyisme est un aspect du nationalisme noir qui prend sa source dans les œuvres, les mots et les actes de Marcus Garvey. L'objectif fondamental du garveyisme est la rédemption complète, totale et sans fin de l'Afrique par des gens d'ascendance africaine, aussi bien sur le continent qu’à l’extérieur. Il est enraciné dans l’idée fondamentale que «Toutes les choses communes à l'homme que l'homme a faites, tout homme peut les faire». Par conséquent, l'Afrique peut devenir aussi glorieuse et profondément avancée que les autres continents dans les domaines scientifique et technologique, si et quand les Africains le voudront.
Les principes du garveyisme sont: 1) la race en premier 2) l'autosuffisance et 3) la nation. Le but ultime du garveyisme est la constitution des États-Unis d'Afrique qui permettra de protéger les intérêts du peuple Noir de par le monde.
Le garveyisme et l’africanisme étaient très semblables dans leurs méthodes. Les principaux objectifs des deux mouvements visaient à émanciper les Africains par le biais de la confiance en soi, ainsi que l'unification de la diaspora africaine dans le monde entier. Lorsque le garveyisme a commencé à s’éteindre en Amérique, il continua à être un outil important de maintien de l’'intérêt de l'Amérique noire pour l’Afrique. Le mouvement a commencé dans les ports, en particulier au Cap, et à la fin de l'année, un journal Garveyiste, The Black Man, a commencé à paraître. Le journal écrit par Garvey, The Negro World paraît dans le Witwatersrand, et le bouche à oreille aida à diffuser le garveyisme et aussi l’idée que des flottes et des armées noires de salut étaient en route. Pour les Africains, le garveyisme a apporté une vision de la libération et éveillé la désillusion africaine vis à vis des autorités en place. (Fonctionnaires coloniaux, Missionnaires européens, Chefs, etc) .
La problématique de l’unification des Noirs du Monde prêchée par le garveyisme s’est posée sur le double front territorial et humain. Pour Garvey les Noirs devaient tous se réunir en Afrique. Les Américains devaient retourner en Afrique. Mais dans le contexte sociopolitique américain, une version intermédiaire néogarveyiste de ce principe de rassemblement exigeait la création aux Etats-Unis d’un Etat Noir. Cette exigence sera plus tard évoquée par Malcom X. A défaut de la création d'un état Noir, certains milieux néogarvéyistes avaient élu Haïti comme l’étape intermédiaire d’un regroupement des Noirs sur le continent américain. Pourquoi Haïti et non pas la Jamaïque dont et Garvey et le père de Malcom X étaient tous originaires ? Eh bien parce que Haïti était une fierté pour les Noirs pour avoir été le premier état qui s’est libéré de la domination coloniale et esclavagiste blanche. Cet intérêt symbolique et politique pour Haïti n’a pas laissé indifférents les tenants du pouvoir aux Etats-unis, qui n’ont alors cessé de jeter sur l’ile noire un regard empreint d’ambigüité ; comme à la fois pouvant capter et attirer vers elle un mouvement de fuite des Noirs américains vers un paradis ethnique de peuplement et de développement, qui ferait d’elle de facto l’Etat noir Américain extra-muro ; ou au contraire le réservoir d’immigrants qui envahiraient le territoire américain mettant à mal son équilibre racial et social sous-tendue par la question de l’oppression et de la discrimination des Noirs. Cette ambigüité a nourri un intérêt géopolitique des Etats-Unis pour Haïti qui allait conduire à son occupation entre 1915 et 1934, dont le but était d’apaiser la double angoisse inhérente au regard de l’Amérique blanche sur Haïti.
Binason Avèkes
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