Comment vas-tu ? Merci pour tes échos de vacance depuis Okinawa, « sur les traces de Soseki »... comme tu dis. Mais à ma connaissance, en dehors de son intérêt pour la Corée et de son voyage en Mongolie, le Grand maître s’est-il intéressé à la partie tropicale de son pays ?
Bref, revenons, ces questions exotiques n’ont rien d’urgent à côté de celles que tu me poses, à propos de notre cher pays, le Bénin.
Dans ta dernière lettre en effet, tu attires mon attention sur un fait qui te turlupine, à savoir l’impasse dans laquelle sombrent certaines affaires qui selon tes propres termes sont pourtant capitales. Et, eu égard à l’ère du changement, tu te poses des questions. Elles sont légitimes, et je vais essayer d’y répondre. Mais, avant d’aller en besogne permets-moi quelques détours que nécessite la complexité du problème.
Au Bénin, avec l’alternance de 2006, la notion de Changement entrée en scène avec Yayi Boni et ses slogans accrocheurs « Ça va changer ! » et « Ça change déjà !», a très vite fait l’objet d’une synecdoque. En rhétorique, la synecdoque est une figure qui consiste à prendre le plus pour le moins, la matière pour l’objet, l’espèce pour le genre, la partie pour le tout, etc.
Cette vision restreinte du changement est aussi bien celle du peuple que celle des gouvernants.
Pour le Peuple, la pauvreté, la misère et le paupérisme qui frappaient de plein fouet le Bénin étaient le fait de la mauvaise gouvernance du régime de Kérékou. Celui-ci était à la tête d’une mafia qui saignait impunément le pays : corruption, détourne-ments, malversations, gestion patrimoniale des biens de l’Etat étaient le b.a.-ba de la culture politique d’alors. Le pays était exposé à un paupérisme galopant. Pour toutes ces raisons, le lien de cause à effet entre corruption et pauvreté a été exaspéré. Pour le commun, la fin du règne de la corruption et de l’impunité au plus haut niveau de l’état signifiait le bien-être du Peuple.
Pour le nouveau pouvoir, le changement aurait dû être conçu et abordé de façon moins restreinte, plus structurée et systématique. Mais parce que le cœur du pouvoir battait au rythme du populisme ambiant, l’inclination populaire immédiate semble l’avoir emporté. Du coup, même au niveau du pouvoir, le changement n’a pas évité l’emprise de la synecdoque. Bien sûr, des efforts remarquables d’assainissement de l’économie ont été accomplis par un Président qui se disait Docteur – qualification à prendre aussi bien au sens métaphorique de médecin qu’au sens académique de celui qui a eu un doctorat en économie. Mais le cheval de bataille du changement, ce à quoi il se résume dans l’image que le Gouvernement donne de sa volonté et de son action reste la guerre à la corruption et à l’impunité. Et pour les tenants du changement, dans la corruption et l’impunité ce qui reste prépondérant ce sont les aspects économique et politique, au détriment des aspects moral, légal et rationnel. D’une manière générale dans l’esprit des tenants du pouvoir actuel sous la houlette du « Docteur (en économie) » Yayi Boni, le changement doit être expressément économique. L’économique est primordial. Ventre affamé n’a point d’oreille. Le reste viendra après. Peut-être que l’abîme dans laquelle la gestion désastreuse de Monsieur Kérékou a fait descendre notre pays justifiait cette bonne volonté économique du Président Yayi Boni. Mais on ne peut pas ne pas y voir aussi la conséquence directe du prix de l’apprentissage politique d’un homme aussi nouveau dans le sérail que déterminé à ne pas s’en laisser conter. Ainsi, la politique au sens politicien du mot et l’économie au sens matérialiste du terme sont devenues les deux mamelles du changement façon Yayi Boni. Et moins l’économie marche comme en ce moment où elle est sévèrement grevée par une crise mondiale – celle du pétrole et du prix des denrées alimentaires – plus la politique assume son droit de substitution.
Or, cher ami, –et c’est là où je veux en venir–, dans une acception structurée, le changement devrait être éthique et philosophique avant tout. Par exemple dans le domaine de la lutte contre la corruption et pour une bonne gouvernance, on devrait tenir compte du fait que c’est dès le bas âge que se met en place l’esprit citoyen, le respect du bien d’autrui et les valeurs éducatives associées. Et donc une réforme de l’enseignement devrait concrètement y pallier. Par ailleurs, un effort d’éducation civique et civile aurait dû être entrepris pour élever le niveau d’instruction générale des gens. Cela devrait se baser sur une politique d’alphabétisation rapide dans les langues principales du pays. Pour ce qui est des mœurs de nos dirigeants à tous les niveaux – Directeurs de société d’Etat, Préfets, Députés, Ministres, – une Grande Ecole des Elites de la Nation devrait être créée avec l’objectif de s’assurer du contrôle éthique de ses ressortissants. Bref, le gouvernement aurait dû articuler une double politique structurelle du changement basée sur le court terme et le long terme. Celle du long terme couvrirait l’aspect éthique et « superstructurelle », et celle du court ou du moyen terme concernerait l’économique et le politique, et plus généralement « l’infrastructurel ».
