Quand on regarde le sens de la politique internationale des Etats-Unis ces huit dernières années avec calme et objectivité sans se laisser distraire par le halo de bruits de toutes sortes, ce que l’on découvre concernant son orientation est à la fois simple et consternant : le fait qu'elle soit tendue vers la neutralisation des Arabo-musulmans au profit de la sécurité inconditionnelle de l’Etat d’Israël, la Grande Cause des Etats-Unis.
Cette neutralisation s’est jouée et se joue sur deux fronts distincts et complémentaires. Le front irakien où sous prétexte de lutte contre le terrorisme et les ADM (qui ne fallait-il pas détruire massivement en priorité si ce n’était l’Etat d’Israël ?...) les Etats-Unis sont allés éliminer l’un des plus redoutables épouvantails idéologique et politique de l’Etat sioniste au Moyen-Orient. Ce premier front ; qui sent aussi les odeurs de pétrole, se double d’un autre front secondaire, le front afghan. Ce front sur lequel, en termes de lutte contre le fléau terroriste, l’engagement américain paraît plus justifié n’est certes pas orienté directement dans le sens d’une sécurité de l’Etat d’Israël. Mais dans la mesure où il constitue une manière idéologique de la même volonté, on peut dire qu’il va objectivement dans le même sens.
Le deuxième front est bien entendu le front iranien, sur lequel, soit dit en passant, Barak Obama le candidat puis Président élu a jeté son dévolu – politique mais aussi militaire. Le but affiché de ce front et repris en chœur par les Européens est d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Pourquoi empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire lorsque pas plus tard qu’hier on tolérait la même arme pour le Pakistan pays tout aussi musulman ? Pourquoi si ce n’est la crainte qu’on ne veut pas qu’elle inspire à l’Etat d’Israël qui, comme un enfant gâté, peut dicter sa volonté léonine, imposer ses caprices militaires et politiques aux Arabo-musulmans comme bon lui semble ? La plupart des désordres et des injustices du Moyen-Orient ne sont pas sans rapport avec des diktats et décrets impairs du colonialisme inspirés par la volonté de diviser pour régner ; et tout ceux qui –Arabes ou non – bénéficient de ces décrets aujourd’hui sont du même côté, parfois même pour des raisons et par des voies contradictoires. Comme l’Irak peut s’opposer au Koweït, Israël, on le sait est en conflit territorial et idéologique depuis des décennies avec les Palestiniens. C’est là dans cette terre par excellence de la Bible que le Peuple du Livre, dans la violence et les exactions au quotidien– horreurs dont la Bible est le journal sacré – complète jour après jour les pages inédites du Livre saint. Cette arrogance d’un pays somme toute petit qui ne persiste que parce qu’il a derrière lui un grand pays sinon le plus grand de la terre, a tour à tour rivé contre lui tous les peuples Arabo-musulmans, et avec une violente passion, ceux d’entre eux qui ne sont pas du même côté de l’ordre colonial. D’ailleurs étendue à l’échelle du monde cette arrogance de l’Etat d’Israël ne fait pas du bien à son image. En dehors des Européens qui protestent de leur soutien avec des nuances souvent non dénuées d’hypocrisie, les autres peuples ou nations du monde sont beaucoup plus réservés sinon choqués par l’arrogance d’Israël. De fait, la grande majorité des peuples du monde n’aime pas cet état qui internationalise sa politique nationale, impose à tous ses effets dans le bruît interrompu des canons et des bombardements, des morts et des blessés au nom de sa sacro-sainte sécurité. Comment Israël peut-il se faire aimer lorsqu’il n’est pas soucieux de l’être ? On trouverait désespérément un seul acte humain qui plaiderait pour cet amour depuis cinquante ans ! Et il suffit de séparer le terrible génocide subi par les juifs de la nécessité historique d’un état – celui d’Israël – pour ne plus voir ce sur quoi peut se fonder un tel amour. Certes cette arrogance bénéficie du silence complice du monde, y compris de ceux qui n’aiment pas Israël, ou qui ne l’apprécient pas. Egoïsme inhumain des nations, qui est au principe du fonctionnement de l’histoire humaine et du monde, comme la subtile division ou l’indifférence des espèces animales les unes envers les autres fait vivre la jungle ou la savane. A commencer par la division des Arabo-musulmans eux-mêmes qui, manipulés, réagissent en rang dispersés ou trouvent leur compte dans les désordres hérités du passé et l’ordre du présent.
