Je veux dire de la politique de bas étage – populisme, manipulation des masses, gesticulation et conditionnement médiatiques, commerce de notoriété, clientélisme, positionnement subtil, consensus frauduleux, syllogisme magique, instrumentalisation des institutions et des personnes, achat de conscience, division des opposants, culte de la personnalité, régionalisme, tribalisme, etc.... Bien sûr nombre de ses travers ne sont pas nés avec l’avènement du régime Yayi mais celui-ci les a portés à leur quintessence et en a fait le cœur de cible de sa méthode de gouvernement sinon de sa philosophie politique. Ces travers sont d’autant plus choquants, qu’ils sont administrés par un homme, Yayi Boni, qui n’a pas les qualités d’un tribun, parce que sans charisme et sans mot fort ; et dont la voix n’est pas de celles qui touchent le peuple au plus profond de son âme et le fait vibrer à l’unisson pour lui communiquer une vision forte.
Mais plus terre à terre encore, la raison pour laquelle un gars comme Yayi Boni fait de la politique, est qu’il est politiquement sans racine. Dès lors, il agit comme ces plantes grimpantes qui compensent l’indigence radicale par une profusion de feuillage.
Enfin, et c’est le plus triste, depuis l’indépendance de notre pays – à part d’être la vache à lait de quelque happy few qui du Nord au Sud s’entendent comme larrons en foire pour se remplir poches et panses – le Bénin, à l’instar de nombres de pays Africains – surtout francophones – n’est pas à développer. Et – aussi étonnant que cela puisse paraître – la vocation de ceux qui se disent hommes politiques n’est pas de développer quoi que ce soit. En tout cas pas le Bénin. Le Bénin n’est pas à développer ! Il est à maintenir en l’état par l’État. Si le Bénin était à développer depuis 50 ans, on aurait vu les prémisses des actes de développement. En lieu et place de ce marché noir de la corruption, si vivace, si enraciné et si florissant. Non, la vocation des hommes politiques n’est pas de développer le pays mais de maintenir et de faire tourner les conditions initiales de la fiction de nos nations. Fiction, du reste double : à la fois en tant que nations, et en tant que nations indépendantes. Le rôle des hommes politiques – souvent et à la vérité autoproclamés – c’est d’occuper l’espace et le temps ; amuser la galerie ; donner l’impression que nous sommes des hommes ; que nous sommes un pays, que nous sommes une nation, un État dont ils sont eux les dirigeants. Et ce en dépit de l’absence criante des preuves évidentes de ce système structuré de consensus frauduleux.
Faire ce sitcom – comédie de situation – et se faire payer grassement. Oh que dis-je, se faire payer ? Pire que ça : se remplir impunément les poches. Voilà pourquoi et comment, au vu de sa situation, Yayi Boni fait de la politique ! On comprend alors qu’il le fasse tout le temps !
Ahokponou Barthélémy
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
L'article porte sur ceux qui sont au pouvoir. Mais la dernière section sur laquelle vous avez jeté votre dévolu militant, généralise en effet la réponse à la question. Mais cette faille ne saurait occulter l'idée première de la question qui porte sur la méthode Yayi, en regard du cursus biographique, intellectuel et politique de ce dernier. Cette race de gens qui doivent tout à l'état et dont le fait qu’ils sont en politique traduit l'illustration et la défense de cette dette. Celui qui en son temps est le "Nordique qu'il a fallu pour avoir telle bourse universitaire, le Nordique qu'il a fallu pour occuper telle place dans l’administration et en tant que cadre et qui en tant que Béninois doit prendre tel poste international, se retrouver à la BOAD. etc. Tous ses fils privilégiés de l'Etat, qui restent accrochés aux mamelles de la nation du berceau à la tombe, et qui prétendent ensuite donner à leur combat d'arrière garde une intention populaire tout à fait suborneuse. Mais d'une manière plus spécifique, la question porte sur la méthode politique de Yayi : pourquoi cette politisation à tout crin et à tout bout de champ ? Eh bien parce que Yayi Boni est sans racine politique, et veut faire une révolution personnaliste avec des objectifs et des moyens surannés ; cette frénésie de manipulation de gesticulation populiste, cette démarche complexée et complexuelle du plébéien profane qui hante la cour des grands ; et croit qu'on retournerait les masses pour tel ou tel effet d'annonce stupide ou de commerce de notoriété imbécile. Nommer le fils d'un ancien Président dans son prochain gouvernement, saisir par devers celui-là le fils indigne d'un autre président pour asseoir sa gloire et son succès, tout ça vole bas ; et c'est cette méthode qui est interrogée ici, même si l'honnêteté intellectuelle a conduit à généraliser la question, au risque de se voir poser des questions, comme celle-ci d’une perfidie cocasse et un tantinet vicelarde
Rédigé par : B. A. | 05 septembre 2009 à 13:01
Cher ami, bravo pour votre clairvoyance ! Il ne vous a pas échappé que cette extension a été esquissée et sous-entendue. Même si l'article que vous avez commenté avec une assiduité militante assez renversante, est exclusivement consacré à Yayi Boni et à ses conneries débiles...
Rédigé par : B. A. | 05 septembre 2009 à 12:56
Ainsi donc vous nous brossez brillamment pourquoi Amoussou Bruno, Sefou Fagbohoun, toute la famile nucléaire N&R Soglo et tant d'autres font de la politique.
Rédigé par : Thomas coffi | 05 septembre 2009 à 10:35