.Pourquoi Le Changement Est Si Difficile à Vendre ?
.
Le changement. Le mot a été si galvaudé par la propagande et les discours politiques qu’on en vient presqu’au-jourd’hui à se demander si le concept est encore en vogue dans l’opinion publique, qui a tant voulu le changement et qui s’est donné un président de la république menant de front plusieurs chantiers démonstratifs de sa volonté d’agir ; sans que l’on réussisse vraiment à intégrer dans la conscience collective, la nécessité de changer et comment l’on peut changer. Sorti, depuis quelques mois déjà, un ouvrage traite du changement et apparaît à nos yeux comme un véritable bréviaire. Il peut aider à comprendre pourquoi le discours, les actes et les actions supposés susciter le changement n’emballent guère.
Il s’agit de l’essai-pas trop volumineux pour être lu aisément- publié par le plus prolixe et le plus fécond intellectuellement de nos confrères : Jérôme Carlos, en tandem de toujours avec Thomas Boya. Le titre didactique de ce livre est : « Je veux changer ». Un ouvrage d’une soixantaine de pages qui met à plat le concept du changement, en décortique, de façon méthodique, le processus de la pensée jusqu’à l’action. Cet ouvrage, bien que paraissant à un moment tel qu’on peut dire qu’il est dans l’air du temps, semble, pour qui connaît le parcours de ses auteurs, le fruit de longues et patientes réflexions pédagogiques sur le progrès de l’homme, du citoyen africain, qui doit se construire par la pensée positive. Le temps de Jérôme Carlos et de Thomas Boya est-il arrivé enfin, comme dénouement à leur périple réflexif sur la pensée positive et le changement ? En tout cas, l’ère politique que les Béninois vivent actuellement vient à point nommé comme le carrefour du virage décisif. Peut-être sans l’avoir planifié, de façon conjoncturelle, coïncidence entre l’espérance des deux auteurs pour le progrès du Béninois dans un Bénin qui change, et qui doit enchanter, au-delà de ses acquis démocratiques et pour ses aptitudes à devenir un modèle de progrès en Afrique sur les plans économique, technologique et social et tout simplement humain, cet ouvrage vient à propos. Au commencement du changement, devrait être la pensée du changement ; et « l’homme africain…est appelé à inventer le changement pour ne pas avoir à le subir ou à en être le jouet ».
Pour les deux auteurs, « seul l’individu est capable de revendiquer et d’assurer sa responsabilité, de conditionner son attitude mentale, d’exercer un contrôle absolu sur son pouvoir de penser, d’orienter sa vie vers n’importe quel objectif, donc de maîtriser le changement ». Ce qu’ils invoquent dès lors, c’est qu’au centre de tout changement, il y a un acteur, un homme, avec sa capacité à « penser neuf, à penser positif pour créer du neuf ». Bref, l’homme transformé dans un processus individuel d’abord, puis sociétal . « Seul l’individu qui pense neuf, qui pense positif peut opérer, à son niveau, le changement intérieur, préalable à tous autres changements ». Si on s’en tient à cette conception, le changement est et devra être nécessairement, un acte individuel, une acceptation. C’est là que la démarche de Jérôme Carlos et Thomas Boya prend toute son importance. Le changement ne peut surgir du formalisme des mots et du verbe, de la sémantique du changement et de l’émergence ; il ne peut se réaliser par le seul fait qu’il soit décrété. Il doit intégrer l’individu, sa pensée et ses actions, de façon pédagogique. Mais la propa-gande ne saurait avoir cette dimension. Ce qui manque aujour-d’hui au changement, c’est cette capacité d’emballer les esprits par la nécessité de changer pour soi et en soi, parce que soi-même évolué est une composante de l’évolution globale de la société. Cependant, le temps du changement c’est toujours « ici et maintenant »? Pour les deux auteurs, ce serait l’idéal. Encore faudra-t-il que l’individu ait franchi l’étape de la pensée du changement, intégrée et traitée en valeurs positives et de renaissance, plus qu’en terme de bouleversement négatif et sacrificiel pour l’homme. Une vision positive du changement, contraire à tout changement subi et vécu comme réalité fataliste. Je change mais je n’ai pas changé au fond ! dirait l’esprit malin. Pour remettre le changement dans la pensée, hors des chemins de la politique qui avilie tout ce qu’il n’applaudit pas ou qui semble bouleverser ses intérêts, c’est le temps de consulter l’ou-vrage « Je veux changer » pour savoir ce que c’est que changer, pourquoi on doit changer et pour qui il faut changer. La problé-matique du changement aujourd’hui, c’est qu’il est toujours perçu comme un mot d’ordre politique, une promesse, un pari décidé d’en haut et très peu compris au bas de l’échelle sociale.
Auteur(s) / source : Léon BRATHIER
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008, © Bienvenu sur Babilown
A la question posée par Brathier au sujet de l’essai du tandem « positiste » Jérôme Carlos et Thomas Boya, je répondrai que le Changement n’est pas à vendre, mais il est à échanger...
Rédigé par : Binason Avèkes | 06 mars 2008 à 11:59