Derrière le Rideau... de Fumée
Le thème du "Président incompris mais Populaire" est maintenant d'actualité. Il est devenu le refrain subtil des thuriféraires du Pouvoir en place ; qu'ils en soient déjà ou qu'ils piaffent d'impatience d'en être. « Le Président est un incompris. Il travaille au quotidien pour son peuple. Nous avons un soutien populaire que même nos adversaires nous reconnaissent », résume avec une farouche innocence Edgard Guidibi, le « Monsieur Propagande » de Yayi Boni.
Cette considération est pour le moins vicieuse. Une façon pour le propagandiste en chef de se donner satisfecit dans son entreprise de chloroformisation des esprits. Car tout de même, de quoi s’agit-il ! Voilà une popularité qui part effectivement d’une réalité massive d’espérance populaire mais qui, au fil des errements, des ferrements, des bévues et de l’inefficacité des actions du pouvoir, ne se maintient qu’au prix d’une monopolisation abusive des moyens d’information, d’une permanente subornation de l’opinion, d’une réduction médiatique des opposants – corollaire d’un déséquilibre démocratique –, de la mise en œuvre d’une option populiste implacable du rapport à la politique, axée sur un culte prématuré de la personnalité, et enfin d’un accomplisement en trompe-l'oeil de la mission du changement ; compromission qui ne dit pas son nom mais qui se traduit politiquement par le parti pris autocratique du Président, moralement par la gestion opaque et partisane de l’argent public, et pratiquement par la reconduction tacite des corrompus de l’ancien régime alors que le credo affiché du Pouvoir est la lutte contre la corruption.
Amida Bashô
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008, © Bienvenu sur Babilown
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.