Idéogramme 151 : Le Business de la Cour Suprême

Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur… :

10 Taureaux contre 1 Brebis

À l’issue des élections municipales et  communales a surgi la polémique autour de la non-installation des conseillers. L’opposition pense que les contestations dès lors et parce qu’elles sont prises en charge par la Cour Suprême ne sont pas suspensives. Tandis que les tenants du  pouvoir, de par leurs actes de blocage des installations s’inscrivaient en faux contre cette lecture pourtant correcte de la constitution.

Depuis que tous  les élus en cause sont suspendus au travail de vérification de la Cour Suprême, chaque fois que les médias annoncent une infirmation ou une confirmation d’élection c’est souvent en faveur de la FCBE ou de la mouvance et aux dépens de l’opposition.  La dernière infirmation en date est celle qui voit l’éviction du conseiller Blaise Tchèkpo  d’Abomey en faveur du très yayiste Maxime Houédjissin, qui récupère la place de conseiller communal ainsi libérée de force ou de droit…

Ainsi, encore une fois, un candidat de la mouvance présidentielle est-t-il favorisé par le verdict de la Cour Suprême. La chose en devient récurrente,  systématique à la limite du trouble.  Parfois, pour une dizaine de taureaux bien dodus sacrifiés au pouvoir,  la Cour Suprême consent à favoriser une brebis chétive de l’opposition. Histoire de cacher son jeu pour mieux continuer à le jouer ?  La Cour roule-t-elle pour le Pouvoir ? En cette période où le Président lui-même n’hésite pas à avouer que c’est de lui que dépendent les décisions de justice et à en demander pardon le cas échéant, il n’est pas exagéré de poser la question. L’opposition ne doit pas dormir, elle doit rester en éveil et aider l’opinion à y voir clair. Par exemple, en obtenant et en publiant des statistiques claires des délibérations de la Cour Suprême sur les élections communales de 2008. Évidemment si sur 100 délibérations, il apparaît que 75 à 80 sont favorables au pouvoir, alors plus aucun doute ne sera permis sur le sens d’un tel score soviétique. Soit l’opposition a des moyens de tricher que le pouvoir ne connaît pas et qu’il essaie de rattraper légalement, ou soit le pouvoir se sert sans ménagement au gré de ses fantasmes…

La grande question qui se pose depuis qu’il est apparu que Yayi Boni n’est pas un ami de la Démocratie ( comme on dit du philosophe qu’il est ami de la Sagesse)  ce n’est pas de savoir si les institutions de contrôle et de vérification  de la légalité ou de l’effectivité des élections seront instrumentalisées ou pas, – tout le monde en ayant peu ou prou pris son parti – mais jusqu’à quel point elles le seront ! Autre question :  la Cour Suprême doit-elle servir comme institution de blanchiment des élus du pouvoir ? Doit-elle devenir une machine de rectification intégrale du vote des électeurs ? Est-ce là son  business ?

Éloi Goutchili

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