Mon Cher Pancrace,
Je suis heureux de t’écrire aujourd’hui en réponse à ta dernière lettre. D’entrée, je tiens à te dire mes excuses pour mon silence aux précédents courriers que j’ai bien reçus et lus avec, comme tu peux l’imaginer, le même intérêt et le même plaisir habituels. Le fait est que, compte tenu de mes obligations académiques et éditoriales, j’ai eu très peu de temps pour moi-même ces derniers mois. Mais maintenant que je respire un peu mieux, quel plaisir de ne pas laisser languir plus longtemps ton attente légitime de me lire et d’avoir réponse à tes questions. La sensibilité à la question de l’antinégrisme (qu’il nous faut bien spécifier et ne plus laisser noyer dans l’océan insidieux du racisme ; car tous les hommes ont une race et je ne vois pas comment on en est venu à faire de ce mot les actes ou les sentiments de haine que les Blancs nourrissent ou commettent à l’endroit des Noirs ) y est aussi pour beaucoup dans ma promptitude à te répondre. Quoi qu’il en soit je m’en réjouis.
Et oui, les Blancs ne nous aiment pas... c'est sûr ! Ils ne sont pas les seuls à ne pas nous aimer ; il y a aussi à des titres divers les Arabes, les Chinois, et dans une moindre mesure même les Indiens ! C'est une question d'opposition à caractère émotionnel mais aussi culturel et économique entre les peuples clairs et les peuples sombres de peau. Mais ce sont les Européens, ceux qui se sont autoproclamés blancs (qualificatif dont ils ont même exclu d'autres comme les Arabes qui pourtant leur ressemblent comme deux gouttes d'eau) ce sont les Blancs qui ont le plus théorisé cette haine avec raffinement et passion, ceux sont eux qui portent cette haine à son firmament, pour la simple raison qu'ils ont eu besoin de cette haine, de ce mépris, de cette diabolisation pour justifier leur exploitation. Pour se faire bonne conscience, se déculpabiliser alors qu'ils se doutaient qu'ils faisaient du mal. Aujourd'hui, alors que l'exploitation a pris une autre forme, la haine est toujours là. Et elle a aussi une fonction rétrospective, il faut à travers le racisme blinder la conscience du mal atroce du passé qui ressurgit dans son champ : le Noir est méprisable à vie; c'est le mépris qui est le seul climat émotionnel intersubjectif dans lequel on l'accueille parce que, ainsi, cela évite au Blanc de se poser la question du mal atroce du passé, et celle encore plus cruciale de la justice et de l'égalité dans les partages aujourd'hui. Mais il est vrai que la haine découle aussi de l'image que donne d’elle une communauté. Sachant que les hommes ne s'aiment pas les uns les autres ; que le Blanc se distingue et combat le Chinois, que l'Arabe musulman colonisé déteste le Blanc chrétien colonisateur qui le lui rend bien, etc...; quand on regarde un peu le rapport des autres races entre elles, on voit que le mépris strict, le mépris dégradant y prend une moindre part que celui des autres races vis à vis de nous. Entre le Blanc et l'Arabe, entre le Chinois et le Blanc, il y a moins de mépris au sens strict que de crainte, il y a moins de haine que de méfiance et de vigilance égoïste.
Donc Cher Pancrace, le problème de la haine du Noir dans les sociétés dominées par les Blancs (oui, car il faut séparer cette haine dans son aspect sociologique et anthropologique, et dans son aspect international) est un problème sociologique. Cela suppose aussi que les Noirs balaient un peu devant leur porte. Le mépris, les préjugés pour beaucoup dépendent de ce qui se passe plus souvent dans une société. Ils dépendent de l'image que la communauté sur laquelle il porte donne d'elle-même. Quelle que soit sa couleur, une communauté éclairée, dynamique, éprise de progrès, de travail, d’unité (non pas seulement négativement comme le font les Noirs) mais positivement, une telle communauté sera moins sujette au crime, ou à des délits, et suscitera de ce fait le respect des autres. Or aux États-Unis, au mieux, l'image du Noir oscille entre celle du danseur (Mickael Jackson) et du sportif ( Mickael Jordan) c'est à dire qu'en sorte elle est régie par une logique du jeu et de la gloire éphémère ; un jeu auquel le Noir est renvoyé, et dont il est souvent le jouet méprisé ; c'est d'ailleurs là déjà que commence le mépris ; en acceptant de se suffire de cela, le Noir, bien qu'on l'applaudisse sur le moment, bien qu'on l'envie, est déjà dans le caca du mépris. Car une communauté digne de ce nom, ne se mesure pas principalement ou exclusivement aux prouesses de ses saltimbanques, mais à la qualité et la notoriété de ses acteurs économiques, intellectuels, culturels, en tant qu'ils sont unis et reflètent éminemment l'effort commun de cette communauté.
