La prochaine fois, il faut éviter d’élire un président qui a une structure mentale portée à l’obsession compulsive. Car s’il y a une chose stérile et malsaine que Yayi Boni a filé à tout le pays et non pas seulement à la société et au landerneau politiques du Bénin, c’est l’obsession de la réélection avec tous les actes et décisions compulsifs qui s’ensuivent. Le thème de la réélection aura été tendu d’un bout à l’autre de son règne, et enfin de compte il aura surdéterminé tout le reste y compris la problématique du changement. Car en quoi a-t-on ou veut-on changer lorsqu’on reprend en pire ce qu’il fallait changer ? Chaque jour, chaque semaine, chaque mois et chaque année depuis son accession au pouvoir, tout le pays ne vit que sous cette chape de plomb obsessive. Cela en devient insupportable pour un esprit épris de liberté et normalement constitué. Monsieur Yayi a le droit d’être atteint d’un syndrome obsessionnel, mais doit-il pour autant contaminer tout un pays ? Et dans quel intérêt ? Qu’est-ce que le pays gagne à vivre chaque instant au rythme de l’obsession d’un seul homme au motif qu’il serait le Président ? Et en quoi cette obsession est-elle d’intérêt collectif ?
Or Yayi Boni, dès son installation, installe d’entrée l’atmosphère obsédante de sa réélection, comme problématique centrale, devenue l’inspiration de son action, de sa politique et de sa gouvernance. La précipitation avec laquelle il gouverne et prend ses décisions, leur récurrente vanité, le climat de surmédiatisation de ses faits et gestes, la monopolisation des médias, et l’atmosphère de campagne non-stop qui s’ensuit ; la sensibilité exacerbée de Monsieur Yayi aux élections et à la nécessité pathétique de les gagner, le caractère nébuleux de la désignation des membres de la Cour constitutionnelle, et d’une manière générale, le dressage des institutions de la République à des fins d’instrumentalisation, tout est fait avec l’œil fixé sur les élections de 2011 que Yayi Boni doit gagner ou périr. Car quoi, quelle honte d’avoir été élu à 75% des voix puis ne pas pouvoir avoir 50% 5 ans plus tard !
Annonce-t-il comme toujours dans un cafouillage monstrueux la gratuité des soins et de l’école primaires aux tout petits, c’est l’obsession de réélection qui le guide sinon pourquoi ne pas aborder les choses dans l’intérêt des choses-elles mêmes en se donnant le temps d’étudier les avantages et les difficultés de ces décisions ?
Annonce-t-il la gratuité de la Césarienne ou des frais de l’Université ? C’est toujours la même pathétique obsession de réélection qui inspire ces décisions, au risque comme toujours de créer plus de problèmes quelles n’en résolvent. Et il n’est pas jusqu’au concept éminemment douteux de gratuité dont l’abus ne participe à cette logique délirante de réélection dans laquelle s’insèrent en permanence tous les actes de Monsieur Yayi.
Construit-il deux ou trois ponts ? C’est l’obsession de réélection qui pousse le Président Yayi à s’arroger l’entière responsabilité dans l’avènement de ces ouvrages dont on sait pertinemment que leur projet et leurs études avaient vu le jour avant son accession au pouvoir. Et la construction annoncée à grands renforts de publicité d’un échangeur, un des fleurons de sa représentation aérienne de l’émergence ( Aéroport, Échangeur, Pont supérieur, Compagnie d’aviation, Hélicoptère, Voyages en Avion) tout cela est censé illustrer dans le ciel – l’endroit ou cela se voit le mieux – l’objectivité spectaculaire de l’émergence. Planer au-dessus d’un peuple affamé et qui croupit invariablement dans la misère depuis plusieurs décennies. Qu’est-ce qui motive cette approche aérienne de l’émergence et du changement si ce n’est l’obsession de réélection à laquelle, comme un holocauste et selon un mode compulsionnel pour le moins pathétique, chacune de ces décisions est sacrifiée ? Sacrifiées dans la mesure où malheureusement elles sont prises en pure perte, et ne relèvent pas d’un souverain bien comme le diraient les philosophes grecs. Le pont n’est pas le but du pont, la gratuité n’est pas le but de la gratuité, etc… Ne parlons pas de l’avion présidentiel qui fait trois petits tours et puis s’en va. Pourquoi annoncer à grands bruits l’acquisition d’un avion si c’est pour que l’instant d’après il disparaisse ? Est-ce bien raisonnable ? Quelle est cette conception délirante du progrès, de l’action ou de l’émergence qu’incarne Monsieur Yayi ? Ce mépris délirant du bon sens n’a d’autre sens que l’obsession de réélection. Et que dire des milliards qui sont quotidiennement jetés par la fenêtre, des millions ou des milliards qui sont distribués à tel pays voisin, à tels chefs communautaires, à tels responsables de groupes religieux, à tels pèlerins, dans un pays qui était en droit de voir le principe de la séparation de l’Église et de l’État scrupuleusement respecté !
Cette furie dans la gabegie, l’aveuglement compulsif qui la caractérise font partie intégrante de la psychologie d’un homme, Yayi Boni, dont il a semé les effets néfastes dans la conscience de tout un pays. Là aussi s’exprime, et il faut le dire clairement, la tyrannie. Car être affligé d’une névrose obsessionnelle compulsive est une chose, l’imposer par contamination à tout un pays est une autre chose. Et c’est là qu’intervient la tyrannie idiosyncrasique de l’obsession de réélection, qui n’est rien moins qu’un abus de pouvoir. Yayi Boni peut être obsédé d’être réélu Président, mais le Bénin et les Béninois ont le droit à la paix de l’esprit, la paix de conscience : Ériger une obsession idiosyncrasique en cause nationale, voilà une forme de Tyrannie dont il faut se purifier vite !
Aminou Balogoun
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