Additif à Lettre Ouverte à Monsieur Thomas Boni Yayi, Président de la République du Bénin
Par Olympe BHÊLY-QUENUM
Ma lettre ouverte au chef de l’Etat m’a valu les injures des thuriféraires, des ratés de l’enseignement primaire aussi qui devraient retourner à l’école ; certains ont proféré des menaces de mort , d’autres, plus gentils, ont souhaité qu’on ne revoie plus au Bénin ; quand le débat d’idées se résume à de tels procédés , c’est qu’on a affaire à des compatriotes politiquement incultes qu’en fongbé je qualifierais de nèkúnon, au sens doublement physiologique du terme.
Par quatre fois la mort a déjà côtoyé ma vie parfaitement remplie ; convaincu de n’avoir pas encore dit mon dernier mot, je prie Dieu que les thuriféraires du nouveau régime qui souhaitent mon trépas aient une vie aussi longue que la mienne et ne végètent pas - spectateurs des assassinats impunis parce que sans procès et protégés en haut lieu - dans la misère, la déliquescence du social et du culturel: mon éventuel assassinat n’apportera la moindre amélioration aux problèmes de notre pays, même si le chef de l’Etat achète à prix d’or les consciences de ceux qui voient en lui un messie L’unique Messie en qui je crois avait chassé les marchands du Temple.
Ce qui m’a encore fait sortir de mes gonds parce qu’un tel agissement m’a profondément indigné est la récidive de la méthode ignoble à laquelle le président Thomas Boni Yayi avait utilisée quand Rosine Vieyra Soglo se faisait soigner en Afrique du Sud. La presse béninoise s’était fait l’écho cette affaire ;Nicéphore Soglo m’en a décrit le contexte, quand j’avais souhaité en connaître une autre version ; sans précédent, inadmissible, innommable, tout chef d’Etat qui recourt à de tels agissements n’est pas digne de notre pays, fût-il l’homme le plus monstrueux, politiquement inconnu, néanmoins démocratiquement élu, hélas !, parce que peuple avait été berné.
J’ai connu toute la famille du regretté Gratien Vieyra que je fréquentais à Cotonou ; à peu de choses près, Désiré, l’aîné, est de ma génération ; Rosine, je l’ai vue adolescente ; mes liens avec cette famille n’ont jamais été rompus ; en France, en janvier 2009, quand j’avais téléphoné à Nicéphore Soglo, c’était Rosine qui a répondu et nous avons beaucoup plus parlé de ses problèmes de santé que des affres du pays générés par la politique du changement préoccupée à travailler à tout, sauf à quoi que ce soit qui puisse améliorer le sort des peuples du pays qu’il gouverne. Que le chef de l’Etat béninois n’ait pas hésité à recourir à un processus relevant l’immoralisme m’oblige à poser la question que voici: les mœurs d’un tel Premier magistrat, la constance de l’outrage à la démocratie chèrement conquise et instaurée, la violation de la loi fondamentale du 11 décembre 1990, la régence du Palais de la Marina par la coterie de pasteurs évangélistes dont il a peur, les assassinats systématiquement perpétrés par l’environnement du pouvoir et qu’aucun tribunal ne juge, est-ce ce que le président Thomas Boni Yayi entend par Changement ?
Ma lettre ouverte comportait un extrait du discours du candidat Barack Obama à l’université de Nairobi et j’invitais Monsieur le président de la République du Bénin à prendre connaissance de l’intégralité de ce texte ; élu, installé au pouvoir, sans se soucier du moratoire connu sous le terme des 100 jours, l’African American devenu le président des USA s’est attaqué au domaine des changements annoncés dans le programme du candidat Barack Obama en agissant vite : tout en se vouant prioritairement aux problèmes sociaux et économiques des Américains, il vient de libérer le premier prisonnier de Guantanamo.
Au Bénin, la pauvreté évoluant vers la misère génère la cachexie dont la presse internationale expose des images , la démocratie bafouée, le social en pourrissement a atteint le point de non-retour , le rosaire des assassinats , le domaine de la santé où tout manque et dont certains secteurs sont de véritables mouroirs ,etc.
Le peuple ne vit pas des ponts et autres infrastructures qui embellissent le pays, ni des séances de marche pour lesquelles on paye les marcheurs, mais de sérails : maïs, mil, fonio, sorgho, du gari etc. ; or le peuple crie à la cherté de tout, voire du stricte nécessaire. Quand s’y ajoutent les méthodes singulièrement ignobles utilisées à l’égard de Rosine Vieyra-Soglo revenue à Paris pour y être soignée, j’ai le sentiment que plus le temps passe, moins je me sens Béninois. J’ai honte, incroyablement honte de la terre natale que j’aime d’un amour sans partage et je rouvre la porte aux insultes, injures et menaces des thuriféraires.
J’avoue aussi ne pas comprendre que le ministre Galiou Soglo ait pu accepter d’être instrumentalisé en devenant le rouage de la récidive d’une opération politique, qui, une fois encore, sera utilisée contre sa propre mère et sa famille politique.
Qu’on n’aime ou qu’on n’aime pas Rosine Vieyra Soglo, présidente de la RB, j’en appelle à toutes les femmes du pays à aller aux sources des choses pérennes : nos grands-mères, mères et sœurs exprimaient unanimement leurs réprobations et indignations par la manifestation nommée wlĭ mà ; sans arme, déguisées, elles se soulevaient, protestaient publiquement contre l’injustice, l’arbitraire, la profanation des coutumes et des données culturelles
Les sicaires de la politique en cours qui commettent des assassinats demeurés sans jugement et impunis seront ils incités à tirer sur la masse des femmes si elles jè mà ? J’invite le peuple à lancer un défi à Monsieur le président de la République déjà entré en campagne pour 2011, tandis que le peuple se plaint des abus de son pouvoir et que le pire est sur le seuil de la Nation.
Il faudrait lire ou relire le texte du président Justin Tomètin Ahomadégbé qui avait écrit « AIMER LE DAHOMEY…. »
Rebelle en révolte contre tout système d’oppression, je dirais pour ma part : Aimer le Bénin, c’est aussi ne jamais baisser les bras, ni tolérer que perdure la politique des leurres ,des mensonges et des ruses dont le peuple est victime.
Olympe BHÊLY-QUENUM.
PS.
Je viens de lire trois textes dont deux -diffusés par le Blog de Benoît Illassa - sont d’ Arimi CHOUBADE ( 20 février 2009, 23 février 2009) ; le troisième, intitulé Le Banquier et le Politique, est de Binason Avèkes, Copyright, Blaise APLOGAN, 2008, © Bienvenu sur Babilown
Excellentes analyses souchées sur des réalités du terrain objectif, Monsieur Alain S.KOKOUVI, sociologue qui utilise des grilles truquées- peut-être pour plaire au pouvoir nuisible qui régente le Bénin-, devrait en prendre de la graine ; je n’enverrais aucun de mes arrière-petits-enfants à l’université où ce professeur débiterait ses cours.
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008, © Bienvenu sur Babilown
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