De la Nécessaire Dramatisation de la Lutte contre l’Impunité
C’est quand même stupéfiant que, aussitôt qu’un régime nouveau a pris le pouvoir des mains de Kérékou, ses serviteurs et peut-être aussi son chef aient foncé tête baissée dans l’arène de la corruption sans demander leur reste. Alors que la mission qui leur était assignée par le peuple c’est justement de faire tout le contraire de Kérékou en matière de moralité de la vie publique et de gestion des deniers. Curieusement, ils se sont employés à faire tout le contraire de Kérékou uniquement dans les domaines où il fallait consolider ses acquis – liberté d’expression, unité nationale, équité régionale, cohésion sociale, respect des contre-pouvoirs. Au contraire, n’ayant d’yeux que pour leurs sombres desseins, les nouveaux venus s’en sont donné à cœur joie de faire la même chose sinon pire (de la cuiller à la louche) que ce qui était bruyamment, peut-être même trop bruyamment reproché à Kérékou.
Outre l’action basée sur l’analyse des rouages sociaux, moraux et politiques de la corruption, il faut une réponse symbolique et concrète qui met un coup d’arrêt à l’impunité. Il faut tuer ce qui tue le peuple. Les corrompus de tout poil et de tout acabit, surtout ceux qui prospèrent au sommet de l’État tuent le peuple. Cette irrépressible avidité qui s’empare des hommes au pouvoir est la raison pour laquelle nombre d’entre eux s’engagent en politique. Il faut tuer l’idée que la politique c’est du business, du business juteux. Pour cela, il ne faut pas agir dans le feu de l’émotion mais fermement, continument, froidement, institutionnellement, et rationnellement contre la corruption. Cela suppose trois ou quatre choses :
1. Analyser, connaître scientifiquement le mal, divulguer ses mécanismes pour y remédier rationnellement – ce que le pouvoir actuel n’a pas fait.
2. Faire un effort d’éducation effective à la base mais aussi sur le tard ( campagnes régulières de sensibilisation, affiches publicitaires, etc..– ce que le pouvoir n’a pas fait.
3. L’obligation de faire rendre gorge, aux fossoyeurs de l’économie, où qu’ils aient planqué le fruit de leur rapine, il faut qu’ils remboursent avec intérêt ce qu’ils ont volé.
4. En toute reconnaissance de la nature criminelle de la corruption, surtout celle qui se fomente au niveau gouvernemental, dans les hautes sphères du Parti-État, et de l’Administration. Il faut donner à la répression du contenu et des moyens de sévir.
Malheureusement, lorsque l’on voit les tensions inutiles, les tricheries et la politisation qui ont pris le pas sur la concorde nationale dans la nomination des membres de la Haute Cour, on est navré de constater que le gouvernement et les hommes politiques en général n’ont pas compris l’importance capitale de cette institution dans le dispositif de la lutte contre l’impunité. On s’étonne de voir ramener l’initiative à un simple exercice de domination partisane, au énième combat pour l’instrumentalisation des institutions clés de la République. Comme si d’entrée, on acceptait de laisser se gangrener l’une des institutions capitales censées lutter contre la gangrène de la corruption. Tout cela prouve le vice du cancer de la corruption, son côté vicieux et circulaire.
Marquer un coup fort contre la corruption et faire trembler ses assises jusqu’à ses racines mentales et sociales suppose d’établir contre elle la peine de mort pour tuer les corrompus, eux qui pour construire châteaux, rouler carrosse, et posséder des maîtresses aux quatre coins du pays sinon du monde, tuent le peuple.
