Mon Idéo va, court, vole et tombe sur… :
Les Arroseurs arrosés.
Nicolas Sarkozy avait préparé son odyssée présidentielle avec minutie et une grande longueur d’avance sur tous ses rivaux de droite comme de gauche. Colonisant les médias, de façon aussi bien rampante que voyante ; le mode voyant n’étant destiné qu’à cacher le mode subliminal encore plus redoutable. C’est ainsi que cette longueur
d’avance lui a permis de choisir son candidat idéal par media interposé, afin de ne pas avoir à en découdre avec ceux qu’il jugeait plus redoutable à la réussite de son objectif obsessionnel : devenir à tout prix Président de France. La montée en puissance a connu deux moments. Un premier moment qu’on pourrait caractériser d’existentiel où c’était Sarkozy lui-même qui allait à la recherche des médias, les harcelait de sa présence, se démultipliait dans ses diverses dimensions, sans fin ni répit. Puis il y eut un deuxième moment où, devenu suffisamment désirable, il avait réussi à être la coqueluche des médias qui se mettaient à courir derrière lui. Toutes sortes de média étaient dans la course à la sarkomania. Les plus classiques ; presse écrite comme presse audiovisuelle dans laquelle Sarkozy compte beaucoup d’amis ; mais aussi les moins classiques sur le terrain de l'information, comme la publicité. Cette dynamique de sa domination médiatique sur la conscience des Français est allée de pair avec sa domination sur le paysage politique français de droite, avec les débordements dramatiques que l’on connaît à gauche. Dans la mesure où non seulement la candidate qu’il avait subtilement préemptée à gauche s’était mise à le copier, mais aussi parce que des transfuges déclarés ou discrets entraient en commerce avec lui, ruinant ainsi un peu plus la crédibilité de son adversaire idéale. Mais le propos est moins de mettre à nu la méthode Sarkozy que d'éclairer certains aspects subtils de sa domination médiatique. Par exemple, tel un vampire, le système publicitaire s’était mis à sucer le sang de son image, discrètement, de façon subliminale ; au plus fort de sa séduction médiatique, certaines affiches de théâtre, de cinéma présentaient des acteurs pris sous des angles propres à suggérer l’image de Sarkozy, à le représenter dans les esprits au sens propre et au sens figuré. Régulièrement, des affiches de publicité – toujours les mêmes –placardées dans les espaces urbains de France, bien que vendant des produits apparemment apolitiques, montraient le même portait suggestif du Futur Président, avec des slogans a double sens qui traduisaient in fine sa détermination à réaliser son rêve...
Le principe subliminal n’est pas nouveau ; il est utilisé dans les médias audiovisuels en jouant sur la durée de visibilité d’une image, sachant que plus infime est cette durée, plus facilement le message véhiculé s’insère dans le subconscient du spectateur pour accomplir sa redoutable mission. Dans le cas des affiches inanimées, qui par définition ne comportent qu’une seule image, le principe du subliminal joue sur des suggestions de forte ressemblance subtilement détournées, euphémisées : il s’agit de suggérer tout en cachant la plausibilité des rapports…
Lorsqu’un personnage comme Sarkozy est parvenu à fasciner les média comme c’est le cas, et y possède une stature de bête désirable, l’utilisation de son image à des fins de manipulation subliminale est bénéfique pour les deux parties ; le support virtuel est en effet valorisant pour l’annonceur, en même temps qu’il contribue à fonder davantage la crédibilité massive du personnage choisi. Echange de bons procédés. Cette ficelle est devenue une banalité dans la rhétorique de la publicité, qui joue, on le sait, sur les modèles et les images-types. Ainsi, depuis que Sarkozy est devenu Président, c’est-à-dire en somme depuis qu’il a atteint son but, il semble que ce genre d’arrimage subtil à son image ne soit plus expressément d’actualité. En revanche, des images subliminales dans la publicité audiovisuelle et surtout sur internet ont commencé à jouer à fond sur l’image de son épouse Cecilia Sarkozy. De plus en plus d’images de femmes-support ont commencé à épouser la silhouette de Cécilia. Bien sûr Cecilia Sarkozy est une femme dont la ligne physique d’ancienne mannequin, les traits et l’élégance simple ont de ce point de vue quelque chose de canonique. Mais les faiseurs d’images se montrent précis pour bien suggérer un au-delà de la femme élégante qui se donne à voir sous les traits de celle qui était devenue la Première Dame de France. Il n’est pas rare de voir ces jolies femmes minces, élégantes, et qui ont en partage les traits de Cecilia Sarkozy, prendre aussi des postures et des gestes qui, derrière leur élégance trahissent le côté hiératique de la gestuelle d'une Première Dame de France. On peut imaginer que le thème et le filon étaient appelés à faire florès et que les publicitaires, gens cyniques et roués par principe, ont prévu des cargaisons d’images censées suggérer de façon subliminale et avec des trouvailles toutes plus originales les unes que les autres, la nouvelle Première Dame de France. Or voilà que la Première Dame de France vient à son tour de devenir subliminale pour de vrai ! Elle a laissé la clé sous le paillasson et posé un lapin à tout ce beau monde de faiseurs d’images subliminales. Arroseurs arrosés, que vont-ils faire, ces sublimes impies ? Vont-ils jeter toutes leurs provisions aux orties ? La seule solution qu’on peut leur suggérer en toute amitié, ce serait de conseiller à leur ami et poulain Sarkozy de faire en sorte que la prochaine Première Dame ou celle qui en tiendrait lieu ressemblât physiquement à Cécilia avec le côté subliminal en moins…
Eloi Goutchili
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007, © Bienvenu sur Babilown
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