Conférence de presse de Célestine Zanou, à la rhétorique très biblique construite sur le mode du double décalogue ; avec d’une part les 10 constats de la mal gouvernance, suivis de propositions qui sont autant de commandements ; et d’autre par les 10 reculs par rapport à la référence des acquis de la Conférence nationale. Résumé :
I. Tout d’abord les constats d’échec:
Mon Constat
Le manque du sens de l’Etat au niveau des dirigeants actuels se traduit par :
· L’absence d’une conscience claire de la souveraineté.
· Le choix des hommes à des postes de responsabilité est sujet au clientélisme et à l’appartenance à la même chapelle.
· Le manque de clairvoyance dans l’établissement d’une échelle des priorités de l’Etat justifie les engagements hasardeux, précipités et inconséquents.
· Le non-respect des lois et des institutions de la République.
Cas des élections locales, communales et municipales jamais conduites à terme depuis plus d’un an, ce qui n’émeut guère le garant de la constitution; caporalisation des institutions de la République sans état d’âme.
Un adage de chez nous dit : « On ne refuse pas à un enfant de labourer le champ la nuit. Quand il aura perdu la trace des sillons, il reviendra tout seul à la maison. » Nous attendons donc le grand retour…
PILOTAGE ECONOMIQUE DESASTREUX
Mon Constat
· La gestion hasardeuse des finances de l’Etat. Les OP sont passés de 10 milliards en 2006 à plus de 22 milliards en 2008; les décaissements non autorisés par l’Assemblée
Nationale en violation de toute orthodoxie financière.
· La passation des marchés gré à gré est devenue la règle, sous prétexte de prétendus travaux urgents, prioritaires et indispensables (cas des travaux de réfection du CIC et du Palais des Congrès dans le cadre de la CEN-SAD).
· Pour la lutte contre la corruption, l’échec est patent, et pour cause : la non publication des audits de gestion réalisés aux frais du contribuable, l’opacité autour des recettes issues de la gestion de l’escorte des véhicules d’occasion, la banalisation des alertes lancées par les députés sur la mauvaise gestion des ressources de l’Etat, etc.
· Un secteur privé national sacrifié ou marginalisé, quand ses acteurs ne sont pas tout simplement contraints à l’exil.
· Absence d’un Programme de Gouvernement, c’est-à-dire des objectifs clairs déclinés en actions avec des échéances et des indicateurs de performance.
Mes propositions
· Restaurer la discipline budgétaire en respectant le Parlement dans son rôle d’autorisation préalable des dépenses publiques.
· Lutter contre la corruption en faisant des choix clairs: engager un cabinet d’audit international pour faire la lumière sur le dossier CEN-SAD et faire l’option de la séparation des fonctions et des gains politiques et économiques, car derrière les sociétés adjudicataires se cachent bien de noms.
· L’amateurisme et l’improvisation doivent faire place à une gestion planifiée et efficiente des ressources humaines et financières.
· Au nom de la transparence, de la fin de l’impunité et de la reddition de comptes, traiter au mieux les dossiers SBEE, SONEB, Loterie Nationale du Bénin, Microcrédits, GSM et
Fonds de l’Escorte.
· Le secteur privé doit prendre toute sa place pour un développement économique harmonieux et durable.
TRAITEMENT SOCIAL INEGALITAIRE
Mon Constat
· Des politiques sociales improvisées et à relents électoralistes sont devenues monnaie courante.
· Les Ministres et autres hauts fonctionnaires sont réduits à des microcosmes villageois, leur enlevant tout sens de l’Etat et créant des frustrations chez ceux qui n’ont pas les leurs promus.
· La région et la religion sur un tapis d’allégeance politique au chef remplacent la compétence et le mérite dans le positionnement des cadres et l’attribution des marchés publics.
· Selon le dernier rapport du Syndicat de l’Administration Centrale des Finances, l’Administration publique béninoise est politisée et régionalisée. Le dépouillement d’un sondage ayant porté sur 218 Agents montre que les critères de nomination dans l’Administration sont : l’appartenance politique suivie de l’appartenance régionale puis religieuse. Nulle part ne se trouvent la compétence et autres critères objectifs connus, tels que l’expérience, l’ancienneté et la compétence. Il y a là un véritable problème pour le rendement dans l’Administration qui conjugue désormais des frustrations, alimente des querelles interpersonnelles et qui soumettent les travailleurs à une psychose constance d’instabilité à leur poste, du fait des renouvellements fréquents de gouvernement et de la guerre ouverte aux honnêtes gens.
Mes propositions
· Libre cours doit rester à l’ascenseur social pour la promotion de la compétence et du mérite.
