Professeur Zonon : Es-tu au courant de l’actualité économico-politique du Bénin ?
Dr H2O : Laquelle ?
– Ce que les médias appellent la concession du Port de Cotonou à Bolloré...
– Ah oui, j’en ai entendu parler... ! Et je dois dire que par certains côtés cela me semble louche et même scandaleux. Les médias donnent l’impression de fierté d’avoir affaire avec ce Bolloré. Ça pue le complexe, ou alors, je ne m'y connais pas …
– Scandaleux ! Dans mon immeuble à Paris, j’ai fait un constat, tout aussi scandaleux…
– Lequel ?
– C’est à propos des femmes. Eh bien lorsqu’une femme noire est jeune et belle, elle appartient systématiquement à un Blanc, généralement vieux et gringalet ;
– Ah oui...
– Et ce n’est pas fini...
– Ah oui ?
– Et quand une blanche est laide et vieille, elle est au bras d’un Noir, jeune et beau...
– Normal, c’est ce qu’on appelle pudiquement la détérioration des termes de l’échange
– Entre Noirs et Blancs depuis des siècles ça a été toujours le cas, ma parole...
– Mais je ne vois pas le rapport entre Bolloré et cette histoire de femmes.
– Eh bien c’est simple : le port de Cotonou, c’est cette femme noire jeune et belle, et au hasard, je dirai que l’hôpital de Cotonou, qui est à quelques encablures du port, est la vieille femme blanche et laide.
– Est-ce que tu peux élaborer ta double comparaison... ?
Eh bien quand les choses sont juteuses, elles reviennent aux Français, l’ex-colon et actuel néo-colon. Quand elles sont sans intérêt, alors le Français les file aux Noirs...
– Je crains que ta métaphore ne tienne pas la route, l’ami
– Pourquoi ?
– Eh bien, il me semble que quand le port sera bien géré et tournera bien, l’état béninois aura sa part des bénefs, pas vrai ?
– Pour ce qui est d’être bien géré, je suis d’accord. Bientôt on multipliera par 5 ou 10 les performances du port, on montrera des chiffres prodigieux, mais est-ce que cela veut dire que la part des bénéfices de l’état béninois sera pour autant multipliée par 5 ou 10 ? Permets-moi d’en douter, cher ami. Car si c’était le cas, pourquoi Bolloré ne prend-il pas en charge l’hôpital de Cotonou qui en a bien besoin...
– Alors où se trouve l’intérêt pour Yayi dans cette cession au groupe français ?
– Eh bien l’intérêt est dans les chiffres et l’activité. Un port qui tourne bien, même si l’intérêt du pays concessionnaire n’est pas fabuleux, permet bien d’étayer la rhétorique émergentiste cher à Yayi Boni. C’est un peu comme les ponts supérieurs et les échangeurs : pour l’heure, ils n’apportent rien de plus aux caisses de l’état, et leur apport au citoyen moyen est très limité, mais ils permettent de faire croire au discours de l’émergence...
– Dans une certaine mesure, il y a du vrai dans cette idée...
– Et ce n’est pas tout !
– Ah bon ?
– Le Groupe Bolloré est un fleuron de la branche entrepreneuriale de la nouvelle Françafrique sous l’égide décomplexée de Sarkozy. Et lorsqu’on connaît l’impact du pouvoir conservateur de la Françafrique partout où ses intérêts sont en jeu, se placer sous son aile, pour Yayi Boni, est un bon investissement politique...
– Je vois, Yayi Boni est donc prêt à tout pour s’assurer d’être réélu, même s’il faut pour cela remettre notre pays dans les fers de la colonisation. Il l’avait entamé avec Brice Hortefeu sur le plan politique, le voilà qui remet ça avec Bolloré ! Ah, que c'est scandaleux !
– Je ne te le fais pas dire, l’ami !
HODONOU ODJO
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
Tout cela est bien vrai, et fort bien relevé. Mais il est aussi vrai que depuis David et Goliath, on sait que l'issue de certains combats n'est pas toujours écrite d'avance. Aussi petite soit-elle, il arrive à la fourmi de faire danser l'éléphant ; enfin, il y a manière et manière de se faire manger. La Françafrique à mon sens n'est ni une fatalité ni une excuse à bien des travers qui minent notre présent et hypothèquent notre avenir
Rédigé par : B. A. | 12 août 2009 à 18:45
"ils veulent l'indépendance...qu'ils la prennent"ces mots de feu De Gaulle semblent bien dérisoires et risibles devant la gorgone sarkozyste décidée à étouffer la "proie panafricaine" par ses multiples tentacules:les afroprésidents marionnettes. la nouvelle conception semble plutôt discrète mais ne manque pas d'éfficacité à travers la notion:"gardez les feuilles,les racines nourricières sont miennes"
Rédigé par : Guévara NONVIHO | 12 août 2009 à 16:28
La Françafrique: Nous avons affaire à un système surpuissant, une véritable nasse qui vous étouffe si vous tentez de désserrer quelque peu son étreinte. Yayi Boni n'y peut Rien. La volonté d'un seul individu n'est que fétu de paille face à l'hydre tentaculaire. Faisant le constat de nos échecs il ne nous reste qu'à nous organiser (bien vain mot diront certains) à l'échelle continentale pour ne pas sombrer face au rouleau compresseur de la dite "globalisation", la Françafrique n'étant qu'une composante parmi tant d'autres des forces asservissantes qui vont nous enserrer de plus en plus.
Rédigé par : Thomas coffi | 11 août 2009 à 14:05