Le maire de la capitale utilise le zemidjan pour se rendre à une étape de la marche des UN. L’image est censée faire sensation, parce que le geste est considéré comme convivial, original, empreint d’humilité, et – oui, Yayi Boni n’en a pas le monopole ! – populiste, parce que plaisant au Peuple… Mais à y voir de près, deux éléments militent en faveur de son déclassement en tant qu’image hors norme, lui conférant au mieux le statut d’image énorme, c’est-à-dire un geste gros comme le nez au milieu de la figure. Le premier élément est d'ordre pratique ; vu le grand nombre de gens qui ont pris d’assaut les rues de la ville, les grandes limousines climatisées dont raffolent nos hommes politiques n’auraient pas fait l’affaire, si le Maire Adjoint voulait se faufiler dans la foule pour se retrouver parmi ses pairs. L’autre fait est d’ordre éthique et hypothétique. En fait si l’Afrique ne marchait pas sur la tête et compte tenu des impératifs de développement qui s’imposent à elle, ses dirigeants devraient proportionner leur mode de vie et surtout leur train de vie au niveau de la grande masse des populations. Or dans le cas d’espèce le moyen de déplacement emprunté par le maire et dont le choix est censé faire sensation est le moyen qu’utilise 60 à 80 % des citadins de sa ville… Alors, où est le hors-norme ? Où est l’originalité a priori dans ce geste qui dans le fond aurait dû être normal ? Peut-être dans son énormité… Enorme, comme le train de vie des hommes politiques Africains, par rapport à la misère endémique de l’immense majorité de leurs concitoyens…
Brigitte Adétonan
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