Oui, cher ami, le vrai problème de la haine pour nous n'est pas que le Blanc ne nous aime pas ; vous ne pouvez pas forcer les gens à vous aimer ; le problème est qu'il ne nous aime pas alors qu'il a tous les pouvoirs, et que, nous sommes obligés par la force des choses de vivre sous le même climat social et politique que lui. L'idéal absolu dans cette situation eût été que chacun restât de son côté. Le paradoxe est créé de toute pièce par le Blanc ; il prétend ne pas aimer le Noir, mais il a tellement besoin de lui, qu'il a tout fait pour l'inclure dans le même espace sociopolitique que lui, c'est de là que commence le racisme, l'oppression sociale et politique ; et tout se passe alors comme si la vocation du Noir est de combattre la haine et le mépris du Blanc 24 h/7 ; comme s'il n'avait rien d'autre à faire. Absurde (comme le montre les 4 heures de garde à vue subie par le professeur Gates) ! Malheureusement, nous sommes enfermés dans cette absurdité dont le Blanc a plus conscience que nous et que, au gré de son humeur, il met en branle pour se défouler et nous distraire. Marcus Garvey avait raison de vouloir aux États-Unis avoir un État noir, complètement noir, cela aurait rendu plus cohérentes bien des choses. Mais si cette idée avait été appliquée, on aurait été aujourd'hui dans cet autre paradoxe (que l'on voit à l’œuvre de façon atomisée dans la société américaine) d'avoir un État américain qui est au même standard que n'importe quel pays du tiers-monde ! En effet, si les pays comme Haïti, etc. qui sont dans la proximité directe et culturelle des États-Unis sont si pauvres aujourd'hui, ce n'est pas seulement à cause d'une certaine fatalité historique, d'une certaine difficulté sociopolitique, mais c'est aussi parce qu’ils y sont un peu condamnés par les forces géopolitiques et idéologiques héritées du passé, et dans les quelles la volonté américaine et la haine viscérale du Noir ont joué et jouent un rôle clé. Haïti c'est en noir cet État Noir que voulait Marcus Garvey mais que les Noirs américains éparpillés sur tout le territoire des États-Unis d'aujourd'hui représentent virtuellement.
Au total, cher ami, oui, les Blanc ne nous aiment pas, mais sur cette terre, qui aime qui ? L’amour des autres n’est qu’une cerise sur le gâteau ; et ce gâteau c’est à nous de le faire : nous devons attendre peu de l'amour des autres. Il est temps au Noir de se transcender, par l'unité réelle positive et le travail. Ce n’est pas facile compte tenu des handicaps et de l’impédimenta du passé, mais comme l’a dit Barack Obama dans son discours d’Accra, le passé ne peut constituer un prétexte éternel de notre situation actuelle. C’est une question de responsabilité. Le changement et le progrès sont possibles, à condition de le vouloir. C'est seulement à ce prix et à ce prix seulement que nous serons respectés par les autres : Blancs ou autres ; et le respect est la condition de l'amour...
Ne le vois-tu d'ailleurs pas à l’œuvre dans nos rapports, où l’amitié tire sa force du respect mutuel ? Et que pour nous « tous mes respects » signifie aussi : « toute mon amitié » ?
Dans l’espoir que ma brève réaction à ta question ait en quelque façon effleuré ta préoccupation, et y a apporté quelque élément de réponse, mon Cher Pancrace, je te remercie d’avance pour ton indulgence, preuve de ton indéfectible amitié...
Bien de choses à Eloi, Aminou, Cossi, Bill, Cofi, et tous les autres du Groupe Bénin Mains Propres qui font un travail formidable, très utile par les temps qui courent...
A bientôt
Binason Avèkes
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
President Obama was exactly correct in his comments on the arrest of the Harvard professor Henry Louis Gates Jr. (“Obama Wades Into a Volatile Racial Issue,” news analysis, The New York Times on the Web, July 23).
Mr. Obama has been incredibly skillful at deploying his blackness to advance a quintessentially American narrative of social progress and equality of opportunity for any individual, regardless of race. In short, he makes us feel good about ourselves as a nation and how far we have come; hence the premature talk of a “postracial” America.
But in offering his thoughts on Mr. Gates’s arrest, Mr. Obama, to the surprise of many, used his blackness and the presidential bully pulpit to force America to confront uncomfortable truths about the continuing reality of racial stereotyping, police abuse and the particular vulnerability of black and Latino men.
