COTONOU, 4 Mai 2009 (PlusNews) - De nombreux jeunes du Bénin font l'apprentissage de l'anglais pour s'adapter à la mondialisation, mais certaines jeunes femmes ont un autre but: entrer dans la florissante industrie du sexe au Nigéria voisin, où le marché est considéré comme plus lucratif.
Jenifer, 20 ans, prend des cours dans une école de langue à Cotonou, la capitale économique du Bénin. «Eh bien, oui, je ne fais pas l'apprentissage de l'anglais pour le simple plaisir de la langue, j'ai d'autres objectifs à atteindre», dit-elle.
Bien qu'il soit difficile d'évaluer l'ampleur de cette tendance clandestine, Jean-Paul, qui est dans la même classe d'anglais des affaires que Jenifer, n‘ignore pas l’objectif de sa camarade de classe. «Fondamentalement, c'est l'anglais pour le sexe", dit-il
Kadi, 19 ans, qui suit l'apprentissage de l'anglais depuis quatre mois dans un grand centre de formation à Cotonou, avoue qu'elle serait bientôt prête à surmonter le dernier obstacle à l'entrée sur le commerce du sexe Nigérian : la langue.
"C'est la triste vérité et c’est regrettable. Parfois, nos jeunes filles se retrouvent dans cette situation sans le vouloir", a déclaré Solange Lègonou, Président de la branche béninoise du réseau d’ONG pour le leadership féminin (ROLF).
"Certaines de ces filles certes vont au Nigeria de bonne foi dans le but d’obtenir un complément de formation en anglais – toutes ne vont pas dans le but faire de la prostitution – mais leur situation et les circonstances les y poussent fatalement », a dit Mme Legonou, qui a souligné la nécessité de "se concentrer sur la sensibilisation des jeunes filles", en particulier au risque de VIH.
Mondialisation
Beaucoup de filles du Bénin et d'autres pays d’Afrique de l'Ouest succombent à la tentation de la prostitution au Nigéria. "On m'a dit que c'était comme en Occident", a dit Aïcha, qui étudie le droit le jour et se prostitue la nuit. "Mes consœurs béninoises au Nigeria, en particulier à Abuja [la capitale], traitent bien leurs clients, qui les payent en dollars ou en euros."
Amy, une jeune prostituée, près de l'un des grands hôtels de la ville, est venue de Côte d'Ivoire en 2007. Elle dit avoir assez d'argent pour louer un appartement à 400 $ US par mois dans une banlieue d'Abuja.
"Le monde a changé, nous avons besoin de bouger et nous avons besoin de communiquer avec les autres. Ce qui est vrai pour les entreprises est également vrai pour d'autres domaines. Pourquoi devrions-nous penser que le sexe n'est pas affecté par cela? Nous devons trouver les moyens de nous adapter », dit-elle.
«La plupart de ces personnes ne font que s’adapter au monde nouveau et on ne peut les critiquer pour cela," a commenté Amidou Boubacar, un employé d’hôtel à Lagos, la grande ville portuaire du sud du Nigeria.
Le risque de VIH
Le Nigéria a 2,6 millions de personnes vivant avec le VIH - le troisième taux le plus élevé de cas de VIH dans le monde après l'Inde et l'Afrique du Sud - et un taux de prévalence de 3,1 pour cent, comparativement à 2 pour cent au Bénin, mais cela ne dissuade pas les jeunes.
«Je suis bien consciente que la possibilité d'attraper le SIDA est plus élevée [mais] il n'est pas nécessaire d'aller au Nigeria pour l’attraper", a déclaré Kadi. «Je prends toujours des précautions."
Marcelline, une autre étudiante, à Cotonou, a déclaré à IRIN / PlusNews qu'elle prévoyait aller à Abuja, "la ville des riches", où certaines filles ont des clients qui paient jusqu’à 130 $ ou plus pour une nuit.
Certaines jeunes étudiantes Béninoises prennent le temps de pratiquer l’anglais sur place à Cotonou, en attendant le grand départ. «Lorsque j'ai terminé mon cours d'anglais, j'ai commencé la pratique, car il y a un grand nombre de visiteurs anglophones dans notre pays», admet Christine, 28 ans. "Mais, mon vrai but est d'aller un jour au Royaume-Uni, aux États-Unis ... ou même seulement au Nigeria."
Trad. Binason Avèkes
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NIGERIA: La Prostitution Brise leur Rêve de Liberté
Loin de son pays et sans espoir de retour. Cette Nigériane pensait mener une vie meilleure en Europe, mais elle a été contrainte à se prostituer
GÊNES, 7 novembre 2005 (IRIN) - Rose pensait qu’elle se rendait en Europe pour y poursuivre ses études et travailler à temps partiel pour se faire un peu d’argent. Mais la jeune nigériane n’imaginait pas que les études n’étaient qu’un leurre et que la prostitution était le travail qui les attendait.
« Deux personnes travaillant dans ce qui paraissait une agence de voyage normale se sont occupés de régler les détails du voyage. Mais une fois arrivées en Europe, nous avons été enfermés dans un appartement pendant un mois et demi », se souvient-elle. « Ils ont vidé nos sacs et confisqué nos passeports ».
L’histoire de Sophie est identique. Elle pensait venir en Europe pour y travailler dans une boutique ou dans une usine afin d’améliorer ses conditions de vie et celles de sa famille. Aujourd’hui, elle gagne 2 000 euros (2 400 dollars américains) par semaine – une somme qu’elle n’aurait jamais rêvé avoir si elle était restée dans son village – en se prostituant.
« Je pensais être libre en Europe », lance-t-elle, songeuse, assise dans le petit appartement lugubre de la ville portuaire de Gênes qu’elle partage avec deux autres travailleuses du sexe….
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
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