Pourquoi Yayi Boni a perdu les élections locales ?
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Au risque même d'un tremblement de terre politique, Yayi Boni a remué ciel et terre afin de gagner les élections locales. On nous dit que c’est dans le but de préparer 2011. Le Président veut être sûr de sa réélection ; et donc pense-t-il, cela passe par la conquête du terrain, du local, des localités. Mais oublie-t-on que sa première élection n’avait rien dû ni à une conquête de localité, ni à une notoriété politique établie ? Assurément la stratégie territorialiste s’est soldée par un échec cinglant. Un désaveu d’autant plus paradoxal que le Président a jeté tout son dévolu sur le populisme. Mais le populisme de Yayi contenait en germe son propre échec. En effet, ce populisme suranné était essentiellement basé sur une autoglorification naïve, à partir d’un succès initial indéniable, mais qui ne pouvait être confondu avec le succès de la mission qui lui a été confiée en mars 2006. Cette tentative de faire passer en contrebande le passé pour le présent et le présent pour le futur ressemble fort à une subornation. Et le peuple n’a pas été dupe. Bien sûr, chez Yayi Boni, il y a la hantise de l’échec de Soglo que tempère la fascination de la longévité politique de Kérékou. Hantise et fascination expliquent la volonté du Président de faire flèche de tout bois. L’attitude de Yayi Boni traduit le fait qu’il n’entend pas faire du bilan de son premier mandat une condition absolue d'un deuxième mandat dont il est obsédé. Un tel parti-pris n’est pas seulement immoral de la part d'un homme qui met à l'honneur le bilan, le compte rendu et l'esprit de responsabilité. A bien y réfléchir, il est profondément inquiétant pour le sort de notre pays. Il signifie qu’à l’expérience, le Président a découvert que nous ne sommes pas capables de nous en sortir comme promis. Et, après les promesses faciles, il faut se rendre à l’évidence d’une réalité dure, ou qui réclame de la durée. Dans tous les cas, il s’agit d’un aveu de faiblesse, sinon d’échec : après le rêve, vient la gestion cynique de la fatalité.
Yayi Boni veut durer aussi longtemps que Kérékou, et faire au moins aussi bien que Soglo. Or le peuple a déjà tourné la page du passé. En la rouvrant, le Président s’inscrit dans le sillage de la fatalité. Du coup, il perd son originalité et se banalise. Et cette banalité, qui rime avec médiocrité, n’est pas du goût de l'électeur
Aminou Balogoun
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