Mon Idéo Va, Cour, Vole et Tombe sur… :
L’Abeille et la Ruche
Il y a un défaut dans la cuirasse de la culture antiraciste ; et plus qu’un défaut une erreur logique : c’est celle qui consiste à répondre au mépris raciste en excipant de preuves individuelles, oubliant que le raciste ne s’adresse pas à l’individu mais pointe du doigt la race, le collectif auquel est renvoyé l’individu qu’il méprise, dénigre, rabaisse.
L’erreur de l’antiracisme consiste à vouloir lutter contre le racisme – stigmatisation collective – en se contentant d’y opposer une contre-exemplification individuelle ; c’est-à-dire à prouver par l’exemple l’existence de contre-exemples individuels des clichés racistes. Nous avons des Docteurs Noirs, Des Présidents Noirs, Des Professeurs Noirs, des Prix Nobels Noirs, etc... donc nous ne sommes pas inférieurs, semble être le contre-discours de la position antiraciste. Mais c’est oublier qu’au-delà de l’individu, le racisme vise le collectif, la « race » Or il va de soi qu’entre le fait qu’une communauté donnée puisse exhiber en son sein des individus capables d’être aussi bons dans quelque domaine que ce soit de la connaissance, de la vie sociale ou de l’intelligence et le fait qu’elle soit collectivement capable d’assurer son organisation, sa survie et sa liberté dans le contexte d’émulation et de prédation généralisée d’un monde sans merci, il y a une différence. Or c’est cette différence que le racisme exploite, c’est elle qu’il pointe du doigt et essaie de théoriser. Donc la vraie réponse au racisme doit être double : elle doit être provisoirement inductive mais prospectivement déductive.
En effet, si une abeille ou deux ne forment pas une ruche ; si la réussite d’un seul individu d’une communauté est toujours bonne à prendre, redresser l’état de cette communauté, requiert bien plus que le faire-valoir des exemples individuels. En clair, il vaut mieux une race digne – c’est-à-dire organisée, et collectivement intelligente – mais qui n’a pas d’exemples individuels prestigieux à exhiber, qu’une race qui regorge d’exemples individuels prestigieux mais dont le spectacle collectif reste désespérant.
Éloi Goutchili
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