· Privilégier des politiques sociales qui prennent en compte le grand nombre en lieu et place des actions démagogiques, ostentatoires et à visées électoralistes: micro crédit aux plus pauvres, gratuité césarienne, gratuité des inscriptions à l’Université etc..
· La République doit rester un recours impartial pour tous et aucun agent de l’Etat ne doit se sentir marginalisé pour des raisons ethniques, religieuses ou politiques.
· L’argent doit cesser d’être le roi et le maître en tout donnant ainsi la chance à l’homme « ETRE » en lieu et place de l’homme « AVOIR ».
DEBAT POLITIQUE BIAISE
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Mon Constat
· Une initiative digne des périodes monarchiques a bâillonné la presse béninoise dans sa grande majorité, avec la signature de contrats aux clauses plus évocatrices de la volonté des hommes du pouvoir à s’ériger en détenteurs uniques de la vérité. Ceux qui veulent rester professionnels sont menacés voire persécutés. Ce sont là l’une des causes de la régression du Bénin dans les classements régionaux et internationaux et le prochain rapport des reporters sans frontières n’augure pas de perspectives meilleures.
· Les hommes politiques qui expriment ouvertement leurs désaccords par rapport au pouvoir en place n’ont plus droit aux antennes des médias publics et même aux espaces publics d’échanges. Ainsi, on assiste à une monopolisation de l’image et des espaces par les chantres du Changement avec, à l’appui, des marches de soutien télécommandées qui infantilisent la population et désacralisent nos valeurs socioculturelles et les hommes qui en sont les garants (manipulation de têtes couronnées).
· La statut de l’Opposition s’est écarté de l’esprit et la lettre de la loi de 2004.
· Les libertés syndicales reconnues mondialement sont bafouées sous des prétextes fallacieux défendus par un ministre de l’Intérieur vite démenti par le Maire de Cotonou.
· Les démons de la division sont plus que jamais de retour, aussi bien dans les familles, dans les partis que dans les régions et le pays tout entier.
Mes propositions
· Redorer le blason de la presse et des médias terni par trois années de gestion autocratique afin que la liberté retrouvée et assortie d’une action de veille démocratique reste la sentinelle du développement et de l’image de notre pays.
· Surseoir aux manipulations des consciences à coups de billets de banque et d’intimidation et à l’assaut des instruments de contre-pouvoir que sont notamment le Parlement, la HAAC , la CENA, etc.
· Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire est un comportement coupable qui frise la complicité. Il faut souscrire résolument, sans tomber dans l’activisme et les dénonciations sans fondement, à une critique constructive sous-tendue par des propositions alternatives. C’est notre sens du devoir.
· Créer les conditions objectives qui permettent à l’Opposition et aux Syndicats de s’exprimer librement et de jouer leur rôle dans une démocratie moderne.
LE RECUL DU SENS DES VALEURS
Mon Constat
Depuis 2006, une imposture plonge le pays dans une négation des valeurs au profit du mensonge, de la division des familles, des partis politiques, des religions, des régions, voire de tout le pays, au profit de l ‘incompétence doublée de l’escroquerie intellectuelle, de duperie, de gaspillage des ressources humaines et financières, du manque de leadership éclairé, de la culture de la démagogie, du culte de la personnalité, etc.
Mes propositions
Le bien, le beau, le bon et le parfait ne peuvent jaillir que de l’intersection de la connaissance, de l’expérience et du sens des valeurs. Il importe donc de promouvoir un sens des valeurs qui cultive en chacun :
· la responsabilité, celle qui nous permet d’assumer tous nos actes;
· le respect dans ses trois composantes : respect de soi, respect de l’autre, respect du bien commun;
· la vérité, qui se définit comme la cohérence entre le dire et le faire. C’est l’origine première du respect de la parole donnée.
· l’humilité, qui permet de nous remettre en cause pour toujours tendre vers la perfection sans faire du tort à qui que ce soit.
· la solidarité, cette valeur authentiquement africaine qui nous permet de dépasser les clivages pour construire ensemble.
II. Les dix reculs du changement
Recul N°1 : Le statut de l’opposition
La loi a été votée en 2004 et un décret d’application pris en novembre 2008 ; la décision du sort de l’opposition devrait faire l’objet de concertation si tant est que l’on veut rester collé aux idéaux de 1990 ; elle devrait être l’oeuvre de tous et acceptée par tous. Or, il est aujourd’hui établi que les dispositions devant du décret ne reflètent en rien l’esprit et la lettre de la loi en la matière.