Mon cher Pancrace, pour en revenir strictement au problème que soulèvent tes questions, je dirai que dans les mentalités, les mœurs, et les pratiques sociales la rationalité légale devrait être en marche. Or ce n’est pas le cas, notamment dans le domaine judiciaire. Là, comme tu le déplores, règnent un laisser aller ébouriffant, une apathie et une irrationalité choquante qui trahissent l’insignifiance du fait légal aux yeux des dirigeants. Oui, je suis d’accord avec toi, il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau. Ce qui est étonnant c’est que cette façon de voir et de faire continue imperturbablement au moment même où on parle de changement sur tous les tons. Et moi je dis que nous avons affaire là avec une traduction de l’effet de synecdoque qui, dans l’esprit populaire comme dans celui de ses promoteurs, affecte l’idée de Changement.
Bien sûr, dans le domaine de la justice comme dans tous les autres se pose de façon lancinante la sempiternelle question des moyens. Mais au-delà de cette question, il y a le peu de cas qui est fait de la rationalité légale. Comme si on voulait dire : « Ventre affamé n’a qu’une seule forme : plate » Et pire comme si nos gouvernants souffraient d’une inaptitude mentale à cet égard. La forme classique de cette inaptitude est révélée par l’impasse dans laquelle se diluent souvent les procédures judiciaires, assujetties aux contraintes de l’économie, de la raison d’Etat, ou des calculs politiciens. Les trois cas que tu cites illustrent le triste constat que le changement initié depuis mars 2006 n’a rien ou peu changé au domaine judicaire qui est un aspect décisif de la rationalité légale. Et pour les analyser permets-moi de les reprendre à nouveau frais. Il s’agit en effet de : 1. L’Assassinat du Juge Coovi ; 2. L’Emprisonnement de l’homme d’Affaire Séfou Fagbohoun ; 3. L’Attaque du convoi du Président à hauteur de Ouèssè le 15 mars 2007.
Dans ces trois cas le lien avec la politique est évident. Pour le premier, l’assassinat du Juge Coovi, cette évidence peut ne pas sauter aux yeux dans la mesure où la victime en dépit de sa fonction de Haut Magistrat n’est pas considérée comme un homme politique. Mais le présumé coupable est l’ancien maire de Parakou, ville où eut lieu le crime. Les conditions de la survenue du crime plaident aussi dans le sens d’un acte politique crapuleux. Lors des élections présidentielles de mars 2006, le pays tout entier était en effervescence. Les candidats comme on le sait se positionnent par rapport à des localités pour asseoir leur identité. Mais par-delà les localités, il y a pour les grands candidats la traditionnelle opposition nord/sud. Toutefois, compte tenu des effets de l’écart démographique entre le Nord et le Sud, la stratégie d’identité régionale n’est pas la même au Nord comme au Sud. Si le sud peut afficher deux grands candidats et en encaisser le coup, l’émiettement des candidatures au Nord est fatal pour le grand candidat de cette région. C’est pour cela que dès le premier tour, l’autorité identitaire d’un seul candidat doit être marquée et reconnue dans le Nord. Dans ce contexte, à l’approche des élections, la tension politique était à son comble. Entre les unionistes comme l’ex-Ministre Ahamed Issifou Akobi et les libéraux comme Gbadamassi, soupçonné de faire le jeu de l’ennemi naturel, une sourde rivalité faisait rage. De plus, en sa qualité de maire de Parakou, la position de Gbadamassi était décisive dans la mesure où la ville de Parakou est la plus importante ville du Nord. C’est dans ce contexte qu’est intervenu l’assassinat du Juge Coovi et dans lequel, d’une façon troublante, Monsieur Gbadamassi est apparu et a été traité comme le coupable idéal. Cette affaire a au moins la fonction expresse d’éliminer Monsieur Gbadamassi du jeu politique à la veille des élections présidentielles de 2006, et de faciliter le problème décisif de l’unité politique du Nord autour d’un seul homme. Dès lors, en amont comme en val, l’assassinat du Juge Coovi apparaît comme une affaire éminemment politique.
L’affaire de l’attaque du convoi présidentiel près de Ouèssè le 15 mars 2007, qu’il faut distinguer de l’embuscade elle-même, est politique. Certes toute attaque contre un homme politique n’est pas forcément politique, même s’il serait difficile de dépolitiser un tel acte. A contrario sa politisation est chose facile. Dans le cas d’espèce, compte tenu de l’utilisation rapide de l’incident par la propagande du pouvoir qui sans retenue ni précaution, n’a pas hésité à annoncer au monde qu’il s’agissait d’une tentative d’assassinat du Président, alors que l’hypothèse d’une opération de coupeurs de route très actifs dans la région ne pouvait être exclue, l’affaire était d’entrée mise sur la sellette politique.
