Des Riens et des Touts
PROFESSEUR ZONON : « Zinsou chez le médiateur », titrent les journaux ; ou bien « Zinsou et Tévoédjrè en tête à tête ce jour »...
DOCTEUR H2O : Ah ! Quelque chose se passe dans la pays ou alors, je ne m'y connais pas...
PROFESSEUR ZONON : En tout cas les journaux s’évertuent à nous le faire croire...
DOCTEUR H2O : Au fait, ils sont qui à la fin, ces fameux Zinsou et Tévoédjrè ?
PROFESSEUR ZONON : L’un est un ancien Président de la République prétendument docteur, qui a soutenu la thèse présidentielle du Docteur Yayi Boni en mars 2006. L’autre ancien directeur du BIT, ancien ministre récidiviste, ne se tient plus de joie, depuis qu’il a médiocrement exercé un mandat de paix pour l’Onu en Cote d’Ivoire. Ces deux hommes furent les deux soutiens qui firent autorité en faveur de la candidature de Yayi Boni. Plaît-il Docteur ! Ne la saviez-vous pas ? N’avez-vous jamais entendu parler d’eux ?
DOCTEUR H2O : Oh que si ! Ces vieux comparses de la politique depuis des décennies. Des individus qui ne se prennent pas pour une merde, et qui ont leur grain de sel infect dans toutes les sauces politiques du pays ! Qui ne les connaît pas ?
PROFESSEUR ZONON : Alors que voulez-vous dire au juste ?
DOCTEUR H2O : En fait, je voulais savoir ce qu’ils sont constitutionnellement parlant pour que, à un moment donné ou à un autre de la vie politique du pays, les journaux, les médias mais aussi le pouvoir et les hommes politiques accréditent le fait que tout doit être ramenés à eux et à leurs intrigues de bas étage ? Pouvez-vous me dire ce que signifie un tel théâtre ?
PROFESSEUR ZONON : Constitutionnellement, ils ne valent pas un pet : l’un est le Président d’honneur d’un petit parti rikiki sans visibilité politique décisive, et surfe sur son aura d’ancien Président...
DOCTEUR H2O : Ancien Président mon C... ! Il n’a jamais été élu, imposé par les militaires voilà ce qu’il est ! Quant à l’autre...
PROFESSEUR ZONON : Eh bien l’autre n’est pas mieux loti constitutionnellement ou politiquement. Il passe pour le Médiateur ; cette nomination par décret a été, disons le tout net, anticonstitutionnellement effectuée par un Président qui par constitution ou par culture n’aime rien tant que brûler la politesse à la constitution. Mais passe encore un tel titre ou rôle de Médiateur. En soit la chose n’est ni mauvaise ni nouvelle ; une telle institution existe dans plus d’un pays en Afrique. Mais la substance initiale de la fonction était la gestion et le déblocage des litiges entre les citoyens et l’Etat, les individus et l’administration. Or voilà que la chose dérive et peu à peu s’installe au cœur de la vie politique, court-circuitant les instances politiques et les institutions constitutionnellement habilitées à animer, gérer et traiter de la chose politique. Et on nous le présente comme le sommet absolu de la cathédrale politique de notre Démocratie...
DOCTEUR H2O : En somme Médiateur ou ancien Président, il s’agit avant tout de vieux briscards de la politique qui prennent un malin plaisir à jouer les manitous...
PROFESSEUR ZONON : Pour sûr, c’est leur passion... Et, aussi bien eux-mêmes que le pouvoir qui les met en scène, tout le monde est satisfait de cette personnalisation du pouvoir que l’on déguise sous le vocable subtil de « gouvernance concertée. » Mais notre Démocratie en sort-elle grandie ?
DOCTEUR H2O : Justement c’est la question que j’allais vous poser Professeur !
PROFESSEUR ZONON : Eh bien Docteur, nous avons de bonnes raisons d’en douter. Car voyez-vous lorsque des gens qui sont des riens constitutionnellement parlant sont présentés politiquement comme des touts, alors il y a fort à parier que la Démocratie est au mieux symbolique, au pire en vacance...
DOCTEUR H2O : Voilà ce que je me disais... Merci beaucoup, Professeur pour votre éclairage...
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