Aux grands maux les grands remèdes. Etablir la peine de mort contre les corrompus de haut niveau, Ministres, Hauts cadres de l’État, Présidents, mettre en place un symbole fort de dissuasion, telle est la solution. A l’instar de l’Assemblée nationale, une Place des Corrompus a toute sa place dans notre société. Une telle Place aurait en son centre une belle guillotine. Chaque année, à la même période, suivant les mêmes rituels et devant le peuple, la tourbe infecte des corrompus, assassins du peuple, sera passée au fer de la sentence capitale, guillotinée. Comme les Romains, il faut vouer les corrompues aux gémonies. Geste symbolique qui participe de la nécessaire dramatisation de la lutte contre l’impunité. Geste dissuasif et à forte charge pédagogique. La lutte contre la corruption a trop souffert de complaisance et de l’échange de bons procédés. Il faut instituer de nouveaux symboles et des nouvelles règles pour une arithmétique des peines plus vigoureuse, et pour affermir la symbolique de la dissuasion.
La récurrence du crime de corruption, qui sévit de génération en génération est la preuve du vide de l’impunité. Or la nature a horreur du vide. A la place de ce vide, il faut ériger une Place des Corrompus
Binason Avèkes.
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
Si les faits semblent "fortement conforter" votre argumentation, l'assertion que vous en tirez, je cite " C'est de cette façon qu'il faut expliquer la réserve de ceux qui estimaient qu'avec Yayi Boni " on a pas les mains libres" " risque de mettre dans le même sac ceux qui prennent leur distance de bonne foi et ceux qui veulent opérer dans le contexte culturel bien enraciné où l'on a de compte à rendre à personne. Le procès du régime actuel ne doit pas nous faire perdre de vue que le pays à un passé et aura un futur après le quinquennat en cours.
Thomas Coffi
Rédigé par : Thomas coffi | 12 juillet 2009 à 13:04
"L'oeil de Yayi Boni sur les actions de ses ministres" n'était pas et n'est pas l'oeil d'un surveillant, mais l'oeil d'un contrôleur. La surveilance est différente du contrôle. Les dictateurs contrôlent pour qu'on fasse excatement ce qu'ils veulent, pour que tous les autres ne soient que les exécutants dociles de leur volonté ; même si cette volonté est contraire au fonctionnement rationnel, légal des insititutions. C'est l'une des raisons pour lesquelles Yayi Boni a remplacé Koukpaki par Soulé en son temps. Parce que le premier était réputé peu zélé quant à la dilapidation des sous pour satisfaire les fantasmes anarchiques et le bon vouloir démagogique de Yayi Boni ( dépenses extra-budgétaires, OP, collectifs budgétaires, etc.) Et le second docile, jusqu'à devenir un bouc émissaire idéal, dans le plus pur style des dictateurs controleurs. C'est de cette façon qu'il faut expliquer la réserve de ceux qui estimaient qu'avec Yayi Boni " on a pas les mains libres". Et pas autrement. En revanche, la surveillance est une notion plus rationnelle, institutionnelle et n'est pas le fait d'un seul homme, mais de tout un système de surveillance dans lequel chacun a son rôle. Quant à la responsasbilité de Yayi Boni dans ce qui se passe actuellement, c'est un truisme que de dire qu'il doit les assumer sans biaiser, sans prendre la tangente ou se cacher derrière le spectre suborneur de lampistes, comme le disait le Président Houngbédji dans sa conférence.
Rédigé par : B. A. | 12 juillet 2009 à 09:19
Ces cas de corruption avérée au haut niveau me laissent perplexes et ce d'autant plus que j'ai salué le souci de Yayi Boni d'avoir l'oeil sur les actions de ses ministres, attitude qui constitue d'ailleurs l'un des griefs de la classe politique à son encontre. N'a-t-on pas entendu maints politiciens rejeté toute participation à un gouvernement de Yayi Boni au motif qu'avec lui je cite " On a pas les mains libres "
Comment se fait-il que Yayi Boni se retrouve en train de constater des agissements dans un contexte où il a le regard sur tout ? Aurait-il fait aveugle conscience à un cercle privilégié de collaborateurs qui l'ont roulé dans la farine, mangé sur sa tête ? Dans tous les cas, selon le devoir de rendre compte dont il a fait son principe, du moins le répète-t-il, il est solidairement responsable de ces cas de corruption et doit nous éclairer sur la lacune de gouvernance qu'ils révèlent.
Thomas Coffi
Rédigé par : Thomas coffi | 11 juillet 2009 à 11:41