On aurait pu mettre à l’actif du Changement le fait que la mémoire d’un juge qui a été sauvagement assassiné dans la foulée des élections qui permirent son avènement, – meurtre qui par certains côtés se trouve obscurément mêlé aux conditions politiques de sa possibilité ; que cette mémoire d’un noble serviteur de l’État ait bénéficié d’une justice rendue, qui aille à son terme ; désigne clairement les coupables et les juge comme cela se doit dans un État de droit digne de ce nom. Or, il n’en a rien été, et ce crime crapuleux reste à ce jour non-élucidé comme si le changement n’en avait cure si ses tenants n’en sont pas les auteurs ou de mèche avec eux ; comme s’il avait tout intérêt à ne pas les démasquer ; comme si le bon fonctionnement de la justice et la rationalité légale n’étaient pas la tasse de thé d’un pouvoir qui se dit pourtant du changement. Vu les conditions inaugurales dans lesquelles ce juge fut tué, si le changement était sain et voulût le prouver, il aurait mis un point d’honneur à rendre justice à sa mémoire. Et on aurait mis cet honneur à son actif. Or il n’en est rien ! Quel paradoxe pour un Juge de se voir dénier Justice, même dans la mort au service de l’État ! N'était-il qu'un holocauste ?
Amida Bashô
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Au moment où le juge fut tué, l'Affaire était jugée suffisamment grave pour que sur la base de frêles présomptions, on arrêtât le Maire de la ville où eut lieu le meurtre. Mais après que celui-ci eut été mis hors jeu et d'une manière qui neutralisa son influence dans les événements politiques décisifs qui allaient ouvrir la voie à l'accès au pouvoir de l'actuel Président, l'affaire tout à coup perdit de sa gravité et se refroidit moralement et juridiquement ; le présumé coupable fut élargi, et de fil en aiguille évolua en héros de la transhumance politique ; et dans l'oubli de la mémoire du juge assassiné on retourna aux affaires habituelles sur le mode du business as usual...
Rédigé par : B. A. | 29 septembre 2009 à 07:18