Dans son interview de l'indépendance, Yayi Boni joue les économistes. Il dramatise l'état économique de la nation, en minimisant ses propres responsabilités, la crise ayant bon dos. Puis il se répand dans une longue explication, tissu de truismes et de banalités éculées mais suffisamment techniques pour apparaître comme le discours de celui qui s’y connaît en matière de finance et d’économie... L’air de dire « la crise est économique, elle ne dépend pas de moi, elle est mondiale mais voyez-vous, en économiste, je comprends tout cela et suis le mieux placé pour y remédier » Bref, il endosse l’habit du Docteur. Oubliant au passage que sa doctrine ne lui a fait rien voir venir... Paradoxe... Le but de la manœuvre est
A moins de deux ans de la fin de son mandat, le voilà qui déroule à nouveau la bande magnétique des belles promesses et de beaux plans d’économistes dont les trois années qui ont précédé ont pourtant montré les limites sinon l’inanité politiques. D’où lui vient cette ardeur à endormir les gens ? Malgré la grande indigence du taux d’application de son programme de 2006, pince sans rire, le voilà qui remet le même disque lénifiant des projets et promesses faussement éclairés dont la résonance développementiste, croit-il, devrait faire mouche sur l’esprit d’un peuple assoiffé de rêve et de progrès.
Le discours entretient plus d’un paradoxe. Il montre la mauvaise foi d’un Président irresponsable, prompt à se défausser sur les autres et à rechercher en toute chose un bouc émissaire commode au moment même où il se fait le chantre de l’éthique de la responsabilité. Par ailleurs, comble de l’absurdité, alors que la circonstance s’y prête le moins, le Président endosse le manteau subtile du Docteur-Économiste-Banquier sans rougir le moins du monde de l’incapacité du savant qu’il campe à prévoir une crise érigée en deus ex machina du drame politique dont il se veut l’impérial metteur en scène... En déniant ses responsabilités et ses travers tyranniques, en minimisant les graves conséquences de son amateurisme et de sa mauvaise gouvernance, le président croit pouvoir faire oublier sa propre participation à la résurrection de la culture de pillage des ressources et d’impunité à laquelle son élection en 2006 était censée mettre fin. Mais ce peuple du Bénin dont la maturité politique a déjà surpris plus d’un en Afrique et dans le monde sera-t-il dupe de ces mamours à dormir debout ? A trop vouloir bercer l’enfant, il est à craindre qu’il ne se réveille pour de bon…pour de vrai !
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.