Enfin, l’arrestation et la mise sous mandat de dépôt de l’homme d’affaire Séfou Fagbohoun est éminemment politique. Elle l’est dans l’apparence du donner à croire qui gouverne le jeu politique entre la réalité des faits politiques et ce qui est donné à comprendre à la multitude par les hommes politiques au travers des médias. Pour la multitude, il fallait comprendre que Séfou Fagbohoun est le prototype même des fossoyeurs de l’économie nationale et qu’il sied que son crime ne soit pas impuni et que sa sanction méritée serve d’exemple. On pourrait penser aussi comme l’écrivent des journaux que « l’Etat a décidé d’aller jusqu’au bout de sa logique pour voir clair dans cette histoire. » Ce qui n’est pas faux, même si les complications de ce dossier ont fini par faire du personnage de Séfou Fagbohoun une sorte de victime expiatoire presque angélique que l’opposition accueille au parlement avec un standing ovation pour le moins déroutant. Mais les motivations réelles de l’arrestation de l’homme d’affaire, loin de cadrer avec cette version manichéenne de la lutte du bien contre le mal est plus proche de l’analyse que fait Kofi Sylvain SASSE dans Afrology. Et où il ressort que :
« L´arrestation de Séfou Fagbohoun, ne serait qu´un coup monté par l’ex-Chef de l´Etat Mathieu Kérékou et le Président actuel ne pouvait que s’exécuter. (...) En pensant que le caméléon serait contraint au silence du fait des transferts de fonds d’origines non éclaircies (60 milliards de FCFA), Mr. El Hadj Séfou Fagbohoun aurait tout simplement conservé la part qui revenait à l’entourage du caméléon. Ce dernier n’en a pas fait cas sur le moment. Suite à des investigations, l’origine du comportement du milliardaire ne serait que Me. Adrien Houngbédji, intéressé au poste de Président. Car, pour le président Mathieu Kérékou et ses partisans, derrière, Yayi Boni, ne pouvait que se trouver la main invisible de l´opposition, l´ex-Président Nicéphore Soglo et son parti la renaissance du Bénin (RB).
Et, face à cette situation imprévue, le président Kérékou, renonce à soutenir Me. Adrien Houngbédji en raison, du conflit qui l´oppose à El Hadj Séfou Fagbohoun et choisit de soutenir Dr. Yayi Boni, avec qui, il a pris soins de sceller des alliances secrètes et s’appuyant au passage sur les nombreux ex-conseillers officieux, des pasteurs baptistes, et méthodistes, du vieux Caméléon dans l´entourage de Yayi Boni.
Ce dernier ne dispose pas, toujours selon les nombreuses sources des milieux politiques de la réalité de pouvoir et c´est l´ex-Président Mathieu Kérékou qui gouverne toujours par l´intermédiaire de ces « pasteurs ». C´est cette alliance secrète Kérékou-Yayi Boni qui a conduit à l’arrestation de Mr. El Hadj Séfou Fagbohoun. »
Et, même en dépit de la décision Dcc 06-075 de la Cour Constitutionnelle selon laquelle « l’arrestation et la détention de Monsieur Séfou FAGBOHOUN, ne sont ni arbitraires ni abusives et ne constituent donc pas une violation de la Constitution », il apparaît que dans le fond, l’Affaire Fagbohoun est une affaire de règlement de compte politique.
Mon cher Pancrace, d’un certain point de vue, chacune de ces affaires peut être considérée au départ comme une banale affaire sans immixtion a priori avec la politique. Meurtre crapuleux d’un juge, action de coupeurs de route et crime économique d’un homme d’affaire rattrapé par la justice. Tel n’en a pas été hélas le cas, et la politique s’en est à chaque fois mêlée. Or si la politique est devenue le dénominateur commun de ces affaires, et parce qu’elle l’est devenue, elle a impliqué du même coup une autre caractéristique, à savoir leur gestion tendancieuse et régalienne et le fait que toutes elles s’achèvent ou se diluent dans une impasse pour le moins troublante.
