Pour Atteindre le But Visé.
Le besoin de changement au Bénin avait semblé avoir un début de réponse le 6 avril avec l'élection de Yayi Boni. Le mot d'ordre du nouveau locataire de la Marina, "le Changement", avec le slogan "Ça va changer", a séduit plus d'un, et pas seulement les naïfs. Les Béninois dans leur ensemble attendaient le changement, pour redonner confiance au pays après dix années désastreuses d'un régime caractérisé par la corruption d'Etat, la prévarication, le laisser-faire et l'impunité. Dix années qui ont vu le pays s'appauvrir plus que de raison, la misère de masse avancer et l'économie au bord de la ruine. Tout cela nécessitait un changement salutaire qui fut, Dieu merci, apporté dans la paix par l'élection massive de Yayi Boni à la tête de l'Etat. Le Président élu a connu une période de grâce ; il a donné des signaux de sa volonté de faire bouger les choses. Il a mis en place ses équipes techniques et politiques, et une année et demi après son arrivée au pouvoir, on peut dire que son action et ses choix, sa méthode et ses options sont identifiables et imputables. Or au regard de l'attente du Peuple, et compte tenu de la direction annoncée, on peut se demander si la gestion au quotiden des affaires du pays, le caractère et la pertinence des grands actes et décisions du Gouvernement sont susceptibles de conduire le navire du changement à bon port. Cette question qui hante l'esprit de tous les Béninois de bonne volonté, et à laquelle font tristement écho les difficultés chroniques de la vie quotidienne, a été déja abordée par maint Béninois qu'il soit de l'intérieur ou de l'extérieur. Mais parmi tous, l'analyse et les suggestions de Kasso Okoudjou que nous publions ici ont ceci de particulier qu'elles s'énoncent en toute indépendance, et dans une clarté fertile.
Par Kasso Okoudjou*
Vivant hors du Bénin depuis bientôt une décennie, je m'étais résolu à l'idée que la médiocrité qui semble être la valeur première de notre pays ne nous permettrait jamais de sortir notre peuple de sa misère. Par conséquent, et certainement par égoïsme, je ne me suis jamais imaginé rentrer de façon définitive au pays. Mais le 6 Avril 2006, j'ai cru qu'un nouveau départ était amorcé et je me suis persuadé pour la première fois en une décennie, que l'heure avait sonné pour nombre de compatriotes vivant à l'extérieur comme moi de rentrer et d'apporter leur expertise à la reconstruction de notre pays. Malheureusement, quinze mois après ce nouveau départ, je dois avouer que l'émotion et non la raison comme il se devait, était à l’origine de cette idée. J'admets que n'étant pas au pays, je ne peux dire avec exactitude si les conditions de vie ont changé et si le pays a réellement amorcé un nouveau départ. Néanmoins, un certain nombre de faits récents amplement relayés par les nombreux sites d'information sur le Bénin, y compris le site officiel du changement (beninhuzu), indiquent que le Bénin du changement tâtonne toujours et qu'en réalité le changement non seulement n'apparait que comme un slogan, mais pire il dérive vers le populisme. Si rien n'est fait pour le rectifier, je suis persuadé que nous nous retrouverons en 2011 avec les mêmes questions qu'en 2006 avec seulement différents acteurs. Je voudrais ici analyser quelques faits récents ou notre exécutif a (au mieux) commis des erreurs de jugements et qui si rien n’est fait pour corriger le tir, pourraient être les signes avant-coureurs d’une fatale dérive du changement
Essayer d'injecter 7 milliards de francs dans un service militaire qui renvoie au temps du PRPB est à mon avis un gaspillage du peu de ressource publique dont dispose le Bénin.
