1. Politique, Histoire et Manipulation
Dans le climat de manipulation touts azimuts mis à l’honneur par le régime dit du changement et sa culture rétrograde de propagande, la question du bien fondé de la résurrection de l’UDD ne manque pas de sens.
L’un des principes éculés de la manipulation est l’ignorance. Si la référence aux faits marquants et aux figures du passé doit se limiter à un impressionnisme superficiel basé sur des prénotions et le pouvoir émotionnel des évocations, alors l’ignorance s’enracine en même temps que fleurit la manipulation. Il faut bien que nous ayons une histoire. Mais pourquoi faire comme si notre passé plus ou moins récent et ses acteurs sont glorieux ou dignes d’être célébrés sans nuance lorsqu’ils sont directement responsables de la mauvaise situation dans laquelle nous végétons et que nous voulons changer ? Pourquoi s’échine-t-on à ressusciter des leaders du passé qu’on affuble de toutes les lumières alors que de 1960 à 1972 ces hommes, tous autant qu’ils sont, ont brillé surtout par leur incompétence notoire, leur irresponsabilité, leur aveuglement, leur discours creux, et leur fanatisme tribal ? A l’évidence, il y a de la manipulation dans l’air et une volonté manifeste de duper la multitude en surfant sur la vague émotionnelle de pieuses et non moins fausses images du passé. La question subsidiaire est : comment peut-on espérer fonder le changement politique, économique et moral d’une société, son essor véritable sur le seul pouvoir de la manipulation et sur le parti-pris de l’obscurité au détriment du désir ardent des lumières ?
En Afrique, sans doute, et sûrement au Bénin, l’histoire ne semble pas avoir une valeur heuristique ; et à l’instar de notre rapport au bien collectif, une minorité bornée n’hésite pas à en faire un objet de masturbation et à en imposer une gestion patrimoniale. On conçoit l’histoire nationale comme un récit familial que l’on présente à sa guise. C’est dire que l’histoire, surtout dans son rapport avec la politique, est abordée et traitée avec complaisance.
Et cette complaisance peut être dangereuse, comme dans le cas de la résurrection annoncée de l'UDD et du concept-image de Wologuèdè. Car on peut se demander si ces résurrecteurs sont ignorants ou s’ils ne jouent pas avec l’ignorance des masses. Pour confondre ces intrigants et substituer la clarté diurne de la vérité à la nuit de leurs basses œuvres, il suffit de rappeler quelques faits historiques qui mettent en lumière la responsabilité de l’UDD et de ses dirigeants dans l’instabilité politique et l’errance socio-économique de notre pays au cours des dix premières années de son indépendance. Mais avant, il convient de situer l’UDD dans la généalogie des partis politiques du Dahomey.
2. Chronique de la vie des partis de 1946 à 1960
En France, les évolutions politiques consécutives à la fin de la seconde guerre mondiale étaient axées vers plus d’autonomie dans l’organisation politique des colonies. Un peu partout en Afrique, ce nouveau schéma, qui aboutira à la Loi-Cadre dite Gaston Defferre, ouvrit de nouvelles perspectives politiques et identitaires aux territoires Africains.
Au Dahomey, les structures politiques s’organisent et les premières oppositions commencent à voir le jour. Au niveau fédéral, l’année 1946 est marquée par le congrès fondateur du Rassemblement démocratique africain (RDA) à Bamako. Sourou Migan Apithy, Emile Derlin Zinsou et Louis-Ignacio Pinto forment la délégation du Dahomey. Apithy est élu vice-président du nouveau parti et signe le manifeste, alors que Pinto est élu président de la Commission de politique générale. Mais Zinsou refuse le poste de secrétaire général mettant en cause l’affiliation du RDA au Parti communiste français (PCF), seul parti métropolitain invité à Bamako. Ce désaccord conduira à la création, le 7 décembre 1946 du Bloc Populaire Africain (BPA) mené par Emile Poisson et Justin Ahomadegbé.
Juste avant les élections au Conseil général, les Comités électoraux (premier regroupement politique territorial) se transforment en un parti politique qui prend le nom d’Union progressiste dahoméenne (UPD). Très bien implantée, l’UPD obtient la majorité des sièges au Conseil général du Dahomey.