En effet avec le recul, l’assassinat du juge Coovi semble bien distinct de ce que les médias ont longtemps appelé l’« affaire Gbadamassi » ; comme si sa seule fonction avait été de mettre hors circuit politique et pendant un certain temps l’influence de l’ancien maire de la ville la plus importante du Nord. Et rien n’est fait pour éclairer les consciences sur ses auteurs et son mobile. Son élucidation est renvoyée aux calendes grecques. De même, dans l’affaire de l’embuscade de Ouessè, alors que c’était l’État qui était visé à travers la personne de son chef, nul n’a été fichu de dire au peuple et au monde les résultats, si résultats il y a eu, de l’enquête sur ce qui, à défaut d’être un coup d’état, avait pourtant été annoncé tambour battant comme une tentative d’élimination physique du Président, à la veille des élections législatives. Enfin, l’élargissement de Séfou Fagbohoun peut servir à des fins politiques, comme le prouve cette étrange unité autour de sa personne à l’Assemblée nationale et l’accueil en ange d’un homme qui a été politiquement maltraité par le pouvoir et ses alliés au lieu d’être juridiquement traité dans la seule mesure des crimes pourtant réels dont il est accusé.
Tout ça pour dire quoi, cher ami ? Eh bien, que ces affaires que tu me cites sombrent dans l’impasse et on ne peut que le regretter. Que tu as bien raison d’estimer que le changement dont on nous rebat les oreilles jusqu’ici n’a pas vraiment fait sienne cette parcelle essentielle de la rationalité légale qu’est le fait judiciaire considéré en sa valeur intrinsèque comme un processus ayant un moyen et une fin qui s’inscrivent dans l’esprit de la démocratie. Passe encore que l’administration au quotidien de la justice soit ralentie par les nombreuses difficultés inhérentes à notre situation de pays pauvre. Mais lorsqu’on songe que les trois cas considérés, qui ne sont pas banals en ce qu’ils ont d’une façon ou d’une autre frappé la conscience populaire, ont sombré dans l’impasse où ils sont maintenant à cause justement de leur liaison dangereuse avec la politique, on est révolté de constater que c’est moins une question de moyens que de volonté qui justifie cette impasse.
« Toute société dans laquelle l’égalité des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution » affirmaient les révolutionnaires français dans l’article 16 de la Déclaration de 1789. Cette affirmation reste d’actualité. Le problème que soulève l’impasse dans laquelle sombrent ces affaires à ramifications politiques est celui de la séparation de l’autorité judiciaire et des pouvoirs politiques. Cette séparation est avant tout une question de volonté. Car s’il est bien vrai que le manque de moyens peut ralentir l’administration de la justice, il est tout aussi vrai que ce manque de moyens peut devenir un moyen pour le pouvoir politique d’éteindre ou de raviver une affaire selon sa convenance ou ses intérêts du moment. Dans tous les cas, il s’agit bel et bien d’une instrumen-talisation de la justice incompatible avec la rationalité légale.
Si ces manières de voir et de faire d’avant continuent d’avoir cours de nos jours et parfois de façon insolente et vicieuse, c’est que le régime, bien qu’ayant pour credo le changement est parvenu à naturaliser cette approche restreinte du changement placé, comme je l’ai dit, sous le signe rhétorique de la synecdoque. Or le changement doit être structurel ou ne sera pas ; dans l’absolu, il est d’abord intérieur avant d’être extérieur, moral avant d’être matériel. Certes la politique n’est pas seulement affaire de principes abstraits ; elle a affaire aussi avec des êtres de chair et de sang dont les légitimes aspirations doivent être prises en compte. Raison pour laquelle il faut mener de front une double politique structurelle de changement basée sur le court terme et le long terme. Tu peux penser que cette exigence que je formule n’a rien à voir avec le problème de l’impasse judiciaire ; mais à tout bien penser et analyser ne vois-tu pas que l’instrumentalisation de la justice qui rend raison de l’impasse que tu déplores est la conséquence de la représentation rhétorique du changement ? Et que cette représentation placée sous le signe de la synecdoque est le résultat d’une vision restreinte du changement qui a voulu agir dans l’immédiat et dans l’urgence sans se poser des questions de fond sur sa méthode, ses implications et son sens ?
Donc, et nous ne pouvons que l’espérer, plus les promoteurs du changement prendront conscience de la nécessité de s’appuyer sur une approche plus structurelle du changement plus nous pouvons espérer progresser dans la voie de la rationalité légale, et d’un changement plus durable ; ce qui nous éviterait, j’aimerais tant l’espérer, de tomber dans ces impasses et ces échecs qui sont frustrants pour tout esprit citoyen un tantinet exigeant.
Cher ami, quel long détour pour une réponse fort simple, me diras-tu ! Oui, je sais, tu auras raison de déplorer mes longueurs, mais j’implore à l’avance ta patience et me fie à ton amitié. J’ai lu récemment dans « Clair Obscur » de Maître Soseki », que tu m’as conseillé, que l’amitié est un gisement du cœur qu’on peut exploiter sans fin. Je crois qu’il a raison, ma manière à moi d’exploiter ce gisement sans fin est de courir le risque de mettre fin à ta patience...
Bonne vacance,
Amicalement
Binason Avèkes
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