Mon Idéo Va, Court, Vole, et Tombe sur…
La Captieuse Popularité du Noir en France
Décidément la subtilité retorse de l’esprit français est chose imbattable. Mondialement ! Je descends au M° Anvers et passant devant un kiosque à journaux, je lis la une du Nouvel Obs, soi-disant journal de gauche (mais l’idée de gauche est-elle pertinente lorsque le rapport au Noir, à l’Africain est en cause ?) « Les Mystères de la Femme la plus Populaire de France », avec par en-dessous la grosse tête cubique et noire de Rama Yade, la soi-disant Ministre de je ne sais pas quoi ; ou, si l’on préfère, l’une des trois femmes d’extraction immigrée nommée par Sarkozy dans son gouvernement, pour mieux cacher sa véritable détestation de l’« Africain immigré», celui-là qui, essentiellement non assimilable et incapable de faire bander, symbolise le contraire même de l’identité Nationale à laquelle tout un ministère a été dédié. Laissez-moi rire : il faut donc croire que Rama Yade est la femme la plus célèbre de France, puisque c’est écrit noir sur blanc dans un grand Journal. Exit donc les Carla Bruni et autre Rachida Dati – toutes blanches – qui font régulièrement les couvertures des magazines people sur papier glacé. Et place à la Noire de... comme le dirait Sembène Ousmane
Dans la même veine de conditionnement transactionnel, les Journaux ont pris pour habitude d’élire Yanick Noah comme l’homme le plus populaire de France. Ce genre d’annonce suborneuse dont la fonction est de se payer à vil prix une bonne conscience hypocrite est devenu un passage médiatique obligé depuis l’existence étonnante d’un Président Noir à la tête des Etats-Unis. Dénégation frauduleuse d’autant plus paradoxale qu’elle est en contraste avec la vérité intime et le caractère pernicieux de la vraie détestation du Noir et de l’Africain, en France : méprisés de façon implacable, marginalisés et laissés pour compte. A la haine et au mépris effectifs de l’Africain, la perfidie de l’esprit français a inventé le masque trompeur d’annonces lénifiantes pour se rassurer elle-même, tromper les naïfs, et dénier l’injustice viscérale de son rapport au Noir, placé depuis des siècles sous le signe immuable du mépris, de l’exploitation, de la domination et du crachat.
Cette dénégation symbolique a décidément choisi son parti : celui du donner à croire, du donner à voir que permettent l’image et les divers scénarios de masturbation de l’imaginaire. Et ce à un moment clé où partout ailleurs dans le monde se donnent des gages d’un progrès réels des rapports internationaux sous le signe de l’égalité effective des hommes. Si les Etats-Unis ont réellement à leur tête un Président d’origine africaine, pour l’instant, la France elle – Grand Pays universel des Droits de l’Homme – se réfugie comme toujours sur le doux nuage des images, préférant mettre l’accent sur l’artefact fonctionnel de la popularité de quelques Noirs pour mieux laisser la plus grande majorité d’entre eux dans leur trou.
Ainsi s’exprime le génie de l’esprit français ; tout en image et en finesse. Si bien que le Noir en France est un peu comme le Bon Dieu à Rome ou Allah à la Mecque : populaire dans les images et les esprits, il fait piètre figure dans la réalité, parce que sans aucun pouvoir temporel.
Éloi Goutchili
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