Mon Idéo va, court, vole et tombe sur...:
Le Spectre de la Corruption
Si on fait bien le compte, à écouter les annonces sensationnalistes récurrentes des journaux, Yayi Boni est un cousin direct de Crésus, ou alors, c’est à y perdre son latin. En effet à tout bout de champ, on peut lire dans les journaux ou entendre dans les média audiovisuels : « Yayi Boni offre x millions à untel » ou « Yayi Boni offre y millions à tel » autre individu ou groupe… Il doit
être un homme riche ce gars-là ou alors c’est du foutage de gueule médiatique. Parce que si c’est l’argent du Peuple qu’on donne à une partie du Peuple, en tant que chargé de la gestion des affaires publiques, en règle morale stricte, doivent-ils dire : « Yayi Boni donne des millions à tel ou tel » ? Il me semble que cette manière de parler suinte de complaisance vicieuse ; et est délibérément insidieuse ; elle plaît bien aux parties en jeu : au donateur putatif, au donataire et au héraut professionnel, homme de média, etc. Si on ne voulait pas entretenir la confusion démagogique dans les esprits, on pourrait bien rendre compte de la chose autrement. Pourquoi ne pas dire « Le Gouvernement débloque x Millions pour untel » ? Bien-sûr comparé à la période ou une obscure corruption régnait dans le pays – encore que le gaspillage n'est qu'une forme rationalisée de la corruption – on peut louer le Chef de l’Etat actuel et son gouvernement pour ce qu’ils font à l’endroit de tel ou tel groupe de la société. Car naguère loin de le faire, les dirigeants faisaient disparaître les mêmes sous dans des filières occultes. Ce qui fait, qu’il y a une ambigüité dans le statut de propriété des sommes que l’on crédite le Président de donner comme s’il les prenait de sa propre poche. Quand on entretient complaisamment la confusion entre la poche d’un homme et les caisses de l'Etat qu'il dirige ou de la fonction qu'il assume, on est dans la corruption : Yayi Boni est le Président de la République, mais le Président de la République ne se confond pas avec Yayi Boni. Faire croire en effet que le Président donne l’argent de sa poche c’est légitimer in fine la corruption ; c'est laisser voir qu’a priori l’argent public est la chose des hommes publics qui, du haut de leur piédestal public, condescendent à en donner des miettes au public…
Ce n’est pas en voyant les choses de cette façon que nous allons nous débarrasser de la corruption. Car on ne le dira jamais assez, avant de nous forcer la main dans nos pratiques de tous les jours, le spectre hideux de la corruption nous hante dans nos représentations.
Eloi Goutchili…
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007, © Bienvenu sur Babilown
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