En mai 1951, la circonscription du Dahomey obtient un second siège à l’Assemblée nationale. Mais l’instauration d’un scrutin par liste provoque une double rupture au sein de l’UPD. Sa direction tente de mettre à l’écart Apithy jugé incontrôlable en le plaçant second sur la liste. Mais il refuse, quitte l’UPD et lance une liste indépendante dite "d’Union Française" dont il est à la tête. Puis, c’est au tour de la majorité des membres de l’UPD originaire du Nord de faire sécession, leur demande d’une place pour l’un des leurs ayant été refusée par le Comité directeur. En septembre, Apithy fonde son propre parti, le Parti républicain du Dahomey (PRD), en vue des élections à l’Assemblée territoriale amenée à remplacer le Conseil général. La très large victoire du PRD et l’implantation réussie du GEND lors de ces élections le 30 mars 1952 mettent en péril l’existence de l’UPD. Moribond, l’UPD reçoit le coup de grâce le 10 octobre 1953 lors de la désignation des représentants du territoire pour l’Assemblée de l’Union française. Une alliance UPD/BPA a été conclue afin de barrer la route au PRD qui pour l’occasion s’était allié avec le Mouvement Démocratique du Dahomey (MDD), un nouveau parti créé par Hubert Maga pour succéder au GEND qui était menacé d’éclatement. La défaite de la paire Zinsou/Ahomadegbé (UPD/BPA) face au tandem Hazoumé/Deroux (PRD/MDD) met un point final à l’UPD et entame gravement le futur du BPA.
La fin de l’UPD, l’historique parti national, et les difficultés du BPA, dont la base électorale se situe dans le sud-ouest du Dahomey, semblent laisser apparaître la double domination du PRD pour le sud et du MDD pour le nord. La victoire des leaders de ces deux partis, Sourou Migan Apithy pour le PRD et Hubert Maga pour le MDD, aux élections législatives du 2 janvier 1956 tend à le démontrer. D’autant que l’Union démocratique dahoméenne (UDD), le nouveau parti destiné à succéder à l’UPD et au BPA, se déchire six mois après sa création sur la question de l’affiliation au RDA, donnant naissance à une tendance pro-RDA menée par Justin Ahomadegbe et une tendance anti-RDA menée par Emile Derlin Zinsou et Alexandre Adandé.
Le 31 mars 1957, les élections à l’Assemblée territoriale donnent une large victoire au PRD qui obtient la majorité des sièges. L’UDD arrive en deuxième position, suivi du MDD. Mais ce dernier bénéficie du ralliement d’indépendants qui fait de ce parti l’incontestable deuxième force politique du Dahomey. Cela se confirme le 15 mai avec les élections des représentants du territoire au Grand conseil de l’AOF et l’échec des candidats UDD.
Le 17 août, le MDD devient le Rassemblement démocratique dahoméen (RDD). Le but de ce changement étant de créer une force politique unique pour tout le nord du pays et, de faire taire les divergences qui se sont exprimées lors des élections à l’Assemblée territoriale et au Grand conseil. La personne d’Hubert Maga apparaît comme rassembleuse d’autant que, cas unique dans l’histoire dahoméenne, il est nommé à un poste ministériel le 18 novembre et devient le véritable pendant de Sourou Migan Apithy qui a été élu le 27 mai vice-président du Conseil de gouvernement du Dahomey.
Le 28 septembre 1958, le Dahomey vote oui au référendum instituant la Communauté française. La République du Dahomey est proclamée le 4 décembre et Sourou Migan Apithy devient président du Conseil de gouvernement. Il bénéficie d’une très large majorité avec le Parti progressiste dahoméen (PPD), fondé en mars 1958, et rassemblant le PRD, le RDD et d’anciens membres de l’UDD qui se sont opposés à l’affiliation au RDA. Mais le 17 janvier 1959, la création de la Fédération du Mali à laquelle participent des parlementaires du PPD, provoque son éclatement. Maga et Apithy s’opposent au projet de la Fédération et reconstituent leurs partis respectifs, le RDD et le PRD. C’est donc en ordre dispersé que se déroulent les élections à la première Assemblée nationale dahoméenne, les 2 et 23 avril 1959. L’entre-deux tours est marqué par la démission de leurs postes ministériels d’Alexandre Adandé, de Louis-Ignacio Pinto et d’Emile Derlin Zinsou qui entendent montrer leur attachement à la Fédération. Mais aucun parti n’obtient la majorité à l’issu des élections qui donnent vingt-huit sièges au PRD, vingt-deux au RDD et vingt à l’UDD-RDA. Un gouvernement d’union nationale est donc formé avec Sourou Migan Apithy à sa tête. Le RDD apparaît cependant comme le véritable arbitre de la scène politique dahoméenne entre Sourou Migan Apithy et Justin Ahomadégbé dont l’alliance est impossible du fait d’anciennes rancœurs personnelles.