Mais le Pakistan et l’Iran ne sont pas des pays arabes. Alors pourquoi la susceptibilité américaine par rapport à la question de la sécurité d’Israël y prend-elle des positions si tranchées ? Pourquoi les Etats-Unis ferment-il les yeux sur la bombe réelle de l’un et fait des velléités de fabrication de l’autre un réel casus belli ? Le facteur religieux – l’islam – est au cœur de cette différence d’attitude. Dans l’imaginaire occidental, judéo-chrétien, l’Islam, on le sait, rime avec Arabe, terrorisme, et rejet d’Israël, sinon sa destruction pure et simple. Mais dans un esprit de discernement réaliste pour gens somme toute civilisés, il y a deux islams, qui coïncident chacun avec l’un des côtés de l’ordre hérité du passé colonial et repris par la géopolitique des intérêts énergétiques. Il y a le bon islam que les occidentaux appellent aussi l’islam modéré, et que l’on retrouve dans les pays qui nourrissent de leur pétrole l’appétit énergétique insatiable des Etats-Unis et de leurs alliés – l’Islam de l’Arabie saoudite, des Emirats que la division de la nation arabe héritée du colonialisme favorise politiquement et dont les émirs et autres princes roulent sur l’or à la limite de la perversité. Et puis, il y a l’islam radical, fondamentaliste, l’islam des masses arabes séparées des sources de la richesse, l’islam des affamés de justice, bref, l’islam des terroristes. Mais dans tous les cas ces deux islams sont de culture et d’extraction arabes.
Certes il y a un autre islam non directement relevant de l’arabité. Cet islam se divise aussi en deux genres opposés. L’un de ces genres est pris en charge par les Etats-Unis sous la houlette stratégique de l’Otan. Le Pakistan appartient à ce genre et l’Iran à son opposé. Certes l’islam docile et hétéronome des Emirats du golfe et de l’Arabie saoudite, du moins au niveau des formations sociales et communautaires n’est pas la même chose que l’islam du Pakistan. Certes en dehors de la docilité politique des Etats, ces deux islams sont d’inspiration différente. Mais il n’en demeure pas moins vrai qu’au niveau des Etats, ils s’unissent tous dans la même opposition à l’islam autonome et intègre de l’Iran. Celui-ci dans son insertion religieuse sans concession est ce qui inquiète Israël et par voie de conséquence les Etats-Unis qui ont fait de l’appui inconditionnel à Israël leur Grande Cause. En dépit des dissensions et des rivalités tenaces entre l’Irak et l’Iran, l’islam du moins l’anxiété existentielle dont il est la source pour Israël a déterminé la politique internationale américaine dans la région au moins ces huit dernières années. Aujourd’hui au seuil d’une nouvelle année, la naturalisation de ce soutien américain à l’Etat d’Israël explique la banalité de la tuerie des Palestiniens, dans une guerre à armes inégales – inégalité qui est la justification et l’essence même du terrorisme. Une tuerie qui se commet par centaine d’hommes, de femmes et d’enfants innocents dans une bestiale indifférence du monde (Etats-Unis, Europe, Chine, Japon, Brésil, Inde, Russie, Afrique du Sud, etc...) Indifférence si l’ont excepte les gesticulations hypocrites qui sont autant de signes d’encouragement à l’arrogance de l’Etat d’Israël depuis plusieurs décennies.
Dans ces conditions, vu d’Afrique, on se demande ce que l’élection d’un Barack Obama qui a soulevé tant d’espoir pour la paix et la fraternité dans le monde peut changer à ce théâtre de haine, d’arrogance et de violence parfaitement réglé ? Est-ce que le changement promis par le premier président Noir des Etats-unis apportera plus de justice et d'humanité au Moyen-orient ? Il faut le souhaiter ...
Ashed Baskaran
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Merci pour ce joli article :) la palestine est le seul pays arabe où le taux d'analphabétisme est trop bas et ce pays a donné de très éminents intrelectuels arabes ; il faut trouver une solution a ce conflit ; n'oublions pas que nous sommes tous les descendants d'Adam et Eve :)
Rédigé par : paix | 15 juillet 2009 à 18:37