.Pourquoi le Roi du Dahomey était-il sincère lorsqu’il considérait que les sacrifices humains étaient un devoir sacré non-négociable et infrangible ?
Au Dahomey, les grandes fêtes des « coutumes », à l'occasion desquelles se perpétraient ces sacrifices humains, apparaissaient non pas comme un phénomène isolé, mais bien comme l'expression de la civilisation dahoméenne dans sa totalité : les témoins européens eux-mêmes reconnaissaient que leur suppression porterait un coup fatal aux institutions, aux rapports sociaux, au fondement même du royaume d'Abomey; ces fêtes, où l'on immolait chaque année quelques dizaines d'esclaves, voire quelques centaines à l'occasion des funérailles proprement dites du roi régnant, exprimaient d'abord un grand moment de la vie militaire du royaume, au retour de la campagne de razzia annuelle; elles étaient sacralisées par un rituel immuable et précis au travers duquel s'exprimait l'idéologie ambiante, c'est-à-dire à la fois les convictions religieuses et le système politique dahoméens, mais aussi les fondements économiques du royaume : les coutumes, en même temps qu'elles célébraient la transmission de la fonction royale, assuraient, par le caractère ostentatoire des cérémonies, celle des biens qui lui étaient attachés. Et le roi était sincère, lorsqu'il répondait aux envoyés occidentaux que les sacrifices étaient « un devoir tellement sacré que rien ne pourrait [le] décider à s'en dispenser, quand même on lui proposerait les plus grands bénéfices sur les esclaves qui y sont destinés » .
Source : Afrique Noire : Permanences et Ruptures, Catherine COQUERY-VIDROVITCH, L’Harmattan Paris, 1994
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Emile Durkheim ne disait-il pas que la religion est un délire bien fondé ? Ici, au-delà du délire, le fondement des sacrifices humains est à la fois éthique, économique, symbolique et politique... Quoi de plus humain donc. Il avait aussi l'avantage moral de se faire au grand jour, à visage découvert et sans hypocrisie... De nos jours que de sacrifices humains sont perpétrés sous le couvert cynique de bonnes intentions et des discours lénifiants du droitdelhommisme bon teint ! Pauvreté, Famines, Guerres, Sida et que sais-je encore qui sont infligés aux plus nombreux de la Terre sans autre forme de procès, derrière le masque pseudo-civilisé du concert des Nations...
Rédigé par : Bissiriou Akanni. | 21 février 2008 à 07:37