Ou l'Art de Protéger Sa Fuite
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DOCTEUR H2O : Vous avez ouï la dernière, Professeur ?
PROFESSEUR ZONON : Quoi donc, Docteur ?
DOCTEUR H2O : Eh bien, selon un article du Matinal, il paraît que Monsieur Albert Tévoédjrè est pressenti par l’Onu pour administrer son remède de savant politique et de médiateur hors pair dans la crise du Zimbabwe !
PROFESSEUR ZONON : Plaît-il, voilà une nouvelle vraiment sensationnelle ! Mais, est-ce de sources sûres ?
DOCTEUR H2O : Quoi, pourrait-il s’agir d’un bluff ?
PROFESSEUR ZONON : Qui sait ? Faut voir la chose dans le détail pour savoir de quoi il retourne parce que voyez-vous ce Monsieur Tévoèdjrè est si roué et si infatué de soi qu’il n’hésite pas à donner à croire toutes sortes de choses sur sa personne, sa notoriété, son importance qu’il faut se méfier de l’homme et de ses simagrées médiatiques savamment concoctées avec la bienveillance complice d’une escouade de nègres fidélisée...
DOCTEUR H2O : Professeur ! Vous n'exagérez pas un peu ? Vous m'avez l’air bien remonté contre notre auguste Médiateur...
PROFESSEUR ZONON : Ce n’est pas une question de personne, ou bien si, en l’occurrence nous avons affaire avec une personne qui n’est pas au-dessus de tout soupçon en matière d’attrape-couillon ... avez-vous lu vous-même l'information ?
DOCTEUR H2O : Tenez regardez... Je l’ai encore là ...
PROFESSEUR ZONON : Blabla ! blabla !... Voyons, que nous dit-on : « Le professeur Albert Tévoédjrè serait sur le point de démarrer encore une expérience internationale... » Et plus loin... Blabla... « Le professeur Albert Tévoédjrè serait aussitôt contacté et aurait donné d’amples informations sur la façon dont il entend procéder dans un délai relativement court pour le retour à la paix... » Foutaise que tout cela mon cher ami !
DOCTEUR H2O : Et pourquoi donc, Professeur ?
PROFESSEUR ZONON : Tout cela est à prendre avec des pincettes, et d’ailleurs le nègre ne se mouille pas : il a usé du conditionnel jusqu’à la corde ! Bonne tactique de nègre !
DOCTEUR H2O : Mais alors, Professeur !
PROFESSEUR ZONON : Quoi donc, Docteur ?
DOCTEUR H2O : Et ce Monsieur Said Djniit, émissaire du Secrétaire général de l’ONU venu spécialement faire l’annonce de la promotion de notre Médiateur national, ça c’est tout de même du solide, pas un roman, hein ?
PROFESSEUR ZONON : Un roman, vous savez, cher ami, ça mêle le vrai et le faux, le vraisemblable et l'irréel.
DOCTEUR H2O : Mais encore...
PROFESSEUR ZONON : Eh bien, en l’occurrence ce fameux Said Djinitt est bien réel, c’est un représentant de l’Onu. Il n’a ni le titre ni la mission qu’on lui prête dans ce roman. En fait, pour quelques heures qu’il passera au Bénin, je vous signale qu’il est en tournée dans toute l’Afrique de l’Ouest en tant que représentant pour la paix en Afrique de l’Ouest. Et à ce titre, il a séjourné au Togo pendant 48 heures. Chez nous il ne restera que quelques heures, alors pas la peine d’en faire tout un plat...
DOCTEUR H2O : Ah, voilà qui apporte un peu de lumière !
PROFESSEUR ZONON : D’ailleurs quelle est cette conception héroïque de la paix axée sur la personnalisation de la médiation dans un conflit aussi épineux ? Vous savez que dans l’Affaire du Zimbabwe, il y a beaucoup d’institutions et de systèmes en jeu...
DOCTEUR H2O : Oui bien sûr... ... L’Afrique du Sud, la SADC, l’Union Africaine, l’Onu, etc...
PROFESSEUR ZONON : Alors quel est le rôle miraculeux que va jouer notre Zorro national parmi cet aréopage institutionnel ? Le metteur en scène de la paix ? Pourquoi tout à coup la médiation au Zimbabwe prend-elle une tournure personnaliste ?
DOCTEUR H2O : Bonnes questions, Professeur...
PROFESSEUR ZONON : Et parlant de personne, n’oubliez pas qu’au moment où je vous parle, l’Onu a déjà sur place un émissaire qui s’occupe de la question, en la personne de l’Ethiopien Haile Menkerios qui est attendu à Pretoria, pour soutenir l’effort de médiation visant à mettre fin à l’impasse politique actuelle entre le président zimbabwéen, Robert Mugabe, et son adversaire M. Morgan Tsvangirai...