Le 21 mai 1959, Apithy démissionne. Avec le soutien des élus de l’UDD-RDA, Hubert Maga le remplace. Pressé par l’aile gauche de son parti, il propose même la fusion à l’UDD. Ahomadégbé refuse et les ministres de l’UDD décident finalement de quitter le gouvernement en décembre 1959. Sans majorité, Maga parvient tant bien que mal à se maintenir. L’élection à la présidence de la République du Dahomey entraîne la formation le 9 mars 1960 du Parti des nationalistes du Dahomey (PND) qui regroupe le PPD de Zinsou et le PRD d’Apithy. Mais soucieux de barrer la route au PND, l’UDD-RDA soutient la candidature d’Hubert Maga qui est élu premier président du Dahomey le 26 juillet 1960 et qui proclame l’indépendance du Dahomey le 1er août 1960.
3. Du PDU au PDD-WOLOGUEDE
Politiquement parlant, la première œuvre significative de l’UDD de Justin Ahomadégbé a consisté à permettre l’élection d’Hubert Maga au détriment de Sourou Migan Apithy. Compte tenu du fait que cet acte consacre la désunion du sud potentiellement plus peuplé au profit du Nord, on peut se demander s’il n’est pas en soi le modèle inaugural de la désunion qui va jusqu’en 1972 secouer la vie politique, fragiliser la construction de l’édifice national. En effet, dans une culture politique basée sur le tribalisme, le clivage nord/sud qui culturellement et symboliquement ne manque pas de fondement va réveiller et banaliser une division sud/sud héritée de l’histoire, et autrement plus virulente. Tout ceci sera le ferment de l’instabilité politique. Le caractère fluctuant, versatile et souvent purement stratégique des alliances politiques est aussi le signe de la division. Le paysage politique dahoméen apparaît comme un laboratoire alchimique où tous les mélanges possibles et imaginables ont été essayés sans grand succès. Souvent improbables et spectaculaires, les alliances se soldent très vite par des divorces. Tel fut le sort du soutien tactique de Justin Ahomadégbé à l’élection d’Hubert Maga comme premier Président du Dahomey. Ce soutien n’empêcha pas Hubert Maga, une fois élu Président, de nommer Sourou Migan Apithy comme Vice-président et chef du Gouvernement. Et, le 19 mais 1961, soit quelques mois après, de jeter Ahomadégbé en prison pour complot supposé contre son gouvernement. Suite à cette élimination politique de Justin Ahomadégbé, le Président Maga et le Vice-président Apithy fusionnèrent leur parti pour créer le PDU (Parti Dahoméen de l’Unité.) Mais, comme il fallait s’y attendre, cette fusion sera de courte durée. La détérioration des rapports entre Hubert Maga et Sourou Migan Apithy alla de pair avec le rapprochement circonstanciel de ce dernier avec Ahomadégbé. Celui-ci, libéré le 02 novembre 1962, trouva dans ce rapprochement le tremplin de ses visées politiques. Cette réconciliation entre les deux frères ennemis du sud coûta son poste de Vice Président à Apithy qui fut officiellement éloigné comme Ambassadeur du Dahomey en France. Mais le climat de dissensions et de tactiques souterraines ainsi créé et dans lequel les forces sociales pesèrent de tout leur poids, combiné à une pression militaire hypocrite, allait conduire à la démission d’Hubert Maga le 28 octobre 1963. C’est le succès de ce climat que ses bénéficiaires politiques allaient appeler Révolution. Au terme des tractations et des élections qui eurent lieu, l’ancien Président, Hubert Maga se retrouva en prison pendant que Sourou Migan Apithy et Justin Ahomadégbé s’entendaient pour partager le pouvoir respectivement en tant que Président et Vice-président. La coalition qui les porta au pouvoir, fusion du PRD et de l’UDD, était appelée PDD (Parti Dahoméen de l’Unité) alias Wologuèdè. C’est ainsi que vit le jour ce concept-image renvoyant à la force supposée des liens entre les nouveaux alliés. Mais cette force, à l’instar de la chaîne rhétorique qui porte le nom de Wologuèdè avait ses faiblesses ; et celles-ci ne tarderont pas à se révéler au grand jour.
4. L’œuvre Tragique du Gouvernement PDD-Wologuèdè
Le PDD-WOLOGUEDE avait vu le jour pendant que les principales figures originaires de la partie septentrionale du pays tels : Chabi Mama, Bertin Borna, Darboux Paul et Arouna Mama étaient en prison. La première et rude épreuve du régime PDD a été ce que l'on a appelé «Les événements de Parakou ».
