La droite américaine a une habitude de manipulation qui consiste de façon subtile, sous la thématique de la discrimination, à substituer la discrimination de la femme à la discrimination raciale, et plus précisément à la discrimination des Noirs. Deux exemples au sommet étayent la réalité de cette pirouette rhétorique, idéologique et médiatique érigée en habitude. Deux exemples d’une insidieuse substitution.
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Le premier est donné par le discours de Ronald Reagan lors de la convention républicaine de Detroit le 17 juillet 1980, et qui allait le porter au pouvoir. Pince sans rire, Ronald Reagan, sans doute en hommage à sa femme Nancy, promet de lutter contre la discrimination des femmes et de faire voter les lois nécessaires à cet effet. L’histoire ne dit pas si la femme américaine est devenue plus égale de l’homme après son règne et si sous ce rapport l’ancien acteur a laissé une trace mémorable. Cela est une autre histoire. Dans son discours aux accents conservateurs qui s’adressait pourtant à une Amérique où la Discrimination est d’abord raciale avant d’être sexuelle ; une Amérique où on est Noir ou Blanc avant d’être femme ou homme, c’était tout ce que le futur président Ronald Reagan avait en magasin dans le rayon Discrimination : un congelé de discrimination de la femme à la sauce conservatrice mâtinée de bonne conscience…
Plusieurs décennies après, en 2008 après qu’un Noir ou supposé tel, Barack Obama, eut passé tous les barrages pour devenir le candidat démocrate à l’élection présidentielle, devant l’effet psychologique et médiatique de ce choix inédit, il fallait que la droite américaine réagisse. Et que trouva-t-elle de mieux à faire ? Eh bien choisir une femme, Sarah Palin, et l’afficher comme telle et pendant à la surprise inouïe que représentait l’émergence de la figure inédite d’un Noir en passe d’accéder à la Maison Blanche.
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Conclusion de tout ça ? Eh bien la conclusion est que, plus que sur d’autres points, la droite américaine reste figée dans sa prudence éthique et son assomption implicite de l’histoire de violence consubstantielle à l’appartenance des Noirs à la société des États-Unis ; et en aucune manière cette droite conservative n’entend courir le risque politique d’une reconnaissance de la souffrance historique des Noirs et de la nécessité de prendre publiquement sa part éthique et politique dans la lutte pour son atténuation sinon son éradication. Au contraire, elle préfère les fuites en avant, les jeux rhétoriques subtils. Consciente de la prégnance de la thématique de la discrimination dans l’histoire et la société américaines, cette droite substitue par continuité sémantique et lexicale la discrimination des femmes à la discrimination des Noirs. Illustrant par là le dicton anglo-saxon qui dit : “Women are the negro of the world” À la différence près que le monde n’est tout autre que la société américaine…
Binason Avèkes
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