DOCTEUR H2O : Ah bon ? Dans ce cas, ce rôle annoncé de Monsieur Tévoèdjrè paraît en effet faire double emploi...
PROFESSEUR ZONON : Pour qu’il fasse double emploi il faudrait déjà qu’il fasse emploi ; or comme je le pense, il s’agit d’un roman, et le journaliste qui envoie ce ballon d’essai se couvre bien derrière l’emploi subtil du conditionnel. La croyance en ce type d’information, comme les promesses, n’engage que ceux qui s’y laissent manipuler...
DOCTEUR H2O : Alors, concrètement, quel est le but visé par ce roman, si tant est que ç’en soit un... ?
PROFESSEUR ZONON : Eh bien, il faut dire que tout le monde se couvre dans cette affaire...
DOCTEUR H2O : Ah bon, comment ça ?
PROFESSEUR ZONON : Eh bien, comme le journaliste se couvre derrière l’usage subtil du conditionnel, l’intéressé lui-même couvre quelque chose...
DOCTEUR H2O : Mais quoi donc, Professeur ?
PROFESSEUR ZONON : Vous n’êtes pas sans savoir, cher Docteur, que la situation de notre Médiateur et de son organe phare, l’OPM, qu’il a manipulé le Chef de l’Etat à lui concocter sur mesure, n’est pas des plus claires...
DOCTEUR H2O : Tout à fait...
PROFESSEUR ZONON : On peut même dire qu’elle est juridiquement, oh que dis-je ? constitutionnellement tangente...
DOCTEUR H2O : Tout à fait...
PROFESSEUR ZONON : Et plus récemment, des informations font état d’une grogne de certains employés de l’OPM pour cause de salaires impayés.
DOCTEUR H2O : Ah oui !
PROFESSEUR ZONON :... C’est dire que l’atmosphère de l’OPM est plus que jamais sulfureuse, et la situation de celui qui s’y est identifié corps et âme est tangente... Donc si vous suivez mon regard, le but de ce roman est clair : il s’agit de protéger la fuite du Médiateur, à la manière des soldats sur le champ de bataille, obligés de tirer à grands bruits pour protéger leur fuite... Comme, selon l'adage anglais, l'héroïsme et la couradise consistent à courir à la même vitesse mais pas dans le même sens, nous pouvons dire que le mot d'ordre "Courage, fuyons !" correspond parfaitement à la tactique de Monsieur Tévoédjrè...
DOCTEUR H2O : Cela semble tomber sous le sens, Professeur.
PROFESSEUR ZONON : Et puis à lire de plus près l’article, on sent qu’on présente la nomination présumée comme une promotion et la mission comme un véritable contrat à durée indéterminé ; comme si on souhaitait institutionnaliser le conflit au Zimbabwe, et que cela durât des années et des années afin que le Médiateur d’origine béninoise restât à demeure et se confirmât dans son rôle émérite de savant de la médiation...
DOCTEUR H2O : Le malheur des uns fait le bonheur des autres dit-on...
PROFESSEUR ZONON : Oui, hélas mais cela a un mauvais goût d’appétit de croque-mort ...
DOCTEUR H2O : Oh, oui, ce n’est pas très sain tout ça...
PROFESSEUR ZONON : De toute façon Monsieur Tévoèdjrè n’en est pas à sa première expérience dans l’art d’utiliser la référence à un promontoire international pour interférer dans la politique nationale, soit lorsqu’il veut fuir, ou soit lorsqu’il veut s’y insérer. Avant d’être nommé Médiateur, il faisait croire, par le même truchement de la presse et à peu près avec les mêmes nègres, qu’il était très occupé par un poste de Conseiller dans une institution universitaire helvète... Quelques semaines après cette campagne de snobisme sournois visant à le faire apparaître comme un homme très recherché dans les sphères radieuses de la haute pensée politique, il renonça miraculeusement à cette ambition prestigieuse pour devenir Médiateur au Bénin. En somme il prêche le lointain pour obtenir le prochain...
DOCTEUR H2O : Un sacré attrape-couillon, ce Tévoèdjrè !
PROFESSEUR ZONON : Raison de plus pour se méfier... En tout cas, qu’il s’enfuie ou pas, Monsieur Tévoèdjrè doit assumer ses responsabilités notamment en ce qui concerne la situation illégale et délétère dans laquelle se trouve l’organe qu’il dirige...
DOCTEUR H2O : Cela me paraît bien vrai... Mais attendons de voir ce que recouvre toutes ces manigances...car si l’Onu peut débaucher à sa convenance un personnage d’une si haute institution nationale, alors peut-être qu’un jour prochain, elle parviendra qui sait ? à nommer notre Chef de l’Etat, Monsieur Yayi Boni, Représentant spécial de l’Onu pour la paix en Mauritanie ou en Guinée Bissau...
