La Baguette de Pain à 200 F CFA au Quartier JAK à Akpakpa !
Par Paula AGBEMAVO
Le prix du blé n'avait pas encore monté en flèche que la baguette de pain coutait déjà 150 F à la boulangerie/pâtisserie "La marquise" au quartier JAK à Akpakpa alors que le prix officiel du pain était 100 F. Quelques mois plus tard, la baguette est passée à 175 F et aujourd'hui, elle est vendue à 200 F. Sans compter qu'il vous faudra débourser 25F supplémentaire pour le sachet de son emballage. Au total, la baguette ordinaire de pain vous revient à 225F.
C'est vrai, nous sommes dans une sorte de libéralisme économique où l'offre du pain de 225F rencontrerait certainement une demande, autrement, elle ne survivrait pas, mais étant la seule boulangerie de ce quartier résidentiel, la population a-t-elle vraiment le choix ?
D'aucuns diront que les habitants du quartier JAK sont plutôt aisés et peuvent bien se permettre d'acheter une baguette de pain à 200 F mais qu'en est-il de ceux-là qui n'ont pas l'heur d'être comptés au rang de ces "gens du monde" qui ont naturellement pignon sur rue ?
En fait, sommes-nous dans une pétaudière ? Le pain au même titre que le lait, le sucre, le mais et le riz fait partie des biens de consommation usuelle. Il fait par conséquent l'objet d'une réglementation stricte. Son prix, son poids et sa qualité sont fixés par les pouvoirs publics. Chez nous ici, le prix du pain est plutôt une donnée volatile, son grammage est un mystère. Quant à sa qualité, il n'est point un secret que pour accroître leurs profits, certaines boulangeries ont fait le choix de préparer le pain avec des substances hautement cancérigènes. Officiellement, le pain est à 100 F CFA. Il n'y a donc aucune raison que la baguette soit vendue 200 F voire 225 F, que la boulangerie soit située à Vossa ou à la pate d'oie. Passer outre cette prescription gouvernementale c'est tout simplement être hors la loi, loi du marché ou pas.
S'il en est ainsi, ceci est bien une preuve que ces mesures pour juguler la hausse des prix dont le gouvernement ne cesse de se targuer ne se sentent pas sur le marché. Chacun fixe son prix, détermine sa marge bénéficiaire selon son humeur foulant ainsi aux pieds les réglementations en vigueur et faisant supporter aux pauvres consommateurs le prix de leur avidité.
Et les associations de consommateurs dans tout ça ? Elles sont tout simplement invisibles, inaudibles, lorsqu'il s'agit de faire entendre la voix des consommateurs. Depuis que l'inflation a effrité considérablement le faible pouvoir d'achat des ménages, aucune de ces dites associations qui disent défendre l'intérêt des consommateurs n'est monté au créneau pour réclamer et exiger une quelconque mesure corrective du gouvernement. Elles se complaisent dans un mutisme assourdissant. Affairistes, elles se contentent de siéger dans les instances économiques du pays. La rumeur nous prie de croire que certaines émargeraient chez les entreprises de la place pour la "boucler". Quoi qu'il en soit, il est aisé de constater qu'elles ne jouent pas leur rôle de "vigile". Alors, "association de consommateur" ne serait-il qu'un manteau, une façade ?
Les pays occidentaux, ceux qui ont écrit l'histoire du libéralisme économique exercent à chaque palier, un contrôle sur les prix, ils protègent ainsi leurs citoyens, surtout les plus vulnérables. Alors, copier pour copier, autant le faire intelligemment.
Paula AGBEMAVO
Collaboration
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