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(Reuters)
Sans attendre la mesure des drames de la faim qui se dévelop-pent sur la planète, Nicolas Sarkozy a promis, lors d’un sommet climatique des 16 pays les plus pollueurs, que la France va doubler son aide alimentaire et la porter à 100 millions de dollars.
Et le Président français de s'interroger : «Y a-t-il un seul parmi nous qui peut rester indifférent à la révolte de ceux qui, au Sud, ne peuvent plus manger à leur faim ?» Visiblement, Nicolas Sarkozy qui a pourtant promis de rompre avec la langue de bois de la bonne conscience paternaliste de ses prédécesseurs semble plutôt redécouvrir les joies du discours compassionnel gratuit, fleuron de la rhétorique universalitste de la France éternelle. Car selon la porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), « la France n’est pas un gros donateur d’aide alimentaire. Elle arrive au 18e rang des contributeurs en 2008, avec 5,5 millions de dollars reçus au 13 avril 2008.» Une broutille face aux besoins urgents du PAM revus à la hausse (de 500 à 750 millions de dollars) pour faire face aux «émeutes de la faim».
Et lorsque Sarkozy dans son envolée lyrique affirme que face à l’urgence «lutte contre la pauvreté et lutte contre le changement climatique doivent se renforcer l’une l’autre», il s'expose inévitablement à un constat douloureux. De fait, un coup d'œil à la politique d'aide de la France montre que l'APD, l'aide publique au développement, est en chute libre depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Pour la première fois depuis 2001, l’aide française a baissé en 2007, de 15 %, soit 0,39 % du revenu national brut, rompant avec les promesses de Chirac.
En somme, avec Nicolas Sarkozy, nous baignons en pleine hypocrisie. Car d'un côté, l'agité du bocal élyséen parle de solidarité nécessaire et de souveraineté alimentaire. De l’autre, il vante la vocation exportatrice de l’agroalimentaire, qui, à coups de subventions à l’exportation ou d’accords de libre-échange, lamine les petits fermiers africains.
Pour le reste les appels à «une stratégie ambitieuse d’aide à l’agriculture» envers les plus démunis, et autres exercices métaphysiques du genre : «Ceux qui me diraient que cela ne nous concerne pas, je me poserais des questions sur leur conscience», ou même l’invocation la main sur le cœur d'un hypothétique «partenariat mondial pour l’alimentation et l’agriculture» sont bons à jeter au moulin à parole.
Binason Avèkes
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