Chabi Marna avait appelé à manifester contre ce qu'il avait dénommé : « L'injustice du Gouvernement et des citoyens du Sud », dans le dessein d'obtenir la libération de l'ancien Président Hubert Maga et certains ministres du Gouvernement défunt, accusés d'être à la base d'un déficit budgétaire de six milliards, trois cent soixante seize millions huit cent soixante quatre mille quatre vingt trois francs (6.376.864.083 Frcs)[1].
Pour mater l'incivisme de ces égarés de Parakou, le Chef du Gouvernement, Ministre de la Défense, avait ordonné aux Forces Armées de faire usage de leurs armes et sans sommation. La répression fut sanglante et terrible avec des dizaines de morts parmi les manifestants.
Le sang avait donc coulé à Parakou et il coulera encore mais cette fois-ci à Pobè dans ce qui est appelé événements d'Issaba". Les événements de la Commune Rurale d'Issaba ont eu lieu en novembre 1964 et concernent les Holli. Une campagne officielle de vaccination antivariolique organisée à leur intention et programmée pour un jour de marché d'Issaba dans le souci vacciner le plus grand nombre d'individus possibles, avait tourné court. Les autorités de la santé avaient fait appel aux gendarmes de la localité pour contraindre les populations à la vaccination. Cette intervention avait tourné en incidents graves. Une fois encore, le Chef de gouvernement Ahomadégbé ordonne l'envoi des troupes de l'Armée de terre pour rétablir l'ordre par tous les moyens jugés utiles. Les événements d'Issaba entraîneront la disparition de quelques individus dont un soldat.
Ainsi, en trois mois de Gouvernement, le régime du PDD sous la houlette de l’UDD avait fait couler le sang à Parakou puis dans les localités Holli à Issaba. L'Unité nationale tant prônée dans les discours officiels était loin de se concrétiser sous le régime le plus sanguinaire que le pays ait jamais connu, celui du Parti Démocratique Dahoméen ou PDD-Wologuèdè !
5. Le Coup d'Etat Civil, ou la Face Cachée de l’UDD
Après les élections générales du 19 janvier 1964 plus d’un observateur était sceptique quant à la cohésion au sommet entre les deux dirigeants du PDD-Wologuèdè.
Ceux qui doutaient d'une alliance sincère entre ces deux hommes ne s'étaient guère trompés d'analyse. Depuis les tragiques événements de Parakou et de la région Holli, l'alliance de circonstance entre le Président et le Vice-Président avait commencé à se détériorer. C'est ainsi qu'à partir du second semestre de l'année 1965, les maillons de la prétendue chaîne Wologuèdè s'étaient mis à se détacher les uns après les autres sous l'effet des contradictions au sein du PDD d'une part et entre les deux leaders (Apithy et Ahomadégbé), d'autre part, au point que chacun de ces deux hommes s'était replié sur ses militants de départ. Dès lors, le Parti Démocratique Dahoméen n'existait plus que de nom.
Un désaccord sur la nomination du Président de la Cour Suprême, porta le coup de grâce aux rapports entre les deux têtes de l’exécutif. Le Vice-Président organise partout, dans les milieux qui lui étaient favorables, des rencontres pour se plaindre publiquement du Président de la République : « Apithy, dans son entêtement, a refusé de signer le décret portant nomination du Président de la Cour Suprême » Après avoir ainsi préparé l'opinion à sa cause, Ahomadégbé convoque pour le 17 Novembre 1965 une assemblée dite du « Peuple » à la Présidence de la République. Répondant au communiqué radio du Vice-Président de la République, l'aile UDD du PDD arrive massivement à ladite assemblée. L'UGTD (Union Générale des Travailleurs du Dahomey) était aussi présente à travers une délégation. Les femmes, les anciens et une délégation d'officiers de l'Armée étaient de la partie. Les partisans du PRD de Monsieur Apithy étaient absents à la réunion. Ce fut le Vice-Président de la République qui présida la séance avec à ses côtés les Ministres UDD/PDD. Cette assemblée dite du Peuple s'était fixée pour tâche de décharger de ses fonctions le Président Apithy, constitutionnellement élu, pour le remplacer par Justin Ahomadégbé. Ce dernier prête serment en ces ternies :
« Devant le Peuple Souverain, nous, Justin Tomètin Ahomadégbé, élu conformément aux lois de la République, prêtons solennellement le Serment de respecter la Constitution que le peuple s'est librement donnée, de respecter l'esprit de la Révolution du 28 Octobre 1963, de servir et de défendre en tout lieu, les intérêts de la Nation, de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer à notre peuple plus de liberté, de justice sociale, de bonheur et de prospérité dans la cohésion nationale et la paix ».