Mon premier point est relatif au Service Militaire National voté récemment à l'Assemblée Nationale. C'est ma forte conviction que c'est l'une des pires lois jamais votées au Bénin. L'histoire de notre pays aurait dû guider les auteurs de la loi et le Gouvernement qui l'a suscitée à voir que cette loi est inopportune. La noble idée de redonner un sens civique aux Béninois devrait commencer, à mon avis, au niveau de l'école avec la réintroduction des cours de Civisme ou avec tout autre programme à même d'insuffler au futur citoyen et ceci dès le plus jeune âge, le sens du respect du bien public, le sens du patriotisme et surtout un sens moral élevé. Essayer d'injecter 7 milliards de francs dans un service militaire qui renvoie au temps du PRPB est à mon avis un gaspillage du peu de ressource publique dont dispose le Bénin. Car si l'Etat est capable au milieu de l'année budgétaire de mobiliser 7 milliards pour ce soi-disant service militaire, je ne comprends pas pourquoi il ne peut satisfaire les revendications des travailleurs en général et des enseignants en particulier, afin d'arrêter les débrayages constants qui ont pour conséquence la formation au rabais de nos élèves et étudiants. En outre, la précipitation avec laquelle la loi a été conçue et votée montre le manque de réflexions sérieuses prenant en compte la malheureuse expérience des ``bacheliers en mission'' que le PRPB a dû abandonner, et qui est souvent citée comme l'une des raisons de la baisse de niveau de nos écoliers, élèves et étudiants. En réalité, il y a des problèmes plus urgents au Bénin et qui méritent d'être résolus avec plus de promptitude.
Ainsi y-a-t-il un manque de volonté politique dans la lutte contre le SIDA.
Par exemple, si tout va bien, les Béninois seront encore appelés aux urnes d'ici à la fin de l'année en cours pour les élections locales. L'Etat a-t-il les moyens financiers d'organiser des élections fiables et de bonne qualité? La question mérite d'être posée du fait que c'est le même gouvernement qui a réduit au nom de la rigueur budgétaire et à raison d'ailleurs, le budget de la CENA 2007. Il est donc difficile de comprendre comment ce même gouvernement s'engage dans une aventure inutile et aussi coûteuse que ce projet de service militaire national. Je pourrais continuer à citer des exemples de priorités qui n'ont pas reçues la même promptitude de la part du gouvernement. Ainsi, il me semble qu'il y a un manque de volonté politique et d'initiatives concrètes dans la lutte contre le SIDA. Je suis surpris, qu'avec son penchant pour des actions d'éclats, le Président de la République et ses plus proches collaborateurs ainsi que les Hautes Autorités de notre pays, ne se soient pas encore, et ce pour la première fois au Bénin, soumis publiquement à des tests de dépistage du SIDA, pour sensibiliser notre peuple au danger d'extinction que nous encourons. Si l'Etat peut dégager 7 milliards pour le service militaire, c’est qu’il est alors capable, et sans attendre les généreux donateurs, de lancer une campagne nationale de dépistage du SIDA, première étape dans la lutte contre la progression de cette endémie. Le manque d'espace dans cette tribune m'oblige à m'arrêter à ce seul exemple d'investissement utile.
C'est paradoxalement depuis l'arrivée de la nouvelle équipe au pouvoir (...) qu'il m'est devenu impossible de joindre facilement le Bénin...
Mon deuxième point a trait aux récents soubresauts dans le secteur des télécommunications dans notre pays. Sans chercher à aller dans le fond du bras de fer entre le Benin et certains des operateurs GSM agréés en raison de mes insuffisances dans ce domaine, je pense que mon droit de citoyen ajouté au bon sens que je pense posséder comme la plupart des hommes, m'obligent à affirmer que le gouvernement et l'autorité de régulation du secteur ont fait preuve d'une légèreté sans pareille. Car, même des non initiés auraient pu envisager et anticiper les conséquences de la suspension des réseaux AREEBA et MOOV. Avec à peu prés un million d'usagers, on n'a pas besoin d'avoir fait l'ENA pour anticiper que la décision de l'autorité de régulation entraînerait, entre autres, le chômage pour des centaines d'agents, et un manque à gagner voire une faillite certaine pour des milliers de petits commerçants vivant directement ou indirectement des activités des opérateurs suspendus. Pire, le reste du réseau est incapable de satisfaire les besoins du Bénin en communication. Qu'il soit dit en passant que depuis une décennie que je vis hors du Bénin, c'est paradoxalement depuis l'arrivée de la nouvelle équipe au pouvoir, et surtout depuis décembre