Changement en Profondeur et Régionalisme
Je pense qu’un Président du Nord ne participera jamais à un mouvement de changement en profondeur à caractère mental, culturel, éthique et moral. On l’a vu avec Kérékou, et on le voit maintenant avec Yayi Boni. Parce que le Président Nordiste est bien conscient qu’en tant qu’issu d’une région démographiquement minoritaire, – et dans un contexte où le régionalisme reste déterminant en politique chez nous – il n’a aucun intérêt à changer ce qui est cause et raison de sa fortune politique pour le moins paradoxale.
Car c’est dans cette tournure morale spécifique des Sudistes portée à la haine de soi, au mépris du prochain, au refus de la solidarité, à la jalousie érigée en valeur, à l’individualisme rationalisé par le cercle vicieux de la méfiance envers autrui que s’enracine l'éthique de la division héritée de l'histoire.
Or la division du sud est une aubaine pour les hommes politiques du Nord. Elle profite en premier lieu au Président du Nord, et à ses intrigants souteneurs du Sud. Avec Kérékou, cette division n'était ni idéologisée ni prioritaire par rapport au caractère sacré de l'unité nationale ; avec Yayi Boni, elle le devient.
Amida Bashô.
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L'ambigüité opportuniste incarnée par Yayi Boni est certainement plus néfaste que le paradoxe stigmatisé dans la note. L'ambigüité s'est greffée sur le paradoxe. Les Béninois qui pensent doivent renvoyer dos à dos ces deux avatars de la même logique de subornation. La vraie unité du Bénin ne peut se faire contre la conscience d'unité d'aucune de ses régions.
Rédigé par : B. A. | 01 juin 2009 à 21:18
Malgré la pertinence du point de vue, Ne voir l'agir de Yayi Boni que sous l'angle de l'homme du nord me semble quelque peu approximatif. Vous savez bien qu'il n'est homme du Nord que par défaut. Il s'est glissé disons par effraction dans un vide créé par l'échec à la stratégie de l'éternisation de Kérékou au pouvoir. Il n'est pas l'homme du Nord typique tel que l'entende l'homme du nord typique bien que j'avoue pour ma part ignorer où commence le nord typique et où finit le sud sans pourtant occulter que cette scission Nord-sud constitue une pièce incontournable sur notre échiquier national. Homme du Nord ou pas Yayi Boni a été mené au pouvoir dans un contexte de crise où toute personne que le peuple embrasse dans un tel contexte a obligation même à son corps défendant d'écouter ses doléances et d'y adhérer. Le trait majeur de Yayi Boni (défaut ou/et qualité) cela dépend, c'est d'être une personnalité dirigée par les buts. Un fonceur comme l'on dit (goal driven personnality). Et en cela il est peu politique en tout cas au sens où la politique se fait sous nos latitudes. La ritournelle "d'amateurisme" que la classe politique établie (je ne dirais pas la vieille) chantonne à son encontre tire une certaine justification de ce trait de fonctionnement propre à Yayi Boni. Fonceur et s'appuyant sur sa popularité, il a cru sincèrement et malheureusement naîvement qu'il avait la capacité de changer tout seul la société béninoise. C'est sous-estimer la complexité et la rigidité des mécanismes qui structurent et plombent le système. Il s'en rend compte de plus en plus et ce n'est pas fini! Des combats acharnés comme celui que mène contre lui l'homme typique du nord Wallis Zoumarou parce qu'il s'est refusé à cautionner le versement d'une centaine de millions pour des fenêtres brûlées dans sa maison, ce genre d'adversité aura raison du reste de conviction à l'égard du changement qu'il a, s'il en reste... Et là votre analyse sera , inéluctablement je dirais totalement confortée dans sa pertinence.
Rédigé par : Thomas coffi | 01 juin 2009 à 12:43