Ce qui se joue à travers la symbolique réconciliation entre Houngbédji et Soglo ce n’est pas seulement un positionnement stratégique préélectoral à court terme. Mais c’est aussi la traduction d’une prise de conscience historique de l’unité de sang, de l’identité commune d’une race, d’un peuple celui des Adja/Tado/Fon/Goun et descendants d’Adhahouto. Identité longtemps mise à mal par la haine de soi à courte vue, les passions fratricides et autodestructrices, la logique de division et les jalousies tenaces. Faiblesse exploitée sans vergogne par les hommes politiques, notamment Kérékou, qui s’est illustré au cours de ses trente ans de règne à la tête du pays dans l’art subtil d’agréger autour du Nordique dont il concentrait la personnification politique, tous ceux qui, comme les Yorouba/Nago qu’il a fait prospérer à cet effet, auraient des raisons historiques d’en découdre avec les Fons et assimlés. Et le flambeau de cette idéologie tribaliste, inspirée par la politique de "diviser pour régner", a été repris par Yayi Boni ; un
Le geste symbolique de la réconciliation entre Soglo et Houngbédji, qui renvoie au rêve d’une réconciliation rétrospective entre Toffa et Glèle/Béhanzin, ou même entre les Trois fils d’Adjahouto dont la discorde à tissé la corde de toutes les discordes, cette réconciliation est une preuve de prise de conscience sur le chemin de l’unité de conscience. Conscience que la division et ses séquelles funestes ont trop duré ; conscience que divisés nous sommes faibles et unis nous sommes forts ; conscience que dans un monde globalisé le fait que les membres d’un même groupe historique comme les Adja/Tado et descendants d’Adjahouto ne puissent pas s’unir est une aberration condamnée par l’histoire. Conscience que nous ne pouvons pas continuer à noyer le poisson de nos divisions dans l'océan d'une hypothétique unité nationale avec les autres ; et que la meilleure façon de consolider le tout est de consolider ses parties. C’est ainsi et ainsi seulement que nous pourrions relever les défis auxquels le Bénin – du Nord au sud, de l’Est à l’Ouest – est confronté, dans une Afrique en marche, dans un monde qui bouge.
Plus qu’un geste de vigilance ou de stratégie, la réconciliation entre Soglo et Houngbédji est un geste d’avenir, et ce n’est pas pour rien qu’il a été inspiré par Léhady, un homme d’avenir…
Atanko Bertin
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