dernier qu'il m'est devenu impossible de joindre facilement des correspondants au Bénin par téléphone. Beaucoup a été déjà dit sur la ridicule analyse qui a conduit l'organe de régulation à fixer le prix de la licence à 30 milliards. Mais ce qui reste surprenant, c'est que les économistes du Gouvernement n'aient pas trouvé et évité cette approche erronée. Pire, seule la société Libercom dont l'Etat est le principal actionnaire se serait acquittée à l'heure actuelle, des 30 milliards que coûte la nouvelle licence. Les récentes déclarations du Ministre Adaja suite aux questions des Députes, semblent indiquer que c'est un simple jeu d'écriture qui a permis à Libercom d'être "à jour". Du déjà-vu me diriez vous: la Sonacop et Fagbohoun viennent tout de suite à l'esprit de chacun. L'acharnement des griots et autres propagandistes du régime contre AREEBA, MTN et MOOV, tendant à faire croire au peuple que ces sociétés abusent du Bénin, rappelle une période triste de notre histoire qui a abouti à la nationalisation pure et simple de certaines multinationales. Il est surprenant qu'un gouvernement qui d'un côté fait sans cesse des appels aux investisseurs étrangers afin qu'ils s'installent au Bénin, décide d'un autre côté une campagne de presse contre ces mêmes investisseurs. Il y a là un hiatus que le Chef de l'Etat, au nom de son ambition de faire du Bénin une nation émergente, se doit de corriger au plus tôt et de rassurer les investisseurs internationaux qui se posent des questions sur la sécurité de leurs investissements. Car que l'on ne s'y trompe point, ce n'est pas l'organisation à bonne date d'élections libres qui détermine le statut sécuritaire des investissements étrangers dans un pays, mais plutôt le code des investissements, le droit des affaires et leur application et autres organes de régulation des différents secteurs de l'activité économique.
Car Kérékou aurait déclaré avoir dépensé 106 milliards pour ses déplacements à l'étranger en un an, que des tracts auraient surgi à Cotonou pour protester contre la gabegie.
La réussite du Chef de l'Etat, dans son ambition de faire du Bénin un pays émergent, repose en partie sur la participation active de la société civile et de l’opposition au débat national. Paradoxalement, force est de constater que depuis Avril 2006, ces composantes de notre société ont disparu s’étant tout simplement dans bien des cas inféodées au nouveau pouvoir. Car le Président Kérékou aurait déclaré avoir dépensé 106 milliards pour ces déplacements à l'étranger en un an, que des panneaux publicitaires et autres tracts auraient surgi à Cotonou pour protester contre la gabegie. Et pourtant, c'est exactement ce qu'a déclaré le Président Boni Yayi lors de l'interview qu'il a accordée aux media lors de la célébration du premier anniversaire de son accession au pouvoir. Aucun débat sur la justesse de cette dépense, sur les retombées réelles que ces voyages nous ont apportées n'a jamais été mené. Je sais que les propagandistes du régime me citeront des rencontres et des chiffres de dons et autres prêts au profit du Benin, mais seuls les dupes et les non avertis pourront croire les déclarations d’un possible nouveau MISON ou MION, selon la préférence de chacun. Pour la petite histoire, je rappelle la fureur (à juste titre) du Président Soglo envers un journaliste de l'ORTB, qui, au retour d'un voyage effectué avec le Chef de l'Etat, lui demanda à l’aéroport de Cotonou : ``Combien ramenez-vous de ce voyage''! Les chantres du changement devraient chercher à savoir ce qu'est advenu de ce journaliste!
Insuffler un nouvel élan à notre diplomatie.
La vérité ici est que la diplomatie béninoise pendant ces 15 derniers mois, malgré les multiples voyages du Chef de l'Etat, est encore dans une léthargie sans pareille. Je vis dans une partie du monde où l'activité diplomatique est très intense pendant que le Bénin est totalement absent des grands débats de l'Afrique et du Monde et ce, n'en déplaise aux promoteurs du changement! Pour exemple, le Bénin a été absent du débat sur le choix par l'Armée américaine du pays devant abriter l'AFRICOM (Commandement Militaire Américain pour l'Afrique) ; Mme Bush a visité deux pays d'Afrique de l'Ouest sans un stop au Bénin ; nos relations avec le Canada sont au ralenti depuis l'emprisonnement d'un citoyen Canadien au Bénin et la campagne de presse de ce dernier contre notre pays une fois de retour au Canada. Et pourtant, à ce que je sache, rien n'a changé sur ces différentes questions. J'ose croire que le nouveau Ministre des Affaires Etrangères saura insuffler un nouveau dynamisme à notre diplomatie.
