Besoin d’être Défendu
La reformulation est une pratique de communication qui consiste à formuler des pensées de façon plus claire. Ce n'est pas de l'empathie. Elle ne cherche pas à faire parler d'avantage son interlocuteur, ni à le convaincre. En cela, elle est assimilable à un comportement assertif.
La reformulation est surtout utilisée par les analystes, les psychologues, et parfois par les orateurs et avocats. Dans ce dernier cas, elle porte aussi bien sur les pensées que les actes. Dès lors, plus qu’une pratique de communication, elle confine au procédé rhétorique.
« Parlons du dossier CEN-SAD, dit-il, et regardez vous-même ce que dit le Chef de l’état à ce propos :
1. que lui, le Président de la République ne va pas au Conseil des Ministres, sauf s’il a un point particulier et un dossier particulier, et que ce dossier n’étant pas assez important pour qu’il y aille
2. qu’il avait même oublié qu’une communication est passée en Conseil des Ministres sur le dossier CIC Palais des Congrès et que c’est le Secrétaire Général du Gouvernement qui le lui a fait découvrir
3. que c’est en lisant ce document qu’il a découvert qu’il n’y avait pas de dossier d’appel d’offre, pas de marché public, pas d’adjudicataire : 7 milliards !!!
4. qu’il pensait que le dossier a été géré par le Ministre de l’Urbanisme, et que c’est en lisant le rapport de l’IGE qu’il a su que c’est le Ministre des Finances qui l’a géré
5. mais que lorsqu’il a interpelé le Ministre des Finances, ce dernier lui à répondu « Mr le Président j’ai agi dans le cadre de la délégation que vous n’aviez donnée », c’est-à-dire sur vos instructions.
Si ce n’était pas du Bénin qu’il s’agissait et de 7 milliards de nos francs dilapidés dans un contexte de pauvreté, on conclurait seulement qu’il s’agit de la Cour du Roi URU, on en rirait et on passerait à autre chose.
6. Mais tout de même ! il est PR, Chef de Gouvernement, Chef de l’Etat, dans un régime présidentiel, et en tant que tel, c’est lui qui préside le Conseil des Ministres, et lorsqu’on a été Ministre une foi dans sa vie, on sait que le Conseil des Ministres non présidé par le PR ne peut prendre aucune décision et l’exécuter sans qu’il en ait été d’abord informé et sans qu’il l’ait avalisée
7. plus grave, il avoue avoir pris une ordonnance pour mettre en exécution un collectif budgétaire de 197 milliards sans en connaitre le contenu
8. non, ce n’est pas ubuesque ; c’est tragique. A quoi sert-il alors ? Que dirige t-il alors ? Que contrôle t-il donc ? De quoi est-il informé alors, s’il ne sait rien, s’il ne suit rien. Comment convaincre les Béninois que le Président ne sait pas qui fait quoi dans son propre Gouvernement ?
9. En réalité, il savait bien ce qui se passait et la réponse de LAWANI est claire : « j’ai agi dans le cadre de la délégation que vous m’avez donnée.» Cela signifie dans le cadre des instructions que vous m’avez données. YAYI BONI savait.
10. Ce qui est comique par contre, c’est la ligne de défense qu’il a adoptée lorsque l’affaire a commencé à sentir mauvais. Au lieu d’agir, il a voulu gagner du temps, camoufler, dissimuler sa responsabilité personnelle.
• Si non, comment comprendre que lorsque les bruits de surfacturation arrivent à ses oreilles, il déclare qu’il attendait les députés, qu’ils mettent sur pied une commission d’enquête parlementaire, … et il les a attendus 3 mois.
Vous croyez-ça vous ? Surtout des députés qui sont majoritairement de son bord ?
Ce n’est pas le rôle des députés, car ils ont tiré sur la sonnette d’alarme, ils l’ont alerté.
• après 3 mois, il a saisi l’IGE. Mais vous savez au Bénin, les choses de ce genre ne restent pas cachées longtemps. Nous étions déjà tous au courant de ce qui s’est passé à la CEN-SAD. Mais l’IGE a déposé son rapport en avril. Il lui a fallu encore 3 mois pour l’introduire en Conseil des Ministres. Pour gagner du temps !
• Comme si ça ne suffisait pas, il crée un Comité ministériel pour approfondir le rapport de l’IGE.
• Et comme il lui faut encore gagner du temps, il crée la Commission KPOGNON.
11. Oui, tout cela est comique, car sa complicité et sa culpabilité sont évidentes : c’est lui qui a pris l’ordonnance envers et contre tous ; et c’est lui qui a instruit le Ministre des Finances.
12. Alors par respect pour le peuple béninois, il faut que cette comédie s’arrête. Le Bénin est un état de droit. C’est pourquoi :
• Comme dans un Etat de droit, le Rapport de l’IGE ne peut pas être soumis à une commission administrative. »
Dans le cas d’espèce reformulation a une intention rhétorique évidente ou expresse. Nous sommes loin des effets d’empathie des psychologues. Au contraire, il s’agit de mettre à nu ce qu’à voulu cacher l’adversaire ou l’interlocuteur. Là où il met dans l’ombre, on met en lumière, là où il nie, il faut affirmer, là où il pratique de l’euphémisme, il faut faire de la litote voire de l’hyperbole, là où il met sous cape, il faut dramatiser.
La reformulation ainsi pratiquée est un acte de salubrité démocratique. Surtout dans un système qui s’enferme dans la pensée unique, la confiscation de la parole, et la monopolisation des médias par le pouvoir. Toutefois, en bon opposant, Maître Adrien ne se contente pas de reformuler. Sur le sujet spécifique qui a suscité la reformulation, il va plus loin et fait des propositions responsables.
C’EST POURQUOI, dit-il, JE PROPOSE QUE :
« 1.• Le Rapport de l’IGE et le dossier qui l’accompagne soient immédiatement transmis tels que à la Justice : c’est à elle de faire des investigations complémentaires.
2. • La liste exhaustive des bénéficiaires des malversations soit rendue publique.
3. • Les volets du dossier non encore étudiés par l’IGE (notamment le volet sécurité) soient examinés par cette institution
4. • Les audits commandités à son arrivée au pouvoir en 2006 soient enfin publiés.
Par ses temps de crise économique et de difficultés de
trésorerie,
5. • Le Président YAYI BONI réduise le train de vie de l’Etat : 30 Ministres c’est beaucoup trop Son cabinet est pléthorique, car il y a nommé tous ceux qu’il a révoqués de leurs fonctions. Il doit se séparer des Collaborateurs dont les actes de mauvaise gestion et de malversation sont avérés (je pense au Ministre FAGNON dont le dossier de gestion de la SONAPRA circule de main en main. Le Gouvernement ne doit être ni un refigium peccatorum, ni une caverne d’Ali Baba. »
Par sa réaction aux explications surréalistes de Yayi Boni sur le dossier scandaleux de la Censad – deuxième sortie en l’espace d’un mois -- le Président Adrien Houngbédji montre qu’il est maître dans l’art de la reformulation. Il administre cette maitrise avec un sens aigue de la responsabilité. Et au-delà de la reformulation, il rappelle à ceux qui l’auraient oublié, qu’il est un homme de loi, un avocat de métier. Accoucheur de vérité, et défenseur des faibles, c’est-à-dire en l’occurrence de nous tous, le peuple. Si 2006 s’est joué sur le thème trompeur et pseudo-scientiste du docteur sauveur de la nation, accouru à son chevet, la dure expérience du désenchantement et de la trahison subie par le peuple suscite en lui le besoin d’être défendu. Et, à ce légitime besoin, qui d’autre peut répondre qu’un vrai Maître ?
Aristide Bodéa
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Maitre, I would like to meet with you during my vacations in Benin in coming August 2010 and discuss your perspectives for the future of the country. Should you have a chance please email me at [email protected] to tell me your calendar for that particular time frame. That way we will communicate and get to know each other more before the meeting takes place in Cotonou
Rédigé par : Katta Nicolas . New York State Department of Finance and Taxation | 23 avril 2010 à 01:14