PROFESSEUR ZONON : Alors, ce serait la fuite suprême !
DOCTEUR H2O : Oui, Professeur, tout le monde mettrait la clé sous le paillasson au Bénin, et nul ne sera plus responsable de rien, et l’Onu aura bon dos !
PROFESSEUR ZONON : Grâce au zèle romanesque de nos journalistes, on risque d’arriver à ce stade bientôt ...
DOCTEUR H2O: Wait and see! Mais en attendant, je tiens à vous dire merci, Professeur, pour vos éclaircissements...
PROFESSEUR ZONON : Tout le plaisir est pour moi Docteur !
Hubert Odjo
Faut-il brûler Albert Tévoédjrè
Lettre à Pancrace sur la Mort Légale de l'OPM
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008, © Bienvenu sur Babilown
Lumière sur le Roman...
Zimbabwe : visite cruciale du président Thabo Mbeki
C'est le porte-parole de Robert Mugabe qui l'a déclaré sans plus de précisions.
La présidence sud-africaine qui a annoncé vendredi cette visite n'en dit pas plus alors que les observateurs font état de l'imminence d'un accord de partage de pouvoir au Zimbabwe.
Le secret total imposé par le médiateur autour des négociations inter-zimbabwéennes est apparemment également de mise sur la visite à Hararé de Thabo Mbeki.
Tout ce que l'on sait est que Thabo Mbeki rencontrera les principaux acteurs politiques de la crise lors de cette visite qualifiée de "tournant décisif" par George Charamba, le porte-parole du président de Robert Mugabe.
Un autre responsable politique a lui déclaré à des confrères dans la capitale que les représentants du pouvoir et ceux des deux factions du MDC travaillaient d'arrache-pied aujourd'hui, pour régler les derniers détails de l'accord de partage de pouvoir, sans toutefois préciser si le document serait signé pendant la visite du président sud-africain, qui quitte le Zimbabwe dimanche selon le calendrier publié par la présidence sud-africaine.
Un accord est considéré comme possible
Les analystes qui se fondent sur l'attachement aux symboles du président Mugabe, prédisent que l'accord pourrait être signé dimanche, histoire de donner un accent particulier à la célébration lundi de la journée des anciens combattants de la guerre d'indépendance.
Au pire spéculent ces observateurs, la signature de l'accord interviendrait avant le sommet de la SADC qui s'ouvre le week-end prochain en Afrique du Sud.
Une façon pour Thabo Mbeki de présenter à ses pairs des résultats concrets de la mission que lui a confiée l'organisation sous-régionale, alors que sa médiation a souvent été critiquée.
Entre-temps une certaine fièvre semble avoir gagné le Zimbabwe depuis quelques jours, la population attendant avec une certaine excitation la signature d'un accord politique porteur de beaucoup d'espoir.
Le pays est confronté à une crise économique aigüe, avec une inflation qui dépasse désormais les deux millions de pourcent, alors que 80% de la population active est au chômage.
Saïd Penda
BBC Afrique, Johannesbourg...
Pour l'instant on attend toujours l'intervention spectaculaire du zorro Béninois...
Rédigé par : B. A. | 11 août 2008 à 01:13
Le Roman continue...
Le Matinal qui a bruité l'info d'une implication de Monsieur Tévoèdjrè dans la résolution de la crise du Zimbabwe, et dont l'annonce de la nomination aurait été portée par le représentant de l'Onu en Afrique de l'Ouest, Monsieur Said Djinit, eh bien le même journal nous en apprend de plus belle sur le dévolu jeté par l'organisation internationale sur notre pays. En effet sous le titre "Intervention de l’Onu dans la crise nationale :Un cuisant échec pour Yayi Boni, le Matinal du 7/08/08 nous apprend que Le président Yayi Boni a été obligé de solliciter le soutien du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies pour trouver une solution à la crise politique nationale pourrie. Mais, avant que les forces de l’opposition conviées à une rencontre sur le sujet ne s’organisent hier jeudi pour la cause, le représentant de l’Onu qui devrait échanger avec eux est reparti pour une autre mission."... Autrement dit le deux ex machina onusien était venu faire d'une pierre deux coups : au moment où il nous pique notre médiateur alors qu'en pleine crise politique nous aurions eu grand besoin de son savoir faire, il se propose en personne comme médiateur à notre crise et renvoie le nôtre soi-disant sur le front zimbabwéen... Plus que d'un roman, il s'agit d'un véritable vaudeville politique à dormir debout. Dieu sauve le Bénin !
Rédigé par : B. A. | 08 août 2008 à 18:46