Let’s hope that President Obama has sparked a discussion necessary for this country to develop a truly mature sense of its racial past, present and future.
Chad Williams
Clinton, N.Y., July 24, 2009
The writer is an assistant professor of history at Hamilton College.
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To the Editor:
Re “Obama Criticizes Arrest of a Harvard Professor” (news article, July 23):
It was inappropriate for the president to comment during his news conference on the arrest of Henry Louis Gates Jr. in Cambridge. In light of President Obama’s acknowledgment that all the facts were not known, his comments were premature and biased. I was glad to see that on Friday the president stepped back a bit from his original remarks.
While there may still be racial problems in the United States, supporting a special policy for police in dealing with people of color is in itself racial discrimination. Just because a person is black or another minority does not endow him or her with special rights or entitle the person to special consideration.
Rudolf R. Boentgen
North Reading, Mass., July 24, 2009
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To the Editor:
Two apologies are due in Cambridge.
Sgt. James Crowley had a legitimate reason for confronting Henry Louis Gates Jr. at his home; he had been called about a potential burglary in progress.
Professor Gates violated a basic rule: whether you are black or white, it is common sense to cooperate with a cop when you are the subject of a stop. Do it out of respect and empathy for the cop, or do it because no good can come from antagonizing the police.
While it is not clear yet what actually happened, it appears to me that Professor Gates was belligerent from the get-go, escalated the confrontation and injected race into the discussion before he knew the facts. And Sergeant Crowley arrested Professor Gates for being disrespectful. Both share blame for what happened.
Here is the solution: Professor Gates should apologize for being nasty to a cop trying to do his job, and Sergeant Crowley should apologize for arresting a man for violating the “cooperate with cops” rule.
Kevin O’Leary
Montclair, N.J., July 24, 2009
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To the Editor:
What has been lost sight of in the debate over whether Sgt. James Crowley’s arrest of Henry Louis Gates Jr. was racist is the more fundamental problem that a police officer who does not like a person’s behavior feels justified in using the power of his badge to arrest the person on a disorderly conduct charge, which we in the criminal defense business know to be the “we’ll see who gets the last word, buddy” type of ticket.
The fact that the charge was quickly dismissed by the Cambridge Police Department is telling as to its lack of legitimacy in the first place. In America, a citizen is allowed to make disparaging comments to a police officer, who is trained and expected to take it. Challenging authority is itself not a crime in this country.
Arrests should take place not as a form of social control, but because the person (whatever his or her skin color) is believed to have actually committed a crime.
Inga L. Parsons
Marblehead, Mass., July 24, 2009
The writer is a criminal defense lawyer and former clinical law professor at New York University.
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To the Editor:
Sgt. James Crowley’s explanation of his arrest of Henry Louis Gates Jr. rings hollow (“Sergeant Who Arrested Professor Defends Actions,” news article, July 24).
In Massachusetts, as in most states, “disorderly conduct” requires the presence of the public. It is a charge made against someone who is disrupting activity of other members of the public or inciting other people to unlawful action. Absent a bullhorn or another mechanism to broadcast speech, someone cannot commit disorderly conduct while alone in his home with a police officer.
Moreover, if Mr. Gates was yelling at Sergeant Crowley about racial profiling, that is political speech. Such speech is even more important to protect against government interference, even if one does not agree with Mr. Gates.
I’m a black man and a former resident of Cambridge, and I share Professor Gates’s belief that Sergeant Crowley’s actions were racially motivated. Regardless of that, the arrest was misapplication of the law.
John Forrest Tomlinson
New York, July 24, 2009
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To the Editor:
Re “Case Recalls Tightrope Blacks Walk With the Police” (front page, July 24):
Sure, the ideal response from Henry Louis Gates Jr. would have been deference, politeness, respectfulness and cooperation. Fine, if you happen to be a white man stopped by a police officer trying to enter your own home.
But people of color are often not treated either respectfully, politely or cooperatively by the police. There is an intrinsic sense of fear ingrained in the psyche of black Americans, based on history and personal experience.
Let’s not try to ignore our shameful past; instead, we should recognize that although we have come a long way, the reality of racial profiling is still with us, and white Americans cannot begin to understand the frustration, fear, shame and indignation of our fellow black citizens as they face this issue again and again.
Doris Fenig
Floral Park, N.Y., July 24, 2009
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To the Editor:
I think we need a lot more “empathy” all around.
John Eastlund
Bryan, Tex., July 24, 2009
Rédigé par : sylvian | 25 juillet 2009 à 12:12