Mon Idéo va, court, vole et tombe sur...:
Le Capital Médiatique
Trois critères président aux nominations des Ministres par Yayi Boni.
1. Le capital politique du postulant.
2. Le capital technique (sa compétence dans sa sphère d’activité)
3. Le capital médiatique.
Si tous ces critères entrent en ligne de compte selon un dosage dont le Président a la décision, le critère médiatique est d’une importance capitale ; et en raison du parti-pris populiste indécrottable de Yayi Boni, il arrive que certaines nominations se fondent expressément sur le capital médiatique. Dès lors l’heureux nommé se sait en mission médiatique commandée. Par-dessus sa compétence fonctionnelle, son rôle de tous les instants consiste à mettre son aura et son image, son capital et son savoir faire médiatiques au service du Président. Un peu comme un ours à son montreur, le Ministre médiatique ne doit pas seulement faire mais surtout montrer ce qu’il sait faire.
Dans le dernier gouvernement, au moins deux ministres relèvent de ce critère. Monsieur Galiou Soglo, le Ministre du Sport et de la Jeunesse ; et le tout récent Ministre de l’Alphabétisation, le fameux Professeur Roger Gbégnonvi, qui de chronique en chronique a bien fini lui aussi par croquer un portefeuille, certes pas en peau de croco, mais largement suffisant pour jouer le jeu.
Peu après sa nomination, le Ministre du Sport et de la Jeunesse, Galiou Soglo n’a pas attendu son reste pour déclarer qu’il fallait un second mandat à Yayi Boni pour parfaire son œuvre. Déclaration inquiétante, dans la mesure où, de la part d'un Ministre, elle manifeste la tentation de mépris de la constitution et la primauté du fantasme autocratique sur le droit des citoyens.
Mais le Ministre Soglo nommé pour diviser son camp le moment venu, et en même temps jouer les ours médiatiques faisait bien son boulot, c'est-à-dire ce pour quoi il était nommé. Dans la même veine, le Ministre de l’alphabétisation n’a pas fait de déclaration irrégulière, mais ses gestes parlent pour lui. En effet, on peut lire dans la presse et entendre dans les médias que le Ministre de l’Alphabétisation et de la promotion des Langues nationales, Roger Gbégnonvi a rendu une visite de courtoisie et d’amitié à des rois de l’Ouémé Plateau dont notamment celui de Kétou, Agbola Woluawé Aladé Ifè. Un néophyte de la politique béninoise peu versé dans cette approche royaliste de l’alphabétisation, peut y perdre son latin. Une visite tambour battant à des Rois mais surtout une mise en relief symbolique de cette visite a de quoi intriguer. Mais là aussi, la chose peut s’expliquer et sans doute le Professeur-Chroniqueur-Ministre, fait-il son boulot. La vision de la langue qui donne un rôle central au personnage du Roi et à ceux que la rhétorique consacrée dénomme les « intellectuels traditionnels » est celle promue par le PCB et ses organisations affiliées. Cette conception a sa cohérence mais elle est d’une telle radicalité idéologique qu’il est permis de douter que Yayi Boni le pragmatiste la fasse sienne. Dès lors, et en dépit qu’il en aie, on peut subodorer que la visite tambour battant du Ministre de la l’alphabétisation aux Rois, en tant que premier geste médiatique significatif, n’est pas dénuée d’arrière-pensées. Une manière pour Yayi Boni de jeter un os à ronger à une sensibilité politique nationale, chantre des Rois et du pays réel, qui depuis belle lurette se ronge les sangs ? Si oui, le tout nouveau Ministre de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales serait aux Rois ce que le drosera est aux mouches : sa mission, celle d’un Attrape-Rois.
Eloi Goutchili
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