Enfin, la crédibilité du Président Boni Yayi est clairement entamée, car depuis Avril 2006, les résultats des audits qu'il a commandités se font attendre. Certes, une liste de petits fretins nous a été servie, mais nul n'est dupe: la plupart de ceux-ci sont impliqués dans la pratique peu orthodoxe des ordres de paiements pour se faire payer leurs dettes par l'Etat. L'affaire du milliard de l'OBSS n'a connu aucune évolution, du moins le public n'en a jamais été informé. Idem pour l'affaire Sonacop pour laquelle Fagbohoun est toujours en détention provisoire. De même, dans la vente du domaine de la Mission Diplomatique du Bénin à New York, seul un simple directeur financier a été emprisonné. Il est impensable qu'il ait pu être le seul responsable d'un tel crime économique. Si le règne de Kérékou ces 10 dernières années a été marqué par une corruption sans précédent au Bénin, il est ironique qu'un ancien Ministre des Finances de ce dernier ait été choisi par le Président pour être non seulement député sur la liste FCBE mais de surcroît pour occuper le poste de Président de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale. Voilà autant de problèmes qui laissent planer un doute sur la volonté du Chef de l'Etat de lutter contre la corruption.
[Au lieu se voir en Salomon], je suggèrerai plutôt que le Président cherche à être le David du Bénin.
Par ailleurs, il est important que le Président ne devienne pas l'homme d'un clan ou d'un groupe s'il veut vraiment sortir le Bénin de la pauvreté. Le zèle de certains de ses proches collaborateurs à diaboliser quiconque exprimant une opinion contraire à celle du Gouvernement est le début d'un embrigadement du peuple, et pour rien le Benin ne ferait ce pas en arrière. C'est la responsabilité du Chef de l'Etat de veiller à la libre expression de tous les citoyens. Vouloir, à cette étape de son mandat extrapoler tout pour 2011 est le moyen le plus sûr de ne rien réaliser de fondamental. Contrairement au Président qui lors de la séance de prière organisée par les églises évangéliques à son avènement au pouvoir, disait qu'il voudrait être le Salomon du Bénin, en référence aux réalisations de ce dernier au bénéfice du Peuple d'Israël, je suggèrerai plutôt que le Président cherche à être le David du Bénin. En effet, c'est celui là qui a établi la paix et la fondation sans lesquelles le Roi Salomon n'aurait pu rien réaliser. Il est cependant à noter que malgré la dimension quasi-divine de David et de Salomon, qui ont été choisis par Dieu pour conduire Son Peuple, la Bible nous apprend qu'ils n'ont pas été sans faille!
Pour conclure, je dirai que « Le Changement » sur toutes les lèvres depuis un peu plus d’un an ressemble de plus en plus à un slogan, un peu comme le fameux « Pour la Révolution… » qui a marqué ma génération. Ce serait une chose tragique qu’il en soit ainsi. Le Président Yayi Boni, au nom des engagements qu'il a librement pris devant le monde entier le 6 Avril 2006 a le devoir de faire une pause et de faire le bilan de son action durant ces 15 derniers mois. Un processus de rectification et de recentrage du changement de ses objectifs et de ses approches me semble indispensable. Il en va du succès de l’homme et du salut de la nation.
