Réponse au Coup de gueule du Doyen OBQ
Quand on regarde rétrospectivement les conditions dans lesquelles les coups d’état intervenaient jadis au Dahomey ou en Afrique, on ne peut pas ne pas se demander si Yayi Boni n’est pas en train de pousser le pays vers la logique du coup de force. Cette logique a des éléments déterminants bien compris : non-respect ou mépris de la loi, conflits byzantins au sommet de l'État, corruption, blocage du dialogue politique et social, grèves permanentes, déception de l’espérance collective, trahison de la parole donnée, trahison du serment
Pour autant, l’attitude du gouvernement et de Monsieur Yayi ne laisse pas de susciter des questions. Avec tout ce qui se passe dans le pays, toutes ces conditions de désordre dont il est directement responsable, on se demande si ce n’est pas exprès qu’il pousse le bouchon un peu trop loin. Veut-il un coup d’État ? Comme dans le cas où les événements obscurs de Ouèssè on fait dire par sa propagande au monde entier qu’on en voulait à sa peau, alors qu’il s’agit vraisemblablement de vulgaires bandits, un coup d’État ou une tentative de coup d’État ne lui conféreraient-ils pas le beau rôle de la victime ? Et par conséquent ne se retrouverait-il pas du bon côté de la règle démocratique, lui qui pour contenter les troupes de son parti- état (anachronisme d’une époque révolue, qui rappelle les Mobutu et autre Eyadema) n’a de cesse de violer les règles les plus élémentaires de notre démocratie ? Est-ce que ce n’est pas ce qu’il cherche ? A pousser l’opposition vers la faute capitale de façon à en tirer le cas échéant tout bénéficie ? L’autre argument qui complète ce questionnement sans tabou c’est que nous avons tous eu l’occasion de comprendre la fureur narcissique qui caractérise la personnalité de Yayi Boni. Cette fureur refuse l’échec. On le voit avec le refus d’accepter le verdict des urnes, et le soutien implicite donné aux bandits qui refusent de laisser installer les conseils dans 24 communes. Et on peut se demander si cette fureur narcissique n’a pas fait son choix dans les cas de figure des issues électorales futures. Disons d’abord que cette fureur à complètement perverti la culture de l’échéance démocratique. En effet à peine élu Yayi Boni a fait de la nécessité du prolongement de son règne, sa réélection en 2011, son programme politique capital. Ce souci est devenu son obsession de tous les instants. Le fait qu’un président élu réalise son programme comme il se doit, en tire son bilan et, sur la base de celui-ci, bénéficie de la reconnaissance populaire pour une éventuelle réélection n’est pas son affaire à lui. Et avec son système de propagande il est parvenu même à naturaliser cette insanité. On parle de la prolongation de son mandat au-delà de 2011 comme d’une chose naturelle, allant de soi. Or dans un tel contexte, et eu égard à sa fureur narcissique, Yayi Boni a sans doute là aussi fait son choix dans les cas de figure possible. Ne préfère-t-il pas être renversé dans un coup d’État que de subir l’avanie d’une non-réélection en 2011 ?
En tout cas, le refus de dialoguer, la déception de l’attente populaire, le cynisme, le parti pris du conflit byzantin, bref, le désordre actuel, amène à se poser des questions. En effet, compte tenu du fait que Yayi Boni, sous les dehors d'un héros de l'avenir, est un homme dont l’inspiration politique tire sa source et ses références du passé, on peut se demander si inconsciemment ou non tout ce désordre savamment entretenu par lui ne vise pas à ressusciter de vieux démons de la politique par la force, quitte à faire une grande entorse à l’ère du Renouveau Démocratique, que nous chérissons tous au Bénin.
Aminou Balogoun
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