Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…:
Culture et Inculture
L’utilisation du téléphone portable dans les zones urbaines et notamment la capitale d’un pays développé comme la France, quoique sociologiquement déterminée, est assez révélatrice de réalités anthropologiques tenaces et pour une part inquiétantes.
Dans les Transports en commun, les Européens – les Blancs pour aller vite – regardent souvent l’écran de leur téléphone. Ils ont une utilisation plus intimiste et discrète de ce joujou indispensable qui en l’espace d’une petite décennie a envahi le quotidien. C’est qu’en effet ces usagers “Blancs” échangent des SMS ou des Texto, forme de communication écrite discrète – et peu importe l’orthodoxie syntaxique des codes utilisés. Les usagers africains en revanche – les Noirs pour aller vite – notamment les femmes entre 50 et 15 ans d’âge, au risque de griller leurs neurones, ont le téléphone collé à longueur de temps sur l’oreille ; et loin de valoriser la discrétion et la tranquillité, ils exhibent la malicieuse fierté de celui qui parle. Sans doute parce que culturellement, sociologiquement et philosophiquement pour eux, parler c’est être en relation et être en relation c’est être. Pour cette race d’usagers, le téléphone portable ne connote pas l’écrit mais le parler et la mise en jeu de ce qui est perçu comme un privilège existentiel et sociologique. Ils n’ont pas d’yeux pour ce nouveau dieu qu’est le téléphone mais n’ont que d’oreilles. Pour eux, le téléphone portable n’est pas un instrument visuel mais auriculaire et oral. Ce sont sans doute là les reliques de la fameuse culture de l’oralité dont la fierté poétisée par certains ténors de la négritude francophone ne laisse pas d’être ambigüe.
On peut imaginer que si on devait distribuer des téléphones portables à une horde de babouins ou de chimpanzés, ils tenteraient de les peler ou de se les jeter bruyamment à la figure comme s’ils avaient affaire avec un régime de bananes…
On ne change pas la nature des gens. Chacun reste fidèle à la sienne. Mais le lyrisme de l’oralité mis en valeur par les grands seigneurs de la négritude francophone – le vieillard africain, cette bibliothèque vivante… – correspond-elle à la frénésie urbaine du bavardage que déclenche chez les Noirs le téléphone portable ? Frénésie qui serait comme l’expression d”un refoulé, quelque chose d’atavique et de quasiment sanguin comme on dit que l’Africain aurait la danse dans le sang ? Ou bien leur incontinence salivaire et compulsionnelle, loin d’être un fait culturel au sens noble du terme, n’est un fait culturel qu’au sens sociologique du terme, c’est-à-dire rien qu’un révélateur d’une situation sociologique de pauvreté sur fond d’analphabétisme chronique ?
Éloi Goutchili
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