Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur...
La Légion des Immigrettes
Il y a quelque temps, lorsque la légion d’honneur que la France donne aux étrangers selon une voie diploma-tique bien huilée a été attribuée à Maître Adrien Houngbédji, le ton de la presse, même enthousiaste était assez conventionnel. A la une, on pouvait lire : « Me Adrien Houngbédji sera honoré par la République française » ou bien « Décoration de Me Adrien Houngbédji par la France » ou encore : « Me Adrien Houngbédji élevé au grade de commandeur de la légion d’honneur par le gouvernement français » Rien que de très descriptif, du factuel strict. Pas ou peu d'allusions, pas de sous-entendu ou d’inférence subjective. C’était la France qui agissait en son nom propre.
Or maintenant qu’il s’est agi, comme cette semaine, d’une femme politique en la personne de Madame MEG, alias Marie-Élise Gbèdo, l’annonce de l’événement change de ton et bascule sur le registre subjectif de la personnalisation. Et on peut lire un peu partout dans la presse béninoise : « Légion d'honneur : Marie-Élise Gbèdo honorée par Sarkozy. » On flirte délibérément avec une personnalisation tendancieuse. On insinue ce faisant l’effet d’un acte sinon d’un lien personnel entre Sarkozy et la femme politique béninoise alors que ce genre de reconnaissance suit une voie plus institutionnelle que régalienne. On essaie de caresser le goujon des relations d'homme à homme, en l'occurrence ici d'homme à femme. Pourtant, ce que Sarkozy a en tant que tel à voir dans cette reconnaissance ne saute pas aux yeux. Une telle personnalisation aurait eu tout son sens et mérité les gros titres si Marie-Élise Gbèdo avait été déshonorée par Sarkozy ! Jusqu'à plus ample informé, il ne semble pas que ce soit le cas. A moins que les journalistes aient de bonnes raisons de faire le lien. Il est vrai qu’avec Sarkozy, les femmes sont à l’honneur. Il n’y a qu’à voir les représentants d'origine immigrée dans son gouvernement. Les Dati, Yade et autre Fadela Amara... Des immigrettes, rien que des femmes : dénégation sexy de l'immigré-en-soi. Sarkozy, l’homme à femmes, et qui les fait valser plus vite que son ombre. Sarkozy aime, connaît et reconnaît Marie-Élise Gbèdo en personne ! Bientôt, faute de ne pas être considérée à sa juste valeur dans son pays, MEG pourra se voir confier une mission, et pourquoi pas un Ministère ? Tout est possible. L’amie personnelle en laquelle la presse béninoise se plaît à nous présenter notre héroïne nationale du jour sera alors incorporée de plein droit au sous-harem des immigrettes de Sarkozy. Et elle n’aura aucun mal à y faire sa place : la légion des immigrettes est d’origine africaine et, en Afrique la polygamie, même politique, est une valeur érotique.
Éloi Goutchili
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008, © Bienvenu sur Babilown
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.