©2007. Kasso A. Okoudjou, *Mathématicien. ([email protected])
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007, © Bienvenu sur Babilown
Le point de vue de l’article montre à n’en pas douter le souci qui habite l’auteur de voir le changement aller dans la bonne direction. Je partage le même souci mais je me demande si l’inertie à laquelle nous a habitués les régimes précédents ne cause pas en partie notre malaise à tous face aux retombées d’une action publique qui montre sa détermination à aller de l’avant, et qui sait que le temps lui est compté. Loin de moi l’idée de faire l’hagiographe des gouvernants mais n’oublions pas que ce quinquennat a hérité d’un lourd passif avec des imbroglios que l’on peut imaginer. Diriger c’est prévoir dit l’adage, certes. Mais diriger c’est d’abord vouloir. Peut-on anticiper toutes les conséquences d’une action publique qui comporte nécessairement des choix politiques et stratégiques destinés à forcer le cours des choses en vue d’un objectif donné dont il n’est pas toujours possible de révéler à priori tous les déterminants ?
Pour être plus concret, il faudrait certainement évoquer la crise du GSM et donner ma perception, mais je me garde de le faire car elle implique des intérêts de sociétés privées. De toutes les façons l’évolution de la situation dans les prochaines semaines nous édifiera.
Je me borne à relever que lorsque votre visée est de faire des omelettes vous devez vous résoudre à ce qu’il y ait quelques œufs de cassés. Sur certains registres moins inoffensifs on parle d’effets collatéraux.
Quant à la force de commandement Américain, je me demande personnellement si le Bénin doit s’empresser de courir vers cette visée nonobstant les retombées économiques certaines que cela présente. Parlant de retombées et d’effets collatéraux, peut-on justement prévoir dans ce cas précis ce qu’ils seront dans cinq, dix, vingt, trente ans ? Je crois que c’est l’Algérie qui a repoussé l’offre au motif que ses codes ne lui permettent pas d’accueillir des troupes étrangères sur son territoire.
Le service militaire est-il en soi un gaspillage ? Nous sommes bien d’accord qu’il y a d’autres priorités. Il n’y a d’ailleurs que des priorités. Nous sommes bien d’accord sur la nécessité de mise en conformité nécessaire de la loi avec les principes constitutionnels. C’est le lieu de dire que c’est heureux que le gouvernement ait été amené à revoir sa copie sur plusieurs dossiers. C’est le signe d’une démocratie vivante. Nous aurions fonctionné ainsi durant la décennie qui vient de s’écouler que beaucoup d’avancées sociales et économiques auraient été faites en place du consensus frauduleux qui a fait un lit de roses à la gabegie. Cela dit, tout n’a pas été que négatif durant cette décennie écoulée. On aurait tout simplement dû faire beaucoup mieux, nettement beaucoup mieux étant donné les avantages dont nous bénéficions par rapport à certains de nos voisins. J’ai été astreint au service militaire et civique comme bachelier, la première promotion justement et j’ai personnellement une perception globale positive de son apport comme contribution à la société. A mon avis le tout est de savoir ce qu’on incorpore dans ce service pour en faire un acte bénéfique à l’individu et à la collectivité. A côté de l’éducation régulière, les sociétés ont toujours eu sous une forme ou une autre leurs rites de passage destinés à imprimer aux classes d’âge les valeurs cardinales. Ils forgent l’esprit de corps et le sens de la collectivité. Il faut bien reconnaître qu’individuellement nous ne sommes pas moins dotés que d’autres peuples. C’est peut-être l’esprit de corps face aux défis exogènes, en partie mis à mal par la ruse de ceux qui nous ont instrumentalisés il y a quelques siècles qui constitue une des sources de nos problèmes actuels. Les guerres du Rwanda, des deux Congos, de la Côte-d’ivoire, du Libéria et d’autres sont là pour nous le rappeler. Même la criminalité galopante qui est certes due à l’oisiveté d’une jeunesse désespérée par les conditions de vie peut être en partie réduite en astreignant la jeunesse à une discipline de l’effort. La jeunesse, l’élite future ne reçoit pas toujours toutes les clés pour décrypter la marche du monde et y faire face. C’est ainsi que nous sommes souvent amenés à choir individuellement et collectivement comme ustensiles aux mains des autres malgré un haut niveau d’éducation scolaire. Allons-nous confectionner au Bénin une période d’astreinte qui soit bénéfique pour l’individu et la société. C’est à mon avis là toute la question…
Rédigé par : T. Nouatin | 15 août 2007 à 22:50