En violation flagrante de la constitution du 5 Janvier 1964, Justin Ahomadégbé, à travers, une assemblée dite du Peuple, a fait démettre de ses fonctions le Président Apithy pour se proclamer à la place, Président de la République du Dahomey. Le procès-verbal confirmant cette grave décision a été signé par tous les participants à l'exception de la délégation de l'Armée. Un coup d'Etat civil venait ainsi d'être consommé. Par la suite, il se soldera par la démission des deux protagonistes et le retour au pouvoir du Général Christophe Soglo.
6. Conclusion
Les trois mousquetaires de la politique du Dahomey n’étaient pas des hommes indignes. Dans les conditions et les déterminations psychologiques, mentales, intellectuelles, politiques, culturelles, morales et sociales qui étaient les leurs, ils ont fait ce qu’ils pouvaient. Avec foi, conviction et passion. Cette passion n’a pas souvent fait de quartier à l’intelligence de l’union et de la paix. Mais il s’en fallait de beaucoup dans un contexte où la morphologie nationale et territoriale, héritée de l’arbitraire colonial était d’entrée problématique. Ces problèmes furent à l’origine des errances, des nombreuses erreurs et de l’instabilité politique chronique qu’a connue le Dahomey de 1960 à 1972. Comme beaucoup d’autres pays du continent africain fraichement libérés du joug de la colonisation pour entrer tête baissée dans la nuit subtile du néocolonialisme, la jeune nation Béninoise entrait dans un processus ontologique, marqué par l’apprentissage de la liberté et l’appréhension de soi-même et de son unité. Les leaders et les partis politiques qui furent aux premières loges de cette aventure ontologique et politique, dans la solitude héroïque de ceux qui n’ont pas d’autres références qu’eux-mêmes commirent beaucoup de maladresses, de fautes, d’erreurs voire mêmes des péchés. Ils ne sont pas des héros. Leur seule qualité était d’être les premiers. Ils sont nos pères fondateurs. Leurs erreurs, leurs efforts, leur foi et leur passion nous fondent. Mais ce fondement ne doit pas prêter flanc à la mystification. Il ne doit pas nous conduire à occulter la réalité et à prendre des distances avec la vérité. Car il n’y a rien de plus terrible que de se mentir à soi-même. Dans la première décennie de l’indépendance de notre pays, on doit à la vérité de reconnaître que les partis politiques et leurs leaders n’ont pas brillé par leur sens de responsabilité. L’égoïsme personnel ou tribal a malheureusement pris le pas sur l’amour de la nation. Ce déséquilibre a mis à rude épreuve la paix nationale et hypothéqué les perspectives de développement social, politique moral et économique de notre pays. De ces erreurs et errances de jeunesse aucun parti et leader politiques ne peut être absout. En l’occurrence, comme nous le montre ce bref tour d’horizon sur la vie des partis dans la première décennie de l’indépendance de notre pays, l’UDD et son leader, à l’instar des autres grands partis politiques n’a pas brillé par des actions dignes d’être cités en exemple à la postérité. Comme la plupart des autres partis des années 60, son action et ses errements plus ou moins tragiques devraient être maintenus au corpus négatif de la pédagogie de l’histoire, comme l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire. De ce point de vue, la résurrection de son nom et du concept-image de Wologuèdè aujourd’hui s’apparente à de la récupération mémorielle, entièrement fondée sur de la mystification et l’ignorance.
Cette récupération est malheureusement signe des temps : il est à mettre à l’actif de la culture rétrograde de propagande et de manipulation mise à l’honneur par le régime du Changement.
Binason Avèkes.
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008, © Bienvenu sur Babilown
[1]Rôle et Implications des Forces Armées béninoises dans la vie politique nationale, Lieutenant-colonel Philippe Akpo, édition du Flamboyant, 2005
POUR NE PAS OUBLIER! DEVOIR DE MEMOIRE.
BONJOUR,
C’est toujours comme ça : Tu ne vois qu’en profondeur, quand tu as pris du recul à partir de l’extérieur. A partir de l’exemple de Thomas Yayi Boni, il nous revient, à nous les Africains, de REVOIR notre Manière POLITIQUE. Nos CONSTITUTIONS doivent être à l’image de notre CONTINENT sans fioritures juridiques, compréhensibles par tous citoyens. Surtout et surtout, ne plus DONNER CARTE BLANCHE à n’importe quel individu de DECIDER seul par DECRETS, au Nom d’un PEUPLE.
Cordialement
Philosis
Rédigé par : CHRISTIAN de SOUZA (Philosis) | 04 mars 2011 à 20:05