Cynisme et Deux poids deux mesures
Yayi Boni est un type qui prospère dans l’irrationalité la plus obscure et dans l’obscurantisme le plus irrationnel.
À en juger par les échos de l’actualité politique, apparemment le Président de la République déplore l’outrance de ton et les mots que la presse ces derniers jours a prêtés aux dirigeants de la RB, notamment à sa présidente Rosine Soglo qui parla de “mener la guerre à Yayi Boni” . Métaphore polémique digne d'une Amazone.
Entre “mener la guerre à Yayi” et “provoquer la guerre civile”, la confusion est vite faite dans l’opinion et le pas tout aussi vite franchi par les politiques. Quoi qu’il en soit, il paraît responsable de la part du Président de chercher à calmer le jeu. Mais lorsqu’on songe que ces propos entrent dans le cadre d’une campagne précoce que Monsieur Yayi est le premier à avoir initiée en usant de sa fonction et des moyens de l’État, alors ça coince.
Mais plus grave encore, on s’aperçoit que Monsieur Yayi sélectionne savamment et Ô combien cyniquement les cas d’atteinte à la paix, à l’unité nationale, à la cohésion sociale, et au respect des règles démocratiques. Selon lui, il y en aurait des bons et des mauvais. En effet pourquoi parle-t-il maintenant alors qu’il est resté muet comme une carpe perfide lorsque son Ministre Fagnon avait tenu naguère des propos incendiaires, régionalistes, intolérants et antidémocratiques ?
Cet esprit sélectif irresponsable n’est pas seulement le fait d’un égoïsme de la passion politique. Il est surtout un concentré de cynisme bestial, d’obscurantisme antidémocratique et pour tout dire irrationnel. Affligeant de la part d’un type qui se dit garant de la rationalité légale et se fait appeler pince sans rire Docteur. Docteur de quoi ? Foutaise !
Aminou Balogoun
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
Deux choses à relever dans cette explication entée sur des rappels sociologiques et historiques qui ne manquent pas de pertinence.
1) Ce sont le gouvernement et surtout son chef qui sont garants du respect de la Constitution ; et non l'opposition qui, du reste, n'est pas déclarée.
2) Défendre son fief en démocratie est une attitude universelle ; il est vrai qu'en Afrique cette attitude est fortement influencée par la culture de régionalisme. Mais le mauvais esprit démocratique ne doit pas être pris pour la norme ; et le changement c'est aussi cela, surtout de la part d'un homme, Monsieur Yayi, qui est venu soi-disant pour apporter le changement.
Quoi qu'il en soit, défendre son territoire ( à moins qu'on confonde démocratie et éthos de la savane) ne signifie pas interdire aux autres de venir chasser là-dessus. Car c'est cette chasse généralisée qui fait l'essence de la démocratie. Et il n'y a pas de chasse gardée légalement reconnue par la constitution.
Enfin, ce qu'il faut souligner et qui constitue la gravité du forfait décrié ici, c'est que l'acte incriminé provient d'un Ministre en exercice... Et cette distinction est d'ordre rationnel...
Rédigé par : B. A. | 28 août 2009 à 23:33
Cher Aminou Balogoun
Le champ politique est-il le domaine du rationnel par excellence ? Je vous laisse répondre à la question. J'aurais souhaité comme vous qu'il en soit ainsi.
Venant au cas du Ministre Fagnon dont on a tant décrié à juste titre les propos, ma réaction à la lecture de ses déclarations fut une grande colère que j'ai dû vite calmer lorsque l'évidence se fit en moi qu'une telle attitude est consubstantielle à notre système socio-politique tel que ces acteurs l'ont construit et le pratiquent depuis les indépendances. Que defendaient à juste titre les G4, G13 et consorts lors des dernières municipales ? Leur fief respectif que les FCBE voulaient sinon conquérir du moins en violer l'hégémonie acquise ad vitam aeternam avec droit de legs de père en fils. D'ailleurs le PR Soglo n'a-t-il pas déclaré récemment à propos du PR Yayi Boni qu'il s'est permis de lancer une opération de conquête de la mairie de Cotonou. Que Le ministre indélicat voulant aussi se constituer son fief à Dassa en vienne à tenir des propos que nous condamnons tous ne relève donc pas d'une hérésie solitaire mais d'un agir déterminé par les traits du système que tous les bords exploitent à leur profit. ILl serait bien étonnant de s'attendre à ce que Yayi Boni prenne les devants pour le condamner alors que c'est une aubaine tombée dans l'escarcelle de ses opposants. C'est le système qu'il faut condamner dans son ensemble et cela à travers l'histoire. Kerekou n'avait-il pas tenu des propos nocifs du même genre lors des élections présidentielles de 2001 dans le journal Jeune Afrique Numéro 2093 du 20 Février 2001 que j'ai conservé par devoir de mémoire?: A la question du journaliste:
"Pour la première fois, vous allez être confronté dans le nord, votre chasse gardée, à deux adversaires déterminés: Le colonel Soulé Dankoro et Saca Lafia"
"Les marionnettes et les candidats fantoches ont toujours existé. La candidature de ces messieurs a été suscitée pour diviser les électeurs du Nord ou pour amuser la galerie..."
Voilà ce que fut en son temps la réponse du héros du dit renouveau démocratique. Cela se passe de commentaires. Pas une seule voix de la classe politique ne s'était élevée à l'époque pour fustiger ces propos jetés aux yeux du monde, pas dans un meeting de sympathisants dans quelque obscure localité du Nord. Pourquoi le feraient-ils, on allait réélire Kérékou chacun conserverait son pré-carré et le fossoyement de l'économie continuerait dans le silence convenu. On menaçait à l'époque de faire connaître le sort du journaliste Zongo à des journalistes qui osaient écrire que des fraudes massives se préparaient. Les Mangeurs du Régime, ministres compris disaient à haute voix qu'il n'y aurait pas de second tour. Les prefets avaient reçu les consignes formelles avertissaient-ils... Ayant vécu et prospéré dans un tel contexte comment voulez vous qu'un ministre Fagnon fort des 75% de son chef ne commette pas des sacrilèges à la démocratie? Quand aux cris d'orfraie des Soglo je ne serais pas étonné que les suites de la dernière descente de L'IGE dans leurs comptes n'en soit pas une des causes. Et toujours le double jeu. Pendant que les aînés bombent le torse, le junior s'empresse dit-on de calmer un éventuel effet boomérang. De toute façon c'est maintenant clair, aucun changement ne viendra d'une classe politique où tout le monde se tient comme disait quelqu'un récemment. Qui change qui ? Qui change quoi ? avait prévu un autre en 2006. Alors parlez moi de rationnalité et d'irrationnalité dans un tel contexte.
Thomas Coffi
Rédigé par : Thomas coffi | 28 août 2009 à 20:25