Recul N°2 : La Cena
L’instance d’organisation des élections, (CENA), une innovation qui fait la fierté de notre pays, est de plus en plus sacrifiée sur l’autel des intérêts égoïstes d’un pouvoir avide de tout. La CENA est donc politisée à outrance et manipulée de toutes parts avec des intimidations, des pressions et la corruption comme règle.
Recul N°3 : La cohésion sociale
Réveil des démons de la division à coups de billets de banque ; des propos régionalistes sont tenus par de hauts responsables et prêtés même au chef de l’Etat. La guerre de clans a pris d’assaut tous les conseils municipaux, mettant en péril l’idéal de développement que prône la décentralisation.
Recul N°4 : La liberté de presse
Des contrats de bâillonnement et autres censures ont franchi les frontières et ont fait régresser le Bénin dans le classement africain et même international, L’opposition est interdite d’antenne sur les médias pourtant publics, le harcèlement fiscal, les chantages et menaces sont le lot quotidien pour priver le peuple de la vérité sacrée de l’information.
Recul N°5 : La gouvernance économique
La corruption d’Etat a pris le pas sur tout et l’Assemblée Nationale est devenue son haut lieu d’action avec des débauchages de députés à coup d’argent du contribuable suivie par les hautes sphères de l’administration publique et les institutions de la République : référence au dossier CEN SAD et autres grands travaux. L’impunité dans l’affaire SBEE a dressé le lit à la corruption généralisée.
Recul N°6 : La liberté d’expression
Aujourd’hui, seuls les hommes du régime sont autorisés à s’exprimer. Les syndicats sont interdits de marche, leur seul moyen d’expression, et leurs dirigeants traqués ; l’opposition est interdite de rassemblement, de manifestations.
Recul N°7 : Le climat des affaires
Les hommes d’affaires nationaux sont traqués ou contraints à l’exil, quand ils n’embouchent pas la trompette du pouvoir en place..
Recul N°8 : Gestion du pays
Aucune référence aux acquis antérieurs comme la Conférence Economique Nationale. Même des lois votées sont biaisées. Manque d’un cadre programmatique de développement; absence de méthode et d’organisation rationnelle du travail.
Recul N°9 : Le climat social
Le climat social est vicié en raison du manque de neutralité qui gagne certains corps constitués et certaines personnalités membres d’institutions. On note une résurgence des vieux démons du régionalisme et du tribalisme.
Recul N°10 : Sens des valeurs
L’injure, le mensonge et la mauvaise foi sont devenus la règle, en raison du manque d’arguments pour défendre les actes posés, Les valeurs, telles que la responsabilité, le respect, la dignité, l’humilité, la vérité et la solidarité sont mises à mal. Le sens du devoir nous interpelle; la porte du Changement ne peut s’ouvrir que de l’intérieur.
Que des gens qui, comme Célestine Zanou, ont servi l’ancien régime corrompu de Kérékou, puissent en être aujourd’hui à donner des leçons de bonne gouvernance à Yayi Boni, et que celles-ci ne manquent pas de pertinence et tiennent la route parce que fondées dans les faits, en dit long sur la grave erreur de casting qu’a été l’élection de Yayi Boni en 2006. Puissent ces leçons et ces constats être retenus sans parti-pris ni préjugés afin que le Bénin reprenne confiance et conscience en l’avenir...
Binason Avèkes
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Mon Cher Thomas Coffi, quel argument spécieux que celui-là ! la pauvre Célestine Zanou serait si mal insipirée, si mal placée pour donner des leçons de bonne gouvernance et de probité que Yayi Boni, ses sbires et ses Ministres ont multiplié pressions, menaces et harcèlement pour l'en dissuader...Yayi Boni et ses hommes voleraient-ils au secours de l'Opposition ? Voudraient-ils lui donner un coup de main pour les trucider ? Ah, ça ne tient pas la route... [http://www.actubenin.com/spip.php?article17068 ]
Rédigé par : B. A. | 02 août 2009 à 16:16
La critique est constructive. L'on ne peut blâmer quelqu'un lorsqu'il critique à raison ou à tort un pouvoir. Mais lorsque les leçons émanent de certaines personnes, on ne peut s'empêcher d'un sourire ironique car on a l'impression que ces gens font appel à une audience sans mémoire. Et du coup leurs critiques perdent toute crédibilité. C'est le cas de Madame C. Zanou et bien d'autres qui ont participé à un gouvernement qui a mis ce pays à terre. L'opposition ferait mieux de chercher d'autres porte-paroles avec un passé plus vierge si elle ne veut pas se faire passer pour un cheval de troie.
Thomas Coffi
Rédigé par : Thomas coffi